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La chimiothérapie -il serait plus adapté de
préciser chimiothérapie anticancéreuse- regroupe tout un ensemble de
médicaments permettant de s'attaquer aux cellules cancéreuses. Parmi ces
médicaments, certains sont anciens comme le méthotrexate, le 5 FU (5
fluoro-uracile), le cisplatine pour n'en citer que trois parmi une longue
liste, d'autres sont plus récents, voire très récents car les progrès dans ce
domaine sont fort heureusement incessants.
Des évolutions conceptuelles
Les premières chimiothérapies anticancéreuses étaient peu ciblées, autrement dit,
elles s'attaquaient aux cellules cancéreuses mais pas uniquement, de nombreuses
cellules saines étant également détruites par ces substances particulièrement
efficaces mais peu sélectives.
Aujourd'hui, la recherche développe des médicaments plus intelligents, plus
ciblés et qui peuvent emprunter une voie indirecte pour attaquer la cellule
cancéreuse plutôt que de la détruire directement, de façon agressive et plus ou
moins spécifique. Un exemple très parlant est celui de l'angiogenèse, autrement
dit de la formation de nouveaux petits vaisseaux sanguins dont la tumeur a
besoin pour croitre. Il suffirait qu'un médicament bloque cette angiogenèse qui
fait partie du processus tumoral pour que la tumeur soit privée des moyens
nécessaires à son développement.
Traiter un cancer, ce n'est plus seulement s'attaquer à la prolifération
cellulaire en détruisant les cellules, c'est comprendre comment une cellule
devient cancéreuse, autrement dit comment elle échappe à un phénomène normal de
régulation, comment elle crée un environnement propice à son développement,
comment, le cas échéant, elle organise sa dissémination.
Toutes ces questions ouvrent des voies de recherche qui sont déjà prometteuses
comme peut l'être l'immunothérapie qui consiste à aider l'organisme à activer
ses défenses immunitaires contre une tumeur.
Quelques molécules qui font parler d'elles
Herceptin® : cette
molécule, l'herceptine, est proposée dans certains cas en complément d'une
chimiothérapie conventionnelle pour traiter certaines formes de cancer du sein
(déterminées par l'existence d'un récepteur spécifique). Les résultats sont
encourageants et permettent de penser que les survies seront très nettement
améliorées par ce produit.
Glivec® : ce médicament
permet d'obtenir de très longues rémissions dans les leucémies myéloïdes
chroniques ou d'obtenir une réduction tumorale très importante dans des
sarcomes digestifs jusqu'à présent peu sensibles aux traitements médicamenteux.
Taxol® et Taxotère® : ces médicaments,
respectivement paclitaxel et docétaxel, appartiennent à une famille ancienne où
on trouve la vincristine. Mais ils apportent d'importants progrès. Ainsi, le
Taxotère® a récemment montré qu'il permet d'améliorer la survie dans le cancer
du sein métastatique, et qu'il pourrait également prévenir les rechutes.
Le cétuximab est un
anticorps monoclonal qui permet d'améliorer les résultats de la chimiothérapie
dans des situations difficiles comme certains cas de cancer colo-rectal en
situation d'échappement thérapeutique, c'est à dire ne répondant plus aux
chimiothérapies conventionnelles.
Des médicaments qui s'opposent aux facteurs de stimulation de l'angiogenèse
(inhibiteurs de VEGF) sont également en développement, donc en situation
d'études cliniques, avec des résultats encourageants. C'est le cas du
semaxanib.
Antagonistes d'intégrines, antagonistes des récepteurs de l'endothéline sont
d'autres classes de médicaments en cours de développement, témoignant de la
vitalité de la recherche pharmaceutique en matière de lutte contre le cancer.
Mais d'autres pistes de recherche existent, par exemple l'amélioration de la
galénique, c'est à dire la présentation du médicament.
Les progrès de la galénique peuvent permettre de diminuer la toxicité générale
d'un produit avec pour conséquence la possibilité de l'administrer à de plus
fortes doses au niveau même de la tumeur.
Quand le médicament est délivré
spécifiquement sur le site du cancer
Aucun cancer ne peut résister aux médicaments les plus puissants dont on
dispose, mais le problème est bien évidemment que ces médicaments ne sont pas
anodins et s'attaquent aussi aux cellules saines. Traiter un organisme attaqué
par un cancer est donc toujours une affaire de dosage, sinon de compromis,
consistant à administrer la plus forte dose possible d'une chimiothérapie
anticancéreuse, c'est à dire la dose la plus susceptible de détruire la tumeur
mais sans pour autant constituer une menace vitale pour l'organisme. C'est là
une des limites de la chimiothérapie administrée par voie générale et certaines
stratégies sont aujourd'hui développées pour
contourner cette limite et délivrer la chimiothérapie directement sur le site
de la tumeur.
Une façon de faire mais qui n'est pas entièrement satisfaisante, est
l'administration in situ, par l'intermédiaire d'un cathéter. Beaucoup plus
sophistiquée est « l'encapsulage » de la chimiothérapie dans des vecteurs
(missiles) qui vont avoir la propriété de reconnaitre la tumeur, donc de se
diriger spécifiquement vers elle, de la pénétrer et d'y libérer le médicament.
Celui-ci ne diffusant pas dans le reste de l'organisme peut donc être délivré à
des concentrations beaucoup plus élevées au niveau de la tumeur et donc
accroitre l'efficacité du traitement.
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