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DIMENSIONS CULTURELLES

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DIMENSIONS CULTURELLES

Appartenant à plusieurs groupes ou catégories en mÊme temps, chaque individu est porteur de niveaux de programmation mentale différents, qui correspondent à différents niveaux de culture, lesquels pourraient Être structurés comme suit :



le niveau national - qui dépend du pays auquel on appartient (dans le cas des gens qui ont émigré, il s'agira aussi bien de leur pays natal que du pays qui les accueille) ;

le niveau de groupe - qui correspond à l'appartenance à tel groupe ethnique, linguistique, régional, religieux (les cultures régio-nales ethniques et religieuses transcendent d'habitude les frontiÈres politiques; il faut prendre en considération aussi que l'appartenance à une religion est plus le résultat des systÈmes de valeurs préexistants que la cause des différences culturelles) ;

le niveau d'appartenance à l'un des deux sexes - qui se rapporte à l'appartenance au sexe masculin ou féminin (les différences liées au sexe se réfÈrent au type de comportement et non pas à l'appa-rence physique ou à la physiologie) ;

le niveau de génération - qui relÈve de l'appartenance à la catégorie des grand-parents, des parents ou des enfants (les événe-ments historiques ainsi que le développement technologique ont des répercussions sur les générations qui les vivent) ;

le niveau social - qui correspond à l'origine sociale, au niveau d'instruction et à la profession exercée (pour ceux qui travaillent, on peut ajouter un niveau lié à l'organisation oÙ ils sont embauchés et à la maniÈre de socialiser).

Les différences de culture nationale sont dues aux rythmes de développement différents : certains vivent encore comme dans la commune primitive, de la cueillette et de la chasse, d'autres, dont les communautés ont pris de l'importance au fur et à mesure de l'évolution historique, sont allés mÊme sur la Lune. Le paradoxe de nos jours est qu'il y a des pays oÙ plusieurs 'époques' existent simultanément. En Chine, par exemple, oÙ, il y a plusieurs milliers d'années s'établissait le plus ancien des empires, on peut trouver des villages qui vivent encore 'à l'époque féodale', tout comme au Brésil on risque de tom-ber sur des tribus sauvages ou en Australie sur des aborigÈnes. Des empires se sont effondrés, d'autres on surgi.

L'invention des nations, unités politiques d'organisation de la planÈte, est un phénomÈne relativement récent qu'il ne faut pas confondre avec les sociétés, lesquelles sont des formes structurées d'organisation sociale. Les Êtres humains sont supposés appartenir à une nation (circonscrite à l'intérieur d'un espace appelé le 'pays', la 'patrie'), comme leur passeport l'indique (à noter la différence opérée par la langue roumaine entre citoyenneté (appartenance à un État) et nationalité (appartenance à un groupe ethnique). Le concept de culture commune s'applique plus aux sociétés qu'aux nations.

Chaque nation qui existe depuis un certain temps possÈde des éléments qui favorisent une intégration croissante (langue, éducation, armée, systÈme politique, un marché à l'échelle nationale, représen-tation nationale dans les organisations mondiales, dans les compé-titions sportives, dans les manifestations culturelles) dont l'ensemble est à l'origine d'une trÈs forte programmation mentale de ses citoyens.

Les derniers temps, quand le phénomÈne de la mondialisation semble menacer l'identité nationale, il convient d'aborder ce dernier concept avec beaucoup de tact, voire de la prudence (v. aussi, en fin du volume, notre étude qui traite de ce sujet).

Les anthropologues du XX-e siecle nous laissent observer que toutes les sociétés sont confrontées à des problÈmes fondamentaux identiques, dont seules les réponses diffÈrent en fonction de la culture oÙ ces aspects se manifestent. Des critÈres généraux qui sous-tendent les problÈmes ont été décélés, tels le rapport avec l'autorité, la représentation de soi, la maniÈre de gérer les conflits. Les domaines de manifestation sont, selon Hofstede (1994 : 31) :

les inégalités sociales ;

les relations entre l'individu et le groupe ;

les conséquences sociales d'appartenance à l'un ou l'autre

sexe ;

les façons de gérer l'incertitude, liées à la maitrise de

l'agression et à l'expression des émotions.

Ces catégories représentent les dimensions d'une culture et per-mettent ainsi d'en définir les aspects qui peuvent Être comparés :

la distance hiérarchique (IDH)

le degré d'individualisme (/collectivisme) (IND)

le degré de masculinité (/féminité) (IMA)

le contrôle de l'incertitude (ICI)

(Les sigles entre parenthÈses représentent les ' mesures ' de ces dimensions, respectivement : indice de distance hiérarchique, indice d'individualisme, indice de masculinité, indice du contrôle d'incer-titude, qui varient sur une échelle de 0 à 100).

Notre tentative de présenter et d'expliquer les dimensions d'une culture sera fixée à plusieurs niveaux : la famille, l'enseignement, le lieu de travail, l'État et les idées (idéologies).

Comme le montre le résultat de l'enquÊte menée par Hofstede parmi les salariés d'IBM qui occupaient des postes identiques dans plus de 50 pays différents, il ne s'agit pas de liens immuables, mais de tendances.

La maniÈre de penser, d'agir et de réagir des humains est sous l'emprise de ces dimensions culturelles et, depuis les années '80, on parle aussi de cultures d'organisation, à partir de l'idée que la littérature du management a popularisée, notamment que l'excellence d'une entreprise tient aux façons communes de penser, d'agir et de réagir de ses membres.

Sutor, ne supra crepidam

(IDH)

Du groupe le plus primitif (la chasse et la cueillette) au systÈme le plus complexe, on constate les inégalités : certains sont plus forts ou plus robustes, plus intelligents ou plus habiles, plus riches ou plus puissants, ce qui inspire plus de respect ou plus de prestige, plus de peur ou plus d'audace.

Mais les capacités physiques et intellectuelles, ainsi que le pouvoir, le prestige ou la richesse ne vont pas obligatoirement de pair. Les savants, les sportifs de haut niveau, les artistes jouissent d'un certain prestige, mais rares sont les sociétés oÙ ils parviennent à la richesse, encore moins au pouvoir politique.

Dans certains pays, les hommes politiques peuvent accéder au prestige et au pouvoir sans la richesse, les hommes d'affaires à la richesse et au pouvoir, sans le prestige. L'absence de cohérence entre ces diverses formes d'inégalité est souvent ressentie comme problématique.

Les sportifs deviennent professionnels pour s'enrichir, les politi-ciens utilisent le pouvoir pour en faire autant, les hommes d'affaires entrent en politique pour jouir du prestige. Dans d'autres pays, au contraire, on apprécie que la réussite dans un domaine ne soit pas rapportée à la mÊme réussite dans un autre.

Les lois de nombreux pays ont été conçues de maniÈre à répondre à un idéal d'égalité, en traitant tout le monde de la mÊme maniÈre, sans considération pour la richesse, le pouvoir ou le prestige.

Les résultats de l'enquÊte ont permis de classer les questions les plus étroitement liées et de calculer un indice de distance hiérarchique (IDH) par pays ; cet indice fournit des indications sur la program-mation mentale qui va de pair avec une nationalité plutôt qu'une autre. Le nom de distance hiérarchique provient d’une étude réalisée par Mauk Mudler, spécialiste néerlandais de socio-psychologie expéri-mentale, sur la distance émotionnelle qui sépare les subordonnés de leurs patrons (cité par HOFSTEDE 1994 : 43).

La distance hiérarchique peut donc Être définie comme le degré d’inégalité attendu et accepté par les individus (' la mesure du degré d'acceptation par ceux qui ont le moins de pouvoir dans les institutions ou les organisations d'un pays d'une répartition inégale du pouvoir ' - HOFSTEDE 1994 : 47). La distance hiérarchique est donc mesurée à partir des systÈmes de valeurs de ceux qui ont le moins de pouvoir. La répartition du pouvoir est également expliquée à partir du comportement de ceux qui ont le plus de pouvoir, des leaders plutôt que des suiveurs. L'autorité ne se maintient que si elle rencontre la soumission; la fonction d'encadrement existe seulement comme complément à une situation de subordination. On retrouvera, à l'intérieur de tout pays, des différences hiérarchiques au niveau des classes sociales, de la famille, du milieu scolaire ou professionnel, etc..

L'inégalité dans une société est visible à travers l'existence de classes sociales : supérieure, moyenne, ouvriÈre, qui n'ont pas les mÊmes facilités d'accÈs à certains avantages de la société (dont l'éducation). On constate que, dans la plupart des sociétés, classe sociale, niveau d'étude et profession sont étroitement liés. Ces trois facteurs, cités comme sources de programmation mentale, sont interdépendants. Hofstede démontre que dans les pays à fort IDH cela s'applique à toutes les catégories d'emplois, quel que soit leur statut ; dans le cas d'un indice faible, il ne s'applique que dans les catégories moyenne ou élevée, contrairement aux salariés du bas de l'échelle qui obtiennent des scores de distance hiérarchique aussi élevés que leurs collÈgues. Le fait que les salariés occidentaux, occupant le bas de l'échelle hiérarchique, aient des valeurs 'autoritaires' se retrouve également dans les relations familiales oÙ il a été démontré qu'ils exigent une plus grande obéissance de la part de leurs enfants.

Les origines des différences de distances hiérarchiques remontent peut-Être à la période préhistorique. L'appartenance à une culture (comme à un groupe de langues) découle de l'histoire d'un pays ; certaines racines de notre programme mental sur la distance hiérarchique plongent deux mille ans en arriÈre ou quatre mille ans dans le cas de la culture chinoise (confucéenne). Les pays de langue romane (espagnol, portugais, italien, français) ont un IDH relativement élevé contrairement aux pays germaniques (allemand, anglais, néerlandais, danois, norvégien, suédois) qui ont un IDH plutôt bas. Mais on peut raisonnablement estimer que les premiÈres expériences en matiÈre de gouvernement ont contribué à développer chez ces peuples les programmes mentaux communs nécessaires à la survie de leur systÈme social et politique. Trois critÈres permettent d'estimer assez justement l'indice de distance hiérarchique d'un pays :

la latitude (plus les pays sont éloignés de l'équateur plus l'IDH est faible). À des latitudes faibles, les sociétés agricoles trouvent une nature abondante et généreuse et la menace vient de la concurrence d'autres groupes. Les sociétés qui ont la meilleure chance de survie sont celles qui se sont organisées de façon hiérarchique et dépendent d'une seule autorité centrale qui fait régner l'ordre et l'équilibre. Aux latitudes plus élevées, la nature est le premier ennemi auquel il faut s'affronter et tout encourage l'homme à créer des industries parallÈlement à l'agriculture ; les membres de ces sociétés ne sont pas trop dépendants des puissants et n'éduquent pas leurs enfants dans la dépendance.

la taille de la population : une forte population correspond à un IDH élevé car les citoyens d'un pays trÈs peuplé doivent accepter un pouvoir politique plus distant et moins accessible que celui d'un petit pays. On pourrait avancer une relation causale inverse : certains peuples qui ont une forte volonté d'indépendance lutteront durement pour ne pas Être intégrés dans une nation plus grande.

la richesse : plus un pays est riche plus son IDH est faible. Les facteurs associés à une plus grande richesse nationale et une plus faible dépendance sont les suivants : une agriculture moins tradition-nelle, une technologie plus moderne, un développement de l'urba-nisme, une plus grande mobilité sociale, un meilleur systÈme d'édu-cation, un accroissement de la classe moyenne : un ensemble de fac-teurs dont la causalité est le plus souvent circulaire.

On se demande souvent quelles sont les perspectives de l'évolution de la distance hiérarchique, vu tous les changements (au niveau socio-politique surtout) des dernieres années. Nous vivons une époque d'intensification sans précédent des communications internationales : cela va-t-il amener une norme mondiale ? Dans ce cas la norme sera-t-elle une distance hiérarchique faible, moyenne ou forte ? Si l’on constate une augmentation mondiale du désir d'indépendance, sans doute sous l'influence de la circulation des idées, on constate que ce désir n'a été accompagné d'une évolution que dans des pays oÙ la distance hiérarchique était faible. Les indices de l'étude IBM montrent que les extrémités de l'échelle se sont encore éloignées, l'écart s'est plutôt creusé. Combien faudra-t-il de temps pour que les Suédois et les Iraniens traitent leur Roi et leur Ayatollah de la mÊme maniÈre? Combien devrons-nous attendre, nous autres Roumains (ou nous autres jeunes démocraties) pour que la poignée de nouveaux riches n'écrasent plus les milions de gens besogneux ?

À son compte ou aux dépens des autres

(IND)

Les rôles respectifs de l’individu et du groupe diffÈrent aussi en fonction de la culture d'appartenance. Dans certains pays, le groupe est plus important, alors que dans d'autres, la vedette c'est l'individu. L'origine des différences d'attitudes par rapport à l’individuel ou au collectif dans la société, tient à un élément fondamental des sociétés humaines : les ' vocations ' respectives de l'unité ou de la pluralité. Une large majorité des habitants de notre planÈte vit dans des sociétés oÙ l'intérÊt du groupe l'emporte sur l'intérÊt individuel (sociétés collectivistes - sans aucune connotation politique !). Le premier groupe auquel nous appartenons est la famille, ou famille élargie en anthropologie culturelle. Une relation de dépendance, à la fois pratique et psychologique, s'instaure entre le groupe et chacun de ses membres. Une minorité de personnes vit dans des sociétés ou l'intérÊt individuel passe avant l'intérÊt général (on parle de famille nucléaire). Dans ces sociétés individualistes, l'individu en bonne santé n'est censé dépendre d'un groupe, ni pratiquement, ni psychologiquement. À noter la situation du Japon oÙ seul le fils ainé continue à vivre avec ses parents créant ainsi une structure linéale, qui se situe entre la famille élargie et la famille nucléaire. 

L'extrÊme collectivisme comme l'extrÊme individualisme sont les pôles opposés de la seconde dimension des cultures nationales. Il est important d'établir des indices à partir d'échantillons comparables d'un pays à l'autre. Les indices ont été établis à partir de quatorze questions portant sur les caractéristiques du travail idéal. Dans les pays riches, la formation, de bonnes conditions matérielles et la pleine utilisation des capacités sont faciles à obtenir, ce qui leur enlÈve beaucoup d'importance comme facteurs d'un travail idéal. Dans les pays pauvres, oÙ elles sont beaucoup plus difficiles à obtenir, ce sont, au contraire, des éléments essentiels de différenciation entre un bon et un mauvais travail. Elles deviennent des facteurs importants. L'indice de degré d'individualisme (IND) est élevé dans les pays riches mais faibles dans les pays pauvres (l’Arabie Saoudite avec un indice faible met en lumiÈre l'incidence des racines culturelles). L'enquÊte démontre qu'il existe une relation trÈs étroite entre la richesse nationale d'un pays et le degré d'individualisme de sa culture.

Une corrélation négative semble exister entre la dimension de distance hiérarchique et celle d'individualisme/collectivisme. Les pays à fort indice de distance hiérarchique seraient plus collectivistes et les pays à faible distance hiérarchique plus individualistes. Dans ' La logique de l'honneur ', Philippe d'Iribarne (cité par HOFSTEDE 1994 : 82) décrit le principe français d’organisation de distance hiérarchique importante, comme signifiant que chacun à un rang mais que les devoirs attachés à ce rang sont moins imposés par le groupe que par la tradition ('ce n'est pas tant ce que l'on doit aux autres que ce que l'on se doit à soi-mÊme'). Situation inverse en Autriche et en Israël (faible IDH et IND moyen) ; le Costa Rica est une exception qui fait écrire à Lawrence Harrisson (1985 :55-56) :

Les Costariciens sont unis par des liens de solidarité plus étroits que leurs voisins nicaraguayens. Cette solidarité se décÈle à travers l'accent mis depuis longtemps sur le systÈme public d'éducation et de santé, la vigueur de son mouvement coopératif, l'impartialité remarquable et la qualité des procédures de son systÈme judiciaire (surtout par rapport aux normes latino-américaines) et enfin à travers la flexibilité de son systÈme politique, sa capacité à trouver des solutions pacifiques et à recourir au compromis

Mais, l'une des raisons de cette corrélation entre distance hiérarchique et collectivisme tient à un troisiÈme facteur : le développement économique. Ceci conforte l'idée que la distance hiérarchique et le degré d'individualisme/collectivisme ne sont pas une dimension unique.

Dans une sélection par occupation professionnelle, l'importance accordée au challenge va de pair avec celle accordée à l'utilisation des capacités. Dans une sélection par pays, ces degrés d'importance sont inversés ; dans une sélection par emploi 'temps personnel' et 'challenge' obtiennent des scores inverses alors que ces facteurs se renforcent mutuellement par pays. L’équipe du psychologue américain, Frédéric Herzberg, fait la distinction entre les facteurs intrinsÈques qui sont les réels éléments de motivation au travail, tandis que les facteurs extrinsÈques ne sont que 'l’hygiÈne psychologique' du travail. Cependant si cette distinction est utile pour classer les cultures des différentes catégories d'emplois, elle n'est pas valable pour une comparaison entre pays.

Les anthropologues ont pu établir que de la société la plus primitive à la société la plus moderne la complexité des familles s’est d’abord accrue puis a diminué. Modernisation rime avec individualisation ; exception faite de l’Asie de l’Est ou du Japon et des nouveaux pays industriels, la Corée, Taiwan, Hong Kong et Singapour, qui ont gardé un fort collectivisme en dépit de leur industrialisation. Il y a une relation entre la richesse nationale et le degré d’individualisme, la richesse engendrant l’individualisme. Quand la richesse d’un pays augmente, ses citoyens ont accÈs à des ressources qui leur permettent de 'faire chacun son truc personnel'. Le conteur du village est, peu à peu, remplacé par des postes de télévision, la caravane du désert fait place aux autocars, la cabane du village est remplacée par une maison avec des piÈces communes et privées, et dans d’autres civilisations chaque membre adulte d’une famille conduit sa propre voiture. Mais, la corrélation négative, entre individualisme et croissance économique pour les pays trÈs riches, suggÈre que ce développement contient en lui-mÊme sa destruction. Quand la richesse atteint un niveau tel que chacun peut vivre comme il l’entend, on voit apparaitre des déperditions dues aux frictions, car l’économie nationale croit moins que dans les pays oÙ les gens ont encore l’habitude de faire un certain nombre de choses ensemble. La latitude géographique est le premier indice de distance hiérarchique. Dans les pays froids ou tempérés, il y a souvent une culture indivi­dualiste car la survie de chacun dépend davantage de son initiative personnelle. Si la taille de la population est liée à la distance hiérarchique elle n’a pas de lien avec le collectivisme. Mais la croissance de la population est liée au collectivisme car elle est le résultat d’un taux de natalité élevé, valeur inculquée par des familles collectivistes plus qu’individualistes. Les facteurs historiques comme l’influence de Confucius sur tous les pays d’Asie orientale, joue en faveur du maintien du collectivisme. Les immigrants européens qui ont peuplé l’Amérique du nord, l’Australie et la Nouvelle Zélande étaient suffisamment individualistes pour quitter leur ancien environ­nement et s’installer oÙ chacun était obligé de compter sur lui-mÊme.

Les cultures nationales ont de profondes racines et évolueront trÈs lentement dans le domaine de l’individualisme tout comme dans celui de la distance hiérarchique. Le lien entre richesse nationale et individualisme est indéniable. Les pays qui ont connu un développement économique (comme le Japon) conservent des aspects nettement collectivistes dans la vie familiale et scolaire ou dans le milieu de travail. Il en va de mÊme pour les différences entre les pays occidentaux : parallÈlement à une convergence notable vers l’indivi-dualisme, les relations entre l’individu et le groupe restent différentes dans les pays comme la SuÈde, la Grande Bretagne et l’Allemagne. Les cultures évoluent ensemble si bien que les différences perdurent. Les différences entre les valeurs associées au collectivisme et à l’individualisme vont continuer à jouer un grand rôle dans les affaires internationales. Ces différences sont à l’origine de nombreuses incompréhensions mutuelles dans les rencontres internationales.

Moi, JANE, toi, TARZAN

(IMA)

L’appartenance à un sexe et les rôles qui en découlent sont des éléments incontournables de l’existence humaine. Le masculin et le féminin représentent les deux extrÊmes d’un continuum définissant l’importance accordée aux valeurs de réussite et de possession (valeurs masculines) et à l’environnement social ou à l’entraide (valeurs féminines).

Si les différences biologiques et statistiques entre les deux sexes sont les mÊmes partout, les rôles sociaux ne sont que partiellement déterminés par les contraintes biologiques. Chaque société assigne des comportements, non directement liés à la procréation, plus volontiers à un sexe qu’à un autre. La littérature de spécialité insiste sur l’infinie variété des rôles dévolus à chaque sexe. Dans les pages ci-dessous les adjectifs   masculin et féminin feront référence au rôle social, détermi-né par la culture, sans aucune allusion à l'apparence. Un homme peut se comporter de maniÈre 'féminine' et une femme de maniÈre 'masculine', cela n’indique qu’une déviation par rapport à certaines conventions de la société à laquelle il appartient (et non pas par rapport au sexe auquel il appartient). Les comportements, considérés comme 'masculin' et 'féminin', sont différents d’une culture à l’autre, non seulement dans les sociétés traditionnelles mais aussi dans les sociétés modernes : dans l’ex-Union Soviétique, la majorité des médecins sont des femmes, comme la majorité des dentistes en Belgique ou des commerçants en Afrique. Les secrétaires sont souvent des hommes au Pakistan et l’on trouve aux Pays-Bas une forte proportion d’infirmiers. Il n’y a pratiquement pas de femmes chef d’entreprise au Japon, alors que c’est fréquent aux Philippines et en ThaÃlande.

Le rôle assumé par le pÈre et la mÈre (et les autres membres dans une famille élargie) a un impact profond et indélébile sur la program-mation mentale du petit enfant. Il n’est donc pas étonnant qu’une des dimensions des systÈmes de valeurs nationaux soit liée aux modÈles de rôles proposés par les parents.

Le choix de Hofstede d’intituler cette dimension 'degré de masculinité/féminité' est venu du fait que c’est la seule dimension oÙ les réponses des hommes et des femmes étaient différentes systématiquement. Dans l’étude IBM, les choix associés au pôle masculin sont les suivants : la rémunération, Être reconnu, l’avance-ment, le challenge. Les choix associés au pôle féminin sont les suivants : la hiérarchie (avoir une bonne relation avec les collÈgues et les supérieurs), la coopération, le cadre de vie, la sécurité de l’emploi. Seront 'masculines' les sociétés oÙ les rôles sont nettement différen-ciés (oÙ l’homme doit Être fort, s’imposer et s’intéresser à la réussite matérielle tandis que la femme est censée Être plus modeste, tendre et concernée par la qualité de la vie) ; sont 'féminines' les sociétés oÙ les rôles sont interchangeables (hommes et femmes sont supposées Être modestes, tendres et préoccupés de la qualité de la vie). Dans les pays les plus féminins (SuÈde, NorvÈge, Pays-Bas, Danemark, Costa Rica, Finlande, etc.), il n’y a pas de différence entre les scores des hommes et des femmes qui expriment les mÊmes valeurs de tendresse et de générosité. Dans les pays les plus masculins, (Japon, Autriche, Venezuela, Italie, Suisse, Mexique, etc.) hommes et femmes ont des valeurs ' dures ' (masculines).

Comme la nationalité, le sexe est une donnée involontaire et son effet sur notre programmation mentale est largement inconscient. Les éléments culturels dus au sexe ou à la nationalité ne sont pas innés, mais leur acquisition commence si tôt dans la vie que nous avons toujours vécue avec et n’imaginons pas d’alternative possible. Des femmes prises individuellement peuvent apprendre à se comporter comme des hommes et inversement. Donner à ces différences l’appellation de 'cultures' accentue leur nature profonde et émotion-nelle. La culture féminine est étrangÈre à la plupart des hommes et inversement. Le contact avec une culture étrangÈre déclenche souvent un choc culturel, qui est une réaction viscérale irrationnelle. Si les autres cultures nous semblent parfois, à premiÈre vue, ridicule, inquié-tantes ou erronées, ce type d’impression peut exister entre les sexes à l’intérieur d’une mÊme société.

L’indice de masculinité/féminité peut s’appliquer aux occupa-tions professionnelles. Cependant, les différences entre les valeurs associées à ces occupations ne proviennent pas du sexe de ceux qui les exercent. Les salariés d’IBM occupant des postes 'féminins' ont exprimé des valeurs plus féminines que les salariés occupant des postes masculins.

L’anthropologue Margaret Mead (v. HOFSTEDE 1994) avait constaté d’énormes différences de répartition des rôles parmi les tribus de Nouvelle- Guinée, voisines les unes des autres. L’histoire et la tradition sont à l’origine de la survivance de rôle trÈs divers. Les cultures féminines sont plus fréquentes dans les climats tempérés ou froids, ce qui laisse supposer qu’une association entre hommes et femmes améliore les chances de survie et de croissance. La concentration de cultures féminines dans le Nord-Ouest de l’Europe renvoie à des facteurs historiques communs. Les élites de ces pays étaient des marchands et des marins, professions qui nécessitent de bonnes relations interpersonnelles ; la période Viking a correspondu à une gestion des villages par les femmes pendant les longs voyages. Les pays d’Amérique latine ont des degrés de masculinité trÈs différents : les petits pays d’Amérique centrale sont féminins, tandis que le Mexique, le Venezuela, la Colombie et l’Equateur sont trÈs masculins ; le Pérou et le Chili sont plus féminins. Cela s’explique par l’héritage des différentes civilisations indiennes qui ont précédé la domination hispanique. Le Mexique aurait hérité de la rude culture aztÈque, tandis que le sud du pays et l’Amérique centrale seraient les héritiers de la culture maya, plus tendre. le Pérou et le nord du Chili refléteraient l’héritage inca, proche de l’héritage maya.

La relation entre le degré de masculinité et l’age est assez élevée et universelle. Les jeunes hommes, entre vingt et vingt-neuf ans, ont des valeurs fortement masculines, tandis que les jeunes femmes modérément. Les hommes plus agés (cinquante à cinquante-neuf ans) ont des valeurs nettement féminines. Entre vingt-cinq et cinquante-cinq ans, hommes et femmes abandonnent leurs valeurs masculines. Cette tendance générale concorde avec la constatation que les jeunes ont des centres d’intérÊt plus technique (plus masculins) alors que leurs ainés ont des centres d’intérÊt plus sociaux. Le vieillissement de la population va entrainer une féminisation des valeurs. L’accroissement du nombre de femmes à des postes jusqu’ici tenus par des hommes devrait également contribuer à une évolution des sociétés vers des valeurs plus féminines. L’automatisation des taches va encore progresser et ne resteront que les emplois qui ne peuvent pas Être automatisés : les postes de décideurs, les emplois qui font appel à la créativité, et tous ceux qui ont trait à la sécurité, la défense et l’entretien. Ceux dont l’essence tient aux contacts humains (encadrer, divertir, tenir compagnie, soigner, aider matériellement et spirituellement, motiver pour apprendre, etc). Le développement des techniques favorise une augmentation du besoin des valeurs féminines dans la société.

Il n'est pas certain que tout soit certain

(ICI)

' On a l'avenir devant soi, mais quand on se retourne … on l'a … dans le dos ! ' dit-on, pour plaisanter. Seulement, la plupart des gens ne plaisantent pas avec l'avenir, temporalité impalpable, incertaine , somme toute, angoissante.

Le contrôle de l’incertitude est un terme emprunté à la sociologie américaine des organisations et, en particulier, aux travaux de l’économiste américain James G. MARCH. Une trop grande incertitude engendre une anxiété intolérable et chaque société a élaboré des moyens d’alléger cette anxiété, par la technologie, les lois et la religion. La technologie aide à pallier les incertitudes causées par la nature. Les rÈgles et les lois cherchent à éviter les incertitudes liées au comportement d’autrui. La religion aide à accepter les incertitudes face auxquelles nous sommes désarmés. Malgré la disponibilité des mÊmes informations, presque partout dans le monde, les technologies, les lois et les religions sont toujours différentes. Le sentiment d’incer-titude est acquis et résulte d’un apprentissage. Puis, il est transmis et renforcé par les institutions de base de la société que sont la famille, l’école et l’État. Ses racines plongent dans l’irrationnel.

L’indice de contrôle d’incertitude d’un pays est l’expression du niveau d’anxiété qui existe dans une société donnée face à un avenir incertain. Ce niveau d’anxiété fait partie de la programmation mentale des membres de cette société dans leur famille, à l’école, puis dans leur vie d’adulte. Le degré de contrôle d’incertitude d’un pays mesure donc le degré d’inquiétude de ses habitants face aux situations inconnues ou incertaines. Ce sentiment s’exprime, entre autres, par le stress et le besoin de prévisibilité : on a besoin de rÈgles, écrites ou non.

L’anxiété ne doit pas Être confondue avec la peur qui a un objet bien précis (on a peur de quelque chose mais l’anxiété n’a pas d’objet). Emile Durkeim avait observé que les taux de suicide étaient étonnamment stables, dans un mÊme pays ou une mÊme région, d’une année à l’autre. Un taux de suicide élevé est l’une des conséquences d’un taux d’anxiété élevé dans une société. Richard Lynn, psychologue irlandais (v. HOFSTEDE 1994 :145 et suiv.), a mené une enquÊte dans dix-huit pays sur les phénomÈnes liés à l’anxiété. Il a découvert une corrélation entre un certain nombre d’indicateurs : le taux de morts par suicide, l’alcoolisme, le taux d’accidents mortels et le pourcentage de prisonniers, ou d’autres indicateurs comme la consommation de caféine, la ration moyenne de calories absorbées, le taux de décÈs par maladies coronariennes et la fréquence de psychoses chroniques. Lynn a calculé un indice d’anxiété pour chacun des dix-huit pays. Les indices les plus élevés étaient ceux de l’Autriche, du Japon et de la France ; les plus faibles ceux de la Nouvelle-Zélande, de la Grande-Bretagne et de l’Irlande. Certaines cultures sont plus anxieuses que d’autres Les cultures les plus anxieuses sont souvent les plus expressives ; seul, le Japon semble Être une exception à la rÈgle. Mais les Japonais ont un exutoire dans les beuveries, entre collÈgues, qui sont une façon, tout à fait institutionnalisée, de libérer l’anxiété. Dans les pays à faible contrôle de l’incertitude, le niveau d’anxiété est relativement bas. Selon l’étude de Lynn, on y constate plus de morts par maladies coronariennes. Cela peut s’expliquer par un degré d’ex-pressivité moins élevé : le stress ne peut pas s’exprimer extérieure-ment, il est intériorisé ce qui peut déclencher des problÈmes cardio-vasculaires. Lynn explique le grand nombre de patients atteints de psychoses, dans les pays à faible taux d’anxiété, par l’absence de stimuli mentaux dans ces sociétés : des stimulants comme le thé et le café y sont consommés en quantité, la consommation moyenne d’alcool (effet de relache) est faible. Dans les pays scandinaves, beaucoup d’hommes s’adonnent à la boisson de façon périodique et restent sobres entre ces courtes périodes oÙ l’alcool tient lieu de stimulant.

Dans les pays à fort contrôle de l’incertitude, les gens sont plutôt remuants, émotifs, agressifs et actifs. Dans les pays à faible contrôle de l’incertitude, ils donnent l’impression d’Être calmes, décontractés, retenus, indolents. L’étude réalisée en 1981 sur les systÈmes de valeurs des Européens (HOFSTEDE 1984 : 153), a utilisé l’échelle d’équilibre de l’affect de Bradburn, un indicateur général du bien-Être subjectif. Dans les pays à fort contrôle d’incertitude, les gens se sentent en moyenne moins bien, ce qui est une façon d’exprimer l’élément d’anxiété présent dans le contrôle de l’incertitude.

Il ne faut pas confondre contrôle de l’incertitude et contrôle du risque : l’incertitude est au risque ce que l’anxiété est à la peur. Le risque, comme la peur, se rattache à quelque chose de précis. L’incertitude et le risque sont des sentiments diffus. Plus qu’à réduire le risque, le contrôle de l’incertitude cherche à diminuer l’ambiguÃté. Les cultures à fort indice de contrôle de l’incertitude cherchent à structurer leurs institutions, leurs entreprises et mÊme les relations humaines. Les pays qui ont connu la domination romaine ont tous un indice de contrôle de l’incertitude élevé ; par contre, les pays de langue chinoise ont un ICI beaucoup plus faible. Ces deux empires étaient des Etats forts, mais trÈs différents sur le chapitre des lois. L’empire romain avait élaboré un systÈme de lois trÈs codifié. L’empire chinois n’a jamais connu le concept de loi, mais un gouvernement par les hommes, que l’on peut opposer au systÈme romain de 'gouvernement par la loi'.

Quand le niveau d’anxiété monte dans un pays, le contrôle de l’incertitude augmente ; cela se traduit par une montée de la xénopho-bie, de l’intolérance des fanatismes religieux et politiques. Le gouver-nement passe aux mains de fanatiques qui peuvent entrainer le pays dans la guerre qui va concerner d’autres pays qui n’avaient peut-Être pas le mÊme fanatisme mais oÙ le degré d’anxiété va monter du fait de la guerre. AprÈs la guerre le degré d’anxiété va baisser, alors la tolérance s’accroit et ensuite au bout de quelques années le processus s’inverse.

Les processus économiques jouent aussi leur rôle : les pays dont l’économie fonctionne bien génÈrent moins d’anxiété que ceux qui perdent du terrain sur le plan économique ou sont lourdement endettés.

Pour Sigmund FREUD nous sommes poussés à agir par le subconscient. Notre moi essaie de contrôler ces forces. Mais, il est lui-mÊme soumis à l’influence d’un censeur interne et inconscient. Ce sur-moi se développe au cours de l’enfance essentiellement sous l’influence des parents. Freud était autrichien et l’Autriche conjugue une faible distance hiérarchique et un fort degré de contrôle de l’incertitude, autrement dit un fort besoin de rÈgle, mais pas de dépendance psycho-logique par rapport à un supérieur. Ce concept reflÈte un modÈle culturel particulier et n’aurait pu apparaitre aux Etats-Unis oÙ le degré de contrôle de l’incertitude est moins élevé. Le sur-moi n’est jamais devenu un concept trÈs populaire auprÈs des psychanalystes américains. En Autriche et dans d’autres pays les rÈgles qui font partie de ce qu’on appelle 'la politique de l’entreprise' ne devraient pas Être considérées comme étant 'seulement de l’hygiÈne'. Renforcées par le sur-moi (ou en langage courant le sens du devoir) elles peuvent devenir des facteurs réellement motivants. Dans les pays oÙ la distance hiérarchique est forte, la dépendance par rapport à quelqu’un de plus puissant est un besoin fondamental qui peut Être réellement motivant.

Il ne serait peut-Être pas dépurvu de sens de clore ce chapitre sur un parallÈle anecdotique entre les Allemands, qui s'attendent à trouver un horaire des trains dans chaque compartiment, pour contrôler les éventuels retards et ce lord anglais qui répond à l'intervention du chef de train lui signalant la présence d'un boa sur la banquette d'en face : 'Désolé, Monsieur, cet animal ne m'appartient pas !'



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