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CULTURE. CULTURES
La culture c'est ce qui demeure dans l'homme lorsqu'il a tout oublié.
HERRIOT
La culture, c'est comme la confiture : moins on en a, plus on l'étale.
Anonyme
Acceptions. Culture(s) et civilisation
D'emblée nous sommes coincée sous l'amas de définitions, désignations, opinions affluant autour du concept que nous nous évertuerons, néanmoins, à présenter, à appréhender, à apprivoiser.
Afin de partir 'du bon pied' nous resterons fidÈle à nos habitudes (étymologiquement : 'maniÈre d'Être') de fouilleuse de dictionnaires et nous prendrons appui pour une premiÈre tentative de définir la/les culture(s) sur le Petit Robert (2000 : 589), oÙ, de l'entrée 2. CULTURE, nous retenons les acceptions suivantes :
Développement de certaines facultés de l'esprit par des exercices
intellectuels appropriés.
Les résultats des recherches de tous ceux dont l'intérÊt a porté sur ce concept offraient déjà dans les années '50 plus de 300 définitions de la culture (v.aussi VERLUYTEN 2000 : 23). À l'impossible nul n'est tenu et, tout vaillant que soit notre coeur, nous n'envisageons mÊme pas de les présenter toutes et encore moins d'en faire le commentaire, le but de ces lignes étant de mettre à la portée du lecteur les aspects les plus pertinents par rapport à ce dont on traite dans ces pages : la com-munication interculturelle.
Quelle que soit la maniÈre d'aborder la/les culture(s), on prend toujours comme point de départ l'identité des problÈmes auxquels l'humanité est confrontée partout dans le monde (d'ordre économique, linguistique, sanitaire, militaire, écologiques, etc.), problÈmes qu'on ne saurait arrÊter aux frontiÈres nationales, et la diversité (voire l'anta-gonisme) des solutions proposées en vue de les résoudre. Or, de nos jours, le phénomÈne de mondialisation exige de plus en plus une coopération dans la découverte des clés qui puissent ouvrir les portes de l'entente, qui puissent mettre fin aux confrontements, trop souvent d'une violence extrÊme.
'Bouger' est le propre de l'homme peut-Être au mÊme titre que 'le vivre sociétal', le 'manger' ou le 'boire' et le déplacement des gens a toujours existé, motivé par la nécessité, incité par la curiosité ou inspiré par l'esprit aventurier. Au fur et à mesure des évolutions de toutes sortes, on a remarqué des transformations spatio-temporelles qui ont certainement facilité, en mÊme temps que le déplacement des personnes, le déplacement des biens ou des services.
Ce qui est, par contre, moins visible, mais que notre présente recherche contribue à mettre en évidence, c'est que le début de co-présence à elle-mÊme de l'humanité dans l'actualité lui révÈle sa profonde hétérochronie culturelle (les gras sont de nous). Tous les humains actuellement présents sur la terre peuvent techniquement communiquer les uns avec les autres. Mais en réalité, ils viennent d'un univers géohistorique et géopolitique si considérablement différents que cette communication est en fait irréalisable, au plan des contenus et de leur sens.
(DEMORGON 1996 : 9)
Voilà un point de vue qui semble assez décourageant à un premier abord. Mais l'auteur cité invoque la nécessité d'une éducation interculturelle, fondée sur des recherches interdisciplinaires. Les transformations spatio-temporelles entrainent des transformations notionnelles, les cultures étant dans des dynamiques d'évolution différentes en raison des situations nouvelles et de leurs parcours antérieurs, trÈs différents aussi. Les cultures doivent d'abord Être considérées non comme des produits du passé en voie de disparition, mais comme des matrices d'action et de pensée qui se testent en fonction des contraintes nouvelles' (DEMORGON 1996 : 10 - en italiques dans le texte).
La notion de culture ne saurait Être étudiée sans faire référence à son étymologie cultura « action de cultiver la terre, ensemble des opérations propres à faire fructifier le sol ». Le sens pourrait alors Être étendu aussi bien à la culture anthropologique, culture de l'organisation sociétale et sociale qui concerne les conduites les plus quotidiennes (anthropologie : science de l'homme dans ses aspects physiques, sociaux et culturels, n.n.) qu'à la culture dite 'cultivée' (DEMORGON 1996 : 11), parce qu'elle est culture au second degré.
Ce que nous voudrions mettre en exergue par ce renvoi étymologique c'est que la culture concerne tous les secteurs et, mÊme si nous ne pouvons pas, nous autres humains, la rendre responsable de tous les 'maux', car la culture n'est pas l'unique facteur explicatif des comportements humains et de leurs produits, elle n'y est pas, pour cela, moins impliquée.
Tel qu'il sera utilisé dans le présent ouvrage, le concept se rapportera plutôt aux valeurs et pratiques dans la vision de HOFSTEDE (1994), dont une métaphore inspirée appelle la culture 'the software of the mind - programmation mentale (n.tr.)'. Le théoricien hollandais envisage pour ' culture ' deux sens importants :
CULTURE 1 - civilisation, formation et raffinement de l'esprit
CULTURE 2 - programmation mentale collective (les italiques et les gras sont de nous) qui distingue les membres d'un groupe ou d'une catégorie de personnes ; cette acception correspond à celle communément adoptée par l'ethnologie (HOFSTEDE 1994 : 332).
Ces niveaux sémantiques pourraient nous jeter dans la confusion quant à l'instrument d'analyse, puisqu'il s'agit de dégager les éléments qui constituent les cultures.
Elles (les cultures, n.n.) peuvent Être définies comme systÈmes de croyances (belief-systems, en anglais dans le texte, n.n.) lesquels, potentialisés par des valeurs spécifiques, deviennent attitudes et définissent des mentalités. En général, elles sont acquises ou inculquées, elles ont une linéarité historique et traditionnelle, elles appartiennent à des groupes dont elles assurent la cohésion. Elles sont subjectives et difficilement transférables.
(MALITA 1998 : 14, n.tr.)
L'antropologie soutient la dichotomie culture(s) - civilisation, ce dernier concept étant rapporté à la capacité de l'homme de créer des outils et de transformer son existence, de s'adapter à l'environnement physique et social. Le débat est de taille (v. BIRIS 2000) puisqu'on soutient souvent que la distinction reste fictive, les deux termes se recouvrant dans ce qu'on appelle 'culture matérielle'. Selon F. Braudel (cité par BIRIS 2000 :25) 'une civilisation ne signifie ni économie donnée, ni société donnée, elle est ce qui, le long des suc-cessions des économies, des sociétés, continue à vivre, sans accepter de modifications que difficilement et graduellement'.
Voyons ce que dit le Petit Robert (2000 : 432) à l'entrée CIVILISATION (dont l'étymologie remonte à civis 'citoyen') :
Un regard rapide sur la relation culture/civilisation telle qu'elle est conçue dans différents pays nous renseigne davantage. En France, par tradition, la civilisation englobe la culture (civilisation), alors qu'en Allemagne c'est tout le contraire (Kultur). La Grande-Bretagne, qui suspecte les termes trop flous, le dictionnaire Oxford applique civilisé à 'ce qui n'est pas barbare, ce qui est raffiné', alors que culture renvoie à 'production', 'instruction' (cf. la culture des abeilles, la culture physique). Au-delà de l'Atlantique on sera surpris par l'équiva-lence des termes, sous l'influence de l'anthropologie et de ethnologie.
Le monde moderne parle de civilisation comme moteur de la mondialisation et l'on discute les moments de tension et de crise qui se manifestent entre les cultures et la civilisation aussi bien que les situations de consonance. Leur complémentarité est exigée non seule-ment par l'orientation à travers les valeurs mais aussi par d'autres mécanismes de la vie sociale. Les cultures seraient censées conférir à l'homme son statut, alors que la civilisation lui distribue des rôles.
L'identité héritée ou cultivée (' Être persan ') ainsi que les solidarités de groupe linguistique, religieux, ethnique nous placent dans le champ de la culture, alors que les rôles professionnels, politiques, sociaux que nous avons en tant que citoyens, […] nous laissent tributaires à la civilisation.
(MALITA 1998 : 19, n.tr.)
Voilà un autre type d'identité à part celui conféré par le statut culturel : l'identité de rôle, à laquelle on doit les moyens de l'existence et à travers laquelle nous affirmons nos compétences, réussissant à nous faire reconnaitre.
MA culture. Les cultures des AUTRES
Les cultures sont par définition exclusives et elles soulignent la différence tout en nourrissant le sentiment de l'identité. À force de se remplir d'ardeur, on peut dégénérer en fanatisme. Les luttes raciales et ethniques tirent souvent leur justification d'arguments de supériorité ou d'infériorité culturelle totalement infondés. Ce qu'on ne comprend pas toujours c'est qu'il n'y a pas de cultures supérieures ou inférieures. L'étude des cultures révÈle que les groupes humains pensent, sentent et agissent de façon différente, mais aucune norme scientifique ne permet d'établir de hiérarchies. La seule attitude correcte à adopter dans l'étude des différences de culture entre les groupes et les sociétés est celle du relativisme culturel, lequel ' se contente d'affirmer qu'une culture ne dispose d'aucun critÈre absolu l'autorisant à appliquer cette distinction (entre activités « basses » et « nobles », n.n.) aux productions d'une autre culture. En revanche, chaque culture le peut et le doit s'agissant d'elle-mÊme, car ses membres sont à la fois des observateurs et des agents. ' (LÉVI - STRAUSS et ERIBON 1988 : 229).
Le relativisme culturel n'implique pas l'absence de normes pour la société (ou pour soi-mÊme), mais il exige que le jugement soit différent quand il s'applique à des sociétés ou groupes différents (le sien inclus). Il convient qu'on réfléchisse à deux fois (' Je ne me fie quasi jamais aux premiÈres pensées qui me viennent ', disait Descartes), avant d'appliquer les normes d'une personne, d'une catégorie ou d'une société à une autre. Une information solide sur la nature des différences culturelles, de leurs origines et de leurs consé-quences entre ces personnes, groupes, sociétés est de rigueur.
Dans la société actuelle, oÙ le nombre d' échanges est, pratique-ment, illimité, les étrangers qui souhaitent opérer des changements dans une société devraient négocier leurs apports. Si les parties concernées comprennent les raisons des différences, les chances d'aboutir de la négociation augmenteront indubitablement.
Il est important de rappeler qu'à la base de toute affaire traitée avec l'étranger, si importante soit-elle, il y a, d'abord, la rencontre de deux individus ou de deux groupes d'individus qui utilisent des moyens de communication dissemblables. Or, tout ce qui nuit à la communication nuit aux affaires. Il faut toujours avoir à l'esprit que chaque pays est un systÈme culturel différent (et mÊme à l'intérieur d'un pays on peut retrouver plusieurs systÈmes non-identiques), ce qui implique, si l'on veut communiquer effectivement, faire l'effort d'apprendre non seulement la langue, mais aussi (et surtout !) le systÈme respectif.
Chaque ' monde ' culturel fonctionne suivant sa propre dynamique interne, ses propres principes, ses propres lois - écrites ou non écrites. Méme des dimensions que l'on pense habituellement homogÈnes (l'espace, le temps) sont en fait perçues et régies différemment. Pourtant, dans l'esprit de la plupart des gens, les différences culturelles ne sont que des différences superficielles entre les habitudes ou les moeurs d'un pays ou d'un autre, des différences d'étiquette, enfin, des 'bagatelles' qui ne comptent pas vraiment. C'est une erreur on ne peut plus grave que de penser de cette maniÈre. Les tensions entre les gens (par exemple, entre autochtones et immigrés) résultent davantage des différences culturelles qui les séparent que des conditions économiques ou sociologiques de leur environnement.
En rappelant la définition (de la CULTURE 2) donnée par Hofstede, qui la compare à un ordinateur, nous insistons sur le fait que la culture programme chacun de nos gestes, chacune de nos réactions, de nos sentiments. Apprendre à décoder ce programme c'est essayer de faire fonctionner le systÈme d'une maniÈre qui nous satisfasse, c'est à dire prÊter la plus grande attention à ce que font les autres pour survivre, pour progresser. Pour éviter les échecs, il faut :
se soucier de comprendre l'autre, d'apprendre son systÈme ;
ne jamais omettre une phase essentielle dans une chaine d'actions;
ne jamais tenter d'imposer ses propres rÈgles (elles ne sont pas, hélas, universelles !) ;
ne jamais rejeter délibérément les rÈgles de l'autre ;
se méfier de similitudes ' rassurantes ' ;
s'intéresser davantage aux différences culturelles, bien les observer et les analyser.
Certains systÈmes culturels sont plus ouverts aux changements et les acceptent volontiers, tandis que d'autres ne peuvent les intégrer que trÈs progressivement. Le processus d'innovation diffÈre selon les cultures (par exemple, le mode de vie occidental, trÈs complexe, semble stimuler la créativité, alors que dans la culture orientale, les changements vont souvent de pair avec un souci trÈs poussé de leurs conséquences sur les relations sociales et on préfÈre les éviter).Les personnes impliquées dans des activités internationales sont confrontées souvent aux paradoxes des changements sociaux et culturels, dont la rapidité varie en fonctions des cultures :
(MORAN - XARDEL 1994 : 138)
Variables d'une culture
Les théories actuelles du management international consacrent une place à part à l'influence exercitée sur le marché aussi bien par l'ensemble des valeurs, traditions, coutumes, institutionalisées ou non, que par les particularités comportamentales des salariés d'une entre-prise. Ceux-ci sont tributaires au systÈme d'éducation qui les a formés, à l'environnement oÙ ils ont grandi (zone géographique, famille, société, etc.). Or, nous l'avons déjà dit, pour comprendre quelqu'un, il faut comprendre ses origines, son parcours, en fait, comme dans tout type de communication c'est 'pouvoir se mettre à la place de l'autre'. Qui est cet AUTRE ? D'oÙ vient-il ? Comment s'est-il formé ?
Une voie souvent empruntée par ceux soucieux de trouver les (bonnes) réponses fait référence aux solutions particuliÈres que les sociétés trouvent pour des problÈmes universels (VERLUYTEN 2000 : 23, n.tr.). Se nourrir, chercher un abri, éduquer un enfant sont des questions universellement importantes, mais les maniÈres de les aborder sont fort dissemblables.
En dépit des dissemblances qui les séparent, les cultures sont sous-tendues par ces éléments communs. Nous allons reprendre les plus importants (v. aussi Moran-Xardel 1994) :
Le sens de l'identité et de l'espace - En fonctions des cultures, le rapport à soi s'exprime différemment. Dans tel pays, l'affirmation de sa propre identité peut Être humble, alors qu'ailleurs elle est fort 'en vedette'; la coopération en groupe et le conformisme manifestes dans une culture sont ignorés dans une autre, qui préfÈre l'indépendance et la créativité. Certaines cultures sont structurées et formelles, alors que d'autres sont plus souples et informelles. La distance à garder lors d'une rencontre varie également, pouvant aller de l'embrassade à un mÈtre ou plus. Certains sont trÈs fermés et définissent avec précision la place de chacun, d'autres sont plus ouverts au changement.
On peut en déduire que chaque culture donne une valeur particuliÈre à l'identité individuelle.
Langage et communication - Le systÈme de communication, verbale ou non, diffÈre d'un groupe à l'autre, pouvant prÊter à des confusions souvent facheuses ou à répercussions sérieuses. Côté linguistique, on se heurte au nombre des langues parlées sur la terre, auxquelles s'ajoutent les dialectes, les jargons, les argots, les accents. On connait trÈs bien le problÈme des 'faux amis', des traductions défectueuses (surtout quand il s'agit d'expressions idiomatiques), etc. . De mÊme, la signification des gestes varie (par exemple, les Roumains font le geste d'acquiescement par un mouvement de la tÊte sur la verticale, de haut en bas, alors que les Grecs restent sur l'orizontale, le mouvement étant de droite vers la gauche).
Habitation - On se loge partout, d'un igloo ou d'une hutte aux gratte-ciel ou aux villas somptueuses, quand ce n'est 'à la belle étoile'. Mais pourquoi y a-t-il un escalier 'en pas japonais', des jardins 'à la française' ou des jardins 'anglais', des murailles qui entourent une propriété ou un petit sentier de charme, traversant une pelouse et des parterres de fleurs jusque sur le pas de la porte ? Et pourquoi ne trouve-t-on pas sa place dans un palais, alors qu'on est 'chez soi' dans un petit appartement oÙ l'on vit à plusieurs, simplement parce qu'on est 'accueilli dans leurs ames' ?
Apprentissage et éducation - Certaines cultures mettent plus d'accent sur un aspect du développement de la pensée que sur un autre. De l'apprentissage expérimental à l'observation des adultes avec lesquels il entre en contact et la participation à leurs activités, l'enfant traverse les différentes étapes de sa vie jusqu'à devenir le seul maitre de ses actes. Edward Hall soutient que l'esprit se forme par intégration de la culture, son fonctionnement mettant en jeu la maniÈre dont les gens traitent l'information. Selon le mode de vie dans un endroit donné, les récompenses ou les sanctions liées à l'apprentissage (ou non) de certaines informations ou à la maniÈre d'apprendre, sont confirmées et renforcées par la culture. Certaines cultures favorisent la réflection abstraite et la conceptualisation, d'autres préfÈrent apprendre par coeur.
Habitudes au travail - Les types d'activité dominante, les attitudes vis-à-vis du travail, la division du travail et les marques de reconnaissance (les récompenses) sont également reliées à la culture. Certaines cultures adoptent une éthique du travail selon laquelle tous les membres du groupe sont censés prendre part à une activité utile, serait-elle culturelle ou sportive. La production de revenu peut devenir critÈre pour mesurer la valeur de l'activité. La valeur individuelle est attachée au statut professionnel. Considéré au début comme un acte au service de Dieu et des hommes, le travail s'exprimait par un engagement moral (v. le serment d'Hippocrate ou les serments prononcés par les magistrats ou les officiers ministeriels). Moran et Xardel (1994 : 204) affirment qu'au Japon, ' la loyauté envers la famille s'applique également à l'employeur et à la qualité du travail ; elle s'exprime par la participation, la communication et le consensus dans le groupe de travail '.
À regarder de plus prÈs l'évolution de l'attitude vis-à-vis du travail, on constate, dans la plupart des sociétés économiquement les plus avancées, une transition entre une culture professionnelle industrielle et un type d'activité postindustrielle ou technologique. De nos jours on n'exige plus une dépense d'énergie physique comme par le passé, mais peut-Être plus d'énergie mentale et émotionnelle, suite aux changements de la nature du travail et des outils.
Le travail est de moins en moins considéré comme moyen de subsistance, et les distinctions entre travail et loisirs perdent en netteté. Le travail est plus qu'un simple gagne-pain, et les activités se concentrent de plus en plus sur des biens immatériels tels que le traitement de l'information ou les services. L'accent est mis sur la qualité de la vie professionnelle, et l'éthique professionnelle tient compte de la valeur d'un employé au-delà de son seul travail.
(MORAN-XARDEL 1994 : 204)
Une autre caractéristique culturelle est la division du travail. Si par le passé les hiérarchies étaient évidentes dans l'organisation pyramidale, de nos jours on préfÈre le travail en équipe, le partage des responsabilités, etc., mais il faut remarquer, dans certains pays, oÙ des sociétés 'révolues' (féodale, à certains endroits en Chine, par exemple) subsistent encore, l'existence des échelles à différences importantes.
Modes de relation - Les relations humaines (privées ou professionnelles) sont marquées par l'appartenance à une certaine tranche d'age, à l'un des deux sexes, par les degrÈs de parenté, par le pouvoir, la classe sociale ou la sagesse. L'expression la plus courante de la relation se retrouve dans la famille, laquelle, en fonction des cultures, peut Être élargie (mÈre, pÈre, enfants, grand-parents, oncles, tantes, neveux) ou non (pÈre, mÈre, enfants) ; elle est continuée par les différents milieux (scolaire, professionnel), la place de chacun se subordonnant à d'autres dimensions culturelles, dont on traitera plus loin.
L'appréhension du temps - Rien de plus relatif que la notion du temps dans les diverses cultures. Les peuples latins sont trÈs décontractés, alors que les Allemands, par exemples, ont la réputation d'Être trÈs précis. L'age ou le rang d'une personne peut jouer aussi dans la ponctualité. La variation du temps par rapport aux saisons (printemps-été-automne-hiver ou bien saison ' des pluies ' saison ' de la sécheresse '), au lever ou au coucher du soleil est également significative.
La chronobiologie espÈre donner des réponses de plus en plus précises concernant le fonctionnement de ' l'horloge interne ' du corps humain et les conséquences sur la santé. Le changement de fuseau horaire, le travail posté peuvent entrainer des perturbations graves, susceptibles de conduire à des accidents importants.
Valeurs, croyances et attitudes - L'importance accordée à tel ou tel comportement ainsi que l'ensemble des besoins sont également variables d'une culture à une autre. Certains font attention à la sécurité, à l'argent, d'autres sont plus détachés des choses matérielles, préférant les valeurs morales. Cerner les grands thÈmes des croyances des peuples s'avÈre Être une question délicate, les gens devenant for sensibles quand il est question de leurs pratiques religieuses. Les problÈmes surviennent surtout quand les croyances religieuses influencent l'attitude par rapport à l'activité professionnelle :
Les catholiques attachent beaucoup d'importance à la considération de l'employé (il faut associer les salariés aux décisions) ; les protestants valorisent l'efficacité (il faut travailler pour une entreprise qui réussit); pour les bouddhistes, la responsabilité sociale est primordiale (tout employeur a un rôle social à remplir) ; les musulmans sont attachés à la continuité (ils souhaitent travailler dans un environnement stable et occuper une fonction de façon durable) ; les personnes sans appartenance religieuse, enfin, mettent en avant des objectifs professionnels (avoir un travail permettant d'apprendre et d'utiliser ses propres compétences).
(MORAN - XARDEL 1994 : 202)
Ces différences exigent, évidemment, de prendre en considération les croyances ou les pratiques religieuses dans la gestion du personnel, vu qu'on ne peut pas demander des performances pendant la périodes des fÊtes, par exemple. (Nous nous rappelons l'attitude de nos étudiants musulmans, auxquels nous enseignions le roumain à raison de six heures par jour, qui, en plein cours, le moment de la priÈre venu, se tournaient ' vers la Mecque ', quitte à nous tourner le dos, sans plus faire attention à la leçon).
Cela devient une lapalissade que d'en rendre la culture responsable.
Elle met l'empreinte sur chaque aspect de notre vie. C'est à la culture qu'on pense lorsqu'il s'agit de serrer les mains (quand, combien fort, qui tend la main le premier), de regarder quelqu'un dans les yeux (comment, combien de temps, à quel intervalle), d'observer une certaine distance par rapport à l'interlocuteur (combien de centi-mÈtres ?, on le touche ou on ne le touche pas ?), de penser à la vie et à la mort (comment réagir dans telle situation ? rire, comme nos ancÊtres, les Daces ?, contenir ses larmes, comme les Orientaux ? qu'est-ce qu'il 'faut' et qu'est-ce qu'il 'ne faut pas ' faire ?), etc. .
La culture affecte aussi bien nos actes (à travers la perception que nous avons de nous-mÊmes) que l'élaboration de nos messages, l'interprétation de la réalité, la capacité d'assumer des rôles. Pour réussir à survivre dans un contexte multiculturel ou pour réussir professionnellement, il convient d'Être au courant des conventions culturelles, de pénétrer dans leurs recoins, de les comprendre et, peut-Être, de les assimiler.
Les DIRE de FAIRE d'une culture
Les limites de mon langage signifient
les limites de mon monde.
Ludwig WITTGENSTEIN
La langue est l'instrument de communication propre à une communauté humaine. La parole désigne l'usage qu'on en fait. Voilà, vite reprise, la dichotomie bien connue par les linguistes, intuitivement reconnue par les autres.
L'autonomie du langage par rapport au réel ou à la nature permet d'y voir, selon Lévi-Strauss, 'le fait culturel par excellence', 'l'instru-ment essentiel par lequel nous assimilons la culture de notre groupe '. En fait, on peut dire que c'est le systÈme culturel qui permet d'appren-dre tous les autres.
Puisque chaque langue et chaque culture développent des significations propres, on peut considérer que le langage transporte avec lui les valeurs d'une civilisation.
Une premiÈre image de la variété culturelle du monde est créée par les langues. On estime qu'à l'heure actuelle on en parle environ 6000, tout en ayant à l'esprit que leur degré de diffusion est fort inégal. Pour l'élite intellectuelle, utiliser intensivement l'anglais comme langue de circulation mondiale, semble un phénomÈne dominant et homogénéisateur. Mais ce n'est que l'apparence. Il y a des langues beaucoup plus utilisées sur la terre: le chinois dépasse de loin l'anglais par le nombre des locuteurs. Mais ce qui est plus important encore c'est que dans la deuxiÈme moitié de notre siÈcle (le XX-e, n.n.), en parallÈle avec la prééminence de quelques véhicules linguistiques privilégiés de la civilisation, il y a eu un rétablissement du statut des langues au niveau des groupes humains, un sauvetage de celles en danger d'extinction, une introduction des langues anonymes dans le circuit des communications à la radio et mÊme à la télévision.
(MALITA 1998 : 220, n. tr.)
Le langage et la culture ne peuvent Être dissociés. Une langue permet l'accÈs à la culture, dans tous les sens ; parler plusieurs langues c'est avoir accÈs à plusieurs cultures et, surtout, avoir la chance de les comprendre, car on ne sait que trop combien frustrantes sont les traductions.
Mais il y a aussi l'aspect inverse : une culture permet de mieux apprendre une langue, d'améliorer ses compétences et, par conséquent, les performances. Cette interdépendance est indestructible et depuis que la pragmatique a mis en évidence une autre maniÈre de considérer l'usage du langage, le 'contexte' (voire le contexte culturel) ne saurait plus Être ignoré.
Du point de vue interculturel, on confond souvent communauté culturelle et communauté linguistique ; or, les cas oÙ la culture, le lan-gage et, éventuellement, les frontiÈres étatales coÃncident sont assez rares (la Pologne ou le Portugal, par exemple, en Europe). Une langue peut Être parlée officiellement par des gens appartenant à des cultures différentes (le cas de l'anglais, du français, de l'espagnol et du portugais, parlés dans les ex-colonies), ou peut Être apprise pour des raisons professionnelles, personnelles, etc., ce qui peut impliquer le partage de la CULTURE 1 mais pas forcément celui de la CULTURE 2. Comme l'explique Paul Verluyten (2000 : 36) les Néerlandais habitant les Pays Bas et les Flamands du nord de la Belgique parlent la mÊme langue (avec une variation de dialectes importante), mais leurs valeurs et leurs pratiques culturelles diffÈrent beaucoup. Le fait que les gens s'expriment dans la mÊme langue n'est pas une garantie qu'ils partagent la mÊme culture. L'inverse, ajoute Paul Verluyten, semble possible, car les membres de la communauté juive d'Anvers parlent plusieurs langues (Yiddish, Français ou autres) mais sans nul doute, ils appartiennent à la mÊme culture.
Ce qui est important pour le sujet dont on traite dans ces pages c'est l'enseignement des langues, dans notre cas du français au niveau de la fonctionnalité. Il convient de devenir conscients que les langues sont une mise en communication interculturelle et que leur connaissance a un apport bénéfique dans l'équilibre et l'harmonie entre les langues. Il s'agit de l'enseignement de la culture/des cultures par la langue, enseignement qui pourrait ouvrir de nouvelles voies à l'entente et à la solidarité.
L'interculturel traite de toutes les différences de comportements dont l'ignorance peut entrainer de graves malentendus, mais dont la connaissance, au contraire, permet d'amoindrir les difficultés qui surgissent lorsqu'on doit faire des transactions avec des personnes issues de cultures différentes. Car transiger ne suppose pas seulement bien maitriser la langue du partenaire et les stratégies de la négociation, mais aussi (et surtout !) savoir ce qu'il faut faire dans telle situation à partir des cultures qui sont en contact.
Côté linguistique, nous sommes concernée par le français langue
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