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I
1. Présentation du livre, nom auteur, titre, maison d’édition, année de parution
Le sujet du livre
. Les idées théoriques sur l’histoire culturelle, arguments de l’auteur
4. Présentation d’un chapitre choisi
II.
Application sur “Le Cousin Pons” de Balzac
Maguelonne Toussaint-Samat
Maison d’édition Bordas,
Le livre de Maguelonne Toussaint-Samat est une présentation-géant de la nourriture, comme on peut déduire du titre. Cet ouvrage est une “histoire naturelle”: l’auteur nous apprend des dates sur les fruits exotiques, les légumes, l’histoire de la viande, le symbolique de la beurre, l’histoire des céréales, les trois aliments communiels ( l’huile, le vin, le pain et les gateaux), les potagers et les vergers. Mais cet ouvrage est aussi un ouvrage “morale”: il étudie les moeurs, les comportements, les modes que la nourriture fait naitre, les mythes et les symbols qui s’y rattachent (par exemple, l’histoire du poisson qui comprend le légéndaire de la peche, l’extravagance du poisson, le symbolique du poisson, les élévages du poisson).
2. Le sujet du livre
En ce qui concerne le sujet de ce livre, je pense que l’auteur essaie de nous faire connaitre non seulement l’histoire de la nourriture mais aussi ses significations morales et sociales. Chaque aliment est présenté avec ses origines, son histoire, les différentes formes sous lesquelles on peut l’encontrer, son symbolique, les divers procédés de préparation des produits. Ce livre est plus qu’une « histoire naturelle et morale de la nourriture » ; c’est un vrai océan d’informations interéssantes (recettes, usages, imaginaire de divers aliments et même aphorismes et petites histoires amusantes) qui offre aux lecteurs une image très compl te de la nourriture en général.
Les idées théoriques sur l’histoire culturelle, arguments de l’auteur
La diversité des pratiques alimentaires, ainsi que les espaces «de localisation et de relation» afférents contribuent à une compréhension des cultures au-delà de la seule
lecture anthropologique. Là où d'autres interrogeaient d'abord le corps social à partir des structures et des systèmes (Claude Lévi-Strauss ), quelques-uns se risquent aujourd'hui à lire les modes d'être ensemble aux manières de choisir, cuisiner et consommer des aliments (Claude Thouvenot ). Désormais, semble prétendre Julien Freund, «[de] ce point de vue la cuisine est un microcosme dans lequel se répercutent les phases du développement des sociétés, sauf qu'elle le fait avec la discrétion de la pratique quotidienne, sans se gargariser des concepts pompeux et grandiloquents du savoir théorique». D'autres cependant, et non sans rigueur méthodologique, au-delà de l'Histoire de l'alimentation (Jean-Louis Flandrin, Maguelonne Toussaint-Samat),
appréhendent la tradition et la modernité en osant une anthropologie des coutumes alimentaires. Au-delà des apologies ethnocentriques (Anthelme Brillat-Savarin, Jules Gouffé) l'étude systématique des pratiques culinaires nous permet désormais de cerner les origines et les évolutions d'une société.
Dans son livre “Histoire naturelle & morale de la nourriture”, Maguelonne Toussaint-Samat est d’opinion que la nourriture a été depuis toujours une motivation principale de l’évolution de l’homme. C’est- -dire que l’humanité a pris nombre, a émigreé et s’est frayé un chemin travers le monde la porsuite de la nourriture. “C’est pour se procurer toujours davantage de cette nourriture qu’elle exploita ces moyens qui devaient la faire évoluer vers la civilisation: armes, outils, industrie, organisation sociale.” La notion de “cuisine” a pris naissance avec la civilisation organisée, plus precisément une préparation raisonnée de denrées comestibles, selon un mode traditionnel propre chaque groupe social ou ethnique. “Cette tradition procédait la fois des ressources locales tributaires du climat, du sol et de la faune, mais aussi des tabous religieux vecteurs de préoccupations de salubrité ou de la sauvegarde du schéma de société.”
Ensuite, l’auteur
considère que la
nourriture est un élément, un facteur social, m me
une identité. Les goûts et le savoir-faire culinaire
donnent, en effet, un reflet de la mentalité des gens, comme le dit le
proverbe: “Dis-moi ce que tu manges, et je te dirai qui tu es”. L’aliment est donc un signe social.
Depuis les temps anthropologiques s’y rattachent des magies d’identification.
La nourriture du plus fort – comme sa religion, nourriture de l’esprit, - est
toujours la meilleure. Et le plus
L’étude de la nourriture rel ve tout autant de sciences humaines (ethnologie, ethnographie, sociologie, médécine, histoire..) que de l’analyse des milieux (géographie, climatologie, botanique, agronomie…)sans oublier que les besoins alimentaires sont le germe et la finalité de l’économie (le sucre, la pomme de terre). Mais il faut avoir aussi une démarche de la philosophie et une forme de l’art lorsqu’on pén tre dans le domaine de la gastronomie, “l’art de faire bonne ch re”, spécifie le Littré.
La gastronomie peut donc devenir une sorte de religion. Elle a ses chapelles, actuellement vouées au rite de la nouvelle cuisine, ses papes (Brillat-Savarin), ses bibles, ses chantres et ses marchands de temple. “De nos jours, les nouveaux modes de vie et le progr s technique (conserves, congélation), la banalisation des produits exotiques et le snobisme écologique sont devenus autant des facteurs disparates d’une révolution alimentaire dont on ne sait si elle débouchera sur les tablettes biquotidiennes, la cuisine chinoise universelle, le brouet l’ancienne ou les céréales germées en culture hydroponique à macher soixante fois. Comme on dit : tout fait ventre…
4. Présentation d’un chapitre choisi
Le poisson ne peut se dissocier de l’eau dans laquelle il vit et leurs deux symboles se confondent souvent s’ils ne se lient. Son extraordinaire fécondité et la rapide régénération des bancs évoquèrent très tôt l’idée de renaissance et de perpétuation des cycles. Ce n;est pas le hasard qui fait du signe double des poissons (principe male+principe femelle, donc procréation) le premier de la triade de printemps dans le zodiaque, juste avant l’équinoxe.
Au point de vue spirituel, le poisson est symboliquement utilisé dans plusieurs interprétations liées aux premiers concepts de fécondité et de régénération. Comme on ne voit le poisson que lorsqu’il effleure la surface des eaux, remontant des myst res des profondeurs , l’Inde ancienne en avait fait un instrument de la révélation qui permet de renaitre en soi-m me pour une autre vie plus riche et plus féconde. Avatar de Vishnou, un poisson sauva du déluge Man, le pére et le législateur des générations actuelles. Il lui remit les Veda, textes de la science sacrée.
Le poisson avait
été désigné comme la nourriture de car me
des seigneurs, partir du haut Moyen Age. La graisse et la
viande étaient
ressenties comme une nourriture rouge,
Dès l’aube des temps, la p che a procuré une des principales ressources alimentaires. La mer rec le beaucoup plus d’animaux vivants que les différents milieux terrestres (vingt mille poissons, dont la plupart sont coméstibles). L’homme y vit tout de suite de quoi satisfaire ses besoins de protéines. Il est probable qu’on attrapa d’abord la main les moins rapides des poissons des rivi res ou des rivages ou qu’on ramassa sure les plages les poissons abandonnés par la marée. Puis on récolta les coquillages.
L’art rupestre offre, travers le monde, de nombreuses représentations de poissons, sur des parois rocheuses ou sur des engins de p che, représentations qui montrent les goûts et les possibilités de nos lointains anc tres. Le saumon vient en tête et il devait être tr s abondant, comme il l’était au Moyen Age. Viennent ensuite la truite, le brochet, la perche, l’anguille, la lotte d’eau douce.
Le séchage et le fumage du poisson, comme de la viande, remontent l’usage du feu d’un bout l’autre de la planète. Le salage impliquait la proximité d’une source de sel, marin ou gemme, ou des stations sur les routes du sel. Le poisson ainsi conservé, séché, fumé ou salé représente encore une part imporatnete de l’alimentation des Africains, démontrant parfois des techniques artisanales qui n’ont pas changé depuis les millénaires. L’Inde védique en consommait beaucoup, mais les plus grands consommateurs de poisson sous tous les formes resteront toujours les Japonais.
Lorsqu’on se mit aimer le poisson il n’était pas un des trésors de la Méditerranée qui ne s’appréciait: daurades, muges, congres, rougets, turbots, mérous… Les alevins, ou apgies, que l’on faisait frire exactement comme la “sartanado” des Proven aux constituaient un plat de choix. On ne craignait pas de s’attaquer aux espadons, aux torpilles; m me les esturgeons des comptoirs de la mer Noire faisaient prime sur le march
La providence du poisson sal
Pour approvisionner les arri re-pays, il fallait, la plupart du temps, fumer, sécher ou saler les envois de poisson. On ne trouvait que peu de produits frais de la Méditerranée dans les comptes de pourvoirie des cours médiévales parisiennes pour une grande proportion de conserves alors que les chiffres s’inversent pour le poisson de la Manche ou de l’Atlantique. Le sud de l’Espagne, l’Algarve portugais, la Catalogne, la Provence et la Sicile chargeaient des bateaux entiers de thon salé, de poulpe séché, de sardines ou d’anchois en barils.
Le hareng ( roi du car me médieval) ne parvient que tr s
rarement isolé sur nos tables et l’on attribue un
certain Wilhelm Beuckelszon la gloire d’avoir trouvé, vers 1350, la mani re d’encaquer le hareng por la plus grande gloire de sa
patrie, la Hollande. L’encaquement des harengs était une excellente
opération commerciale. En traitant le poisson sur les lieux de p che, on évitait des aller et des retours coûteux,
d’autant que, la campagne étant
La morue ne fut vraiment consommée
comme telle qu’à partir du XVI-i me
si cle, et dans les diners
de gala. Jusqu’ l’époque de Michelet, on ne la distribuait le
plus souvent que salée ou plus ou moins séchée. On peut dire que la morue reste
un produit alimentaire universel. Les pays pauvres d’Europe, d’Amérique , des
On désigne sous le nom de “morue verte” la morue salée directement bord des bateaux, non pas cause de la couleur qui reste au contraire bien blanche, mais parce qu’elle est naturelle. Autrefois, les mourutiers qui pratiquaient la morue verte n’employaient pas tout le sel embarqué ( deux cents tonneaux par cinq mille quintaux de morue) et ils devaient le rapporter au port d’origine. A présent, la morue est livrée verte l’usine ou congelée.
La morue
simplement séchée est de tradition très
ancienne. Jadis, les pêcheurs la préparaient eux-mêmes sur les côtes de Terre-Neuve. Puis ils l’enterraient sous des
mottes de gazon et la récupéraient la campagne
suivante. Le climat hivernal de Terre-Neuve la congelait puis la dégelait
progressivement, ce qui la déshydratait petit
petit. A présent, on brosse soigneusement la morue verte et on la passe dans des
fours ventilés. Dans certains pays hispanophones de la côte
occidentale africaine ou aux
Le caviar, ce nec plus ultra des mets et le plus cher, est défini par Alexandre Dumas (qui n’hésitait pas parfois a crire des enormit s) dans son “Dictionnaire de cuisine” de la sorte: ”Caviar (sorte d’esturgeon). J’ai assist pendant un mois a la peche du caviar sur les bords de la mer Caspienne […]. La chair du caviar a une saveur d licate, qualit fort rare dans les poissons cartilagineux…” Le Larousse ne donne non plus une d finition correcte: ”Caviar: n.m. (de l’italien caviale). Aliment russe tr s estim , fait d’oeufs de poisson, principalement d’esturgeon, sal s et conserv s”.
Il faut donc pr ciser tout de suite que le caviar est constitu par les oeufs de la femelle d’esturgeon. Le mot “caviar” vient du tatare “khavia” qui ne d signait pas n’importe quels oeufs de poisson mais pr cis ment les oeufs d’esturgeon.
Si la consommation du caviar remonte a la plus haute Antiquit , elle ne fut, longtemps, que nourriture de pauvres p cheurs qui en d barrassaient le poisson pour pouvoir le vendre.
L’histoire des fruits de mer et des crustacés
D s le Paléolithique supérieur, les coquillages faisaient l’objet d’un trafic commercial un peu partout dans le monde: soit pour leur contenu, bonne nourriture, soit pur leurs coquilles vides, premi res monnaies, premiers bijoux, premiers instruments. Les cauris, minuscules porcelaines, n’ont pas perdu leur valeur en Afrique et, autour du bassin méditerranéen, l’un des premiers motifs artistiques des poteries fut créé par l’impression d’un petit coquillage, le cardial, sur la glaise encore fraiche. L’homme a eu donc avec les coquillages des rapports précoces qui débordaient du cadre alimentaire d’origine; on en a retrouvé dans des endroits fort éloignés de la mer, comme la superbe coquille Saint-Jacques exhumée de la grotte des Trois-Frères, en Ariège. Ayant examiné, dans plusierurs sites, des coquilles qui portent des traces de carbonisation extérieure, on a conclu qu’elles servirent de récipients culinaires.
Le climat du sud et de l’est de la Méditerranée rendant dangereuse la consommation des coquillages ou des crustacés quelque temps apr s la p che, ni les Egyptiens, ni les Juifs, leurs héritiers en certains principes diététiques, n’en usaient par habitude. Les Hebreux les mettaient au rang des aliments impurs, produits de l’eau dépourvus d’écailles et de nageoires, vite putrides pour les coquillages, nourris de charogne pour les crustacés.
Mais les Grecs de la haute période, puis les Grecs classiques se régalaient des fruits de la mer: huitres, moules, oursins, crabes dont les rivages découpés et rocheux abondaient. Le menu-po me d’un diner servi la cour du tyran Denys de Syracuse, rédigé par le po te Philoxène de Cythère nous renseigne sur certaines préparations, comme celle de coquillages apportés sur la table “tout ouverts et qui bruissaient encore en sortant dorés de l’huile o on les avait fait frire”. Les Athéniens aimaient aussi les langoustes, les huitres, les crevettes, les grises au bouquet et les oursins, qu’ils cuisaient dans du miel et menthe.
La langouste (ou le homard) “ l’américaine” dont Alexandre Dumas donne une fort excellente recette en son “Dictionnaire de cuisine” est réclamée bien haut par les Bretons, comme sauce “ l’armoricaine”, avec tous les épices et les alcools dont on fait usage. Le homard, crustacé des mers froides, est inconnu de la Méditerranée.
Depuis toujours, l’huitre a été le prétexte de préparations culinaires de haute gastronomie. Le poulet ou la dinde la sauce d’huitres, si éstimés par les sudistes américains et que l’on nous propose sous le nom de poulet (ou dinde) Rockefeller, était une recette connue d’Apicius, et de Menon la fin du XVIII-ième siècle. C’est d’ailleurs aux Etats-Unis ou au Qu bec que l’on retrouve des mollusques cuisinés, recettes certainement contenues dans les archives familiales des premiers colons.
Mais il faut tout de m me admirer la variété des fruits de mer, mollusques et crustacés apportés dans les villes médiévales par les chasse-marées et faisant bonne concurrence aux crustacés d’eau douce comme l’écrevisse.
Si l’on prend les livres de cuisine couvrant la période du XIV-ième siècle, on s’aperçoit que les premiers ne contiennent pas de recettes ni m me d’indications sur les appr ts d’huitres crues, le transport laissant peut être à désirer. “L’ouverture de cuisine”, parue en 1604, farcit un “pastez d’huistres”, après avoir lavé les chairs des mollusques dans un peu de vin blanc. La recette serait perfaite si elle ne manquait d’une certaine liaison. Ces “huistres” proviennent sans doute de la mer du Nord puisque ce livre est liégeois. Soixante ans plus tard, en 1664, “Le cuisinier fran ois” propose un rago t, c’est- -dire ce que nous appelons maintenant une marini re, d’ailleurs parfaite. Suivent les “huistres en baignets”, puis les “huistres rosties”. Et là, on lit: “Faut les ouvrir, et choisir les meilleures, les laisser dans leur écaille pour les manger fraiches…”. (Première mention d’une dégustation d’huitres crues.)
II La nourriture dans le livre “Le cousin Pons” – Honoré de Balzac
'Nous ne connaissons
point d'homme qui se soit encore attristé pendant la digestion d'un bon diner.
Nous aimons alors à rester dans je ne
Honoré de Balzac
“Cet homme, plein de délicatesse, dont l'ame vivait par une admiration infatigable pour la magnificence du Travail humain, cette belle lutte avec les travaux de la nature, était l'esclave de celui des sept péchés capitaux que Dieu doit punir le moins sévèrement: Pons était gourmand.” Puisqu’il était loin d’ tre riche, le vieux artiste se faisait inviter à table dans quelques grandes maisons et il satisfaisait ainsi ses go ts exquis.
Les plats favorisés
étaient évidemment ceux qu’il savourait aux tables de grandes maisons: les desserts, le
café, les liqueurs, le vin de Porto, la
caille au gratin , les plats soignés, les petits verres de liqueurs, le bon
café, le babil, les vins exquis, certaines crèmes, “de vrais poèmes! certaines
sauces blanches, des chefs-d'oeuvre! certaines volailles truffées, des amours!
et par-dessus tout les fameuses carpes du Rhin qui ne se trouvent qu'à
Le cousin Pons est plus qu’un simple personnage; la force et la maitrise avec lesquelles Balzac l’a construit en font toute une typologie: le Gourmand absolu qui fait presque tout pour sa drogue, la nourriture exquise: “il souriait à tout, il n'accusait, il ne défendait personne; pour lui, tout le monde avait raison. Aussi ne comptait-il plus comme un homme, c'était un estomac!”
“Le
génie de la faim… Depuis de l’aube des ages, poursuivre
sa nourriture, l’humanité a tracé les
chemins de la connaisance du monde. Le faim a été le moteur de sa
Autour de l’aliment se sont construites des civilisations, se sont perpétré des crimes, affrontés des empires, élaborées des lois, échangés les savoirs.
Tout le reste n’est que litterature…”
Bibliographie:
Maguelonne Toussaint-Samat
Maison d’édition Bordas,
BRILLAT-SAVARIN Anthelme
Physiologie du goût - Flammarion -
1982
FLANDRIN Jean-Louis, MONTANARI Massimo
Histoire de l’alimentation - Fayard
– 1996
Honoré de Balzac
Le Cousin Pons –Gallimard –1982
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