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Conçue comme l'étude des relations que le signe entretient avec l'objet de la réalité extralinguistique , ou plus précisément comme l'étude du sens des mots d'une langue , la ‘sémantique’ est la composante sémiotique qui nous offre un champ d'exploitation didactique pratiquement illimité, car ce qui nous intéresse le plus, c'est de trouver les voies les plus appropriées à la sémantisation du vocabulaire enseigné.
En effet, dans l'étude d'une langue étrangère, ce qui rend efficace la démarche didactique, c'est en premier lieu de former chez les apprenants la capacité de surprendre les modalités à travers lesquelles la langue en question reflète l'organisation de l'univers extralinguistique, autrement dit de pouvoir exprimer en langue étrangère ce qu'on est à même de dire en langue maternelle.
L'étude du sens a attiré l'attention des philologues, des linguistes, des psychologues, des philosophes, des sociologues, des didacticiens, etc. ; tous ont examiné la question sous un angle particulier, ce qui, loin d'en éclairer la nature, en rend la définition plus complexe, quelquefois obscure.
Le problème de la sémantique peut être abordé de trois points de vue différents : le point de vue 'psychologique', qui oriente sa recherche vers le substrat et le mécanisme psychologique grace auquel l'homme arrive à communiquer - il s'agit de savoir ce qu'est un 'signe' et ce qui se produit dans l'esprit de l'individu (aux deux pôles de la communication), lorsque la communication est réalisée; le point de vue 'logique', qui se propose de déterminer les rapports entre le signe et la réalité - il s'agit d'établir dans quelles conditions un signe peut s'appliquer à un objet ou à une situation de communication et quelles sont les lois qui gouvernent effectivement les interrelations et le sens; le point de vue 'linguistique' où l'accent est mis sur la recherche du contenu et les fonctions des mots de la langue; c'est le problème propre aux règles qui régissent les systèmes de signes de la langue.
Cette tripartition ne sera pas sans effet dans la didactique des langues. En ce sens, nous adopterons le point de vue de Georges Mounin qui observait que «l'analyse linguistique en sémantique est inextricablement compliquée par le fait qu'il faut bien accepter : l'apprentissage des significations se fait au moins par trois ou quatre voies différentes : la voie déictique (référentielle), et la voie situationnelle (on montre les choses; on perçoit les situations correspondantes aux énoncés); la voie linguistique (les significations sont acquises par des contextes d'autres mots); la voie logique (les 'situations' sont des contextes spéciaux minima, dits 'définitions', dont les propriétés sont très particulières)»
Le sens d'un signe s'établit en effet en fonction des situations, des contextes donnés, disons de certains niveaux, dans toute sa complexité.
Il serait vain de vouloir retracer dans notre cours les chemins compliqués de la discipline sémantique. Les bases d'une sémantique générale ont déjà été données par le cours de linguistique générale. Par ailleurs, cela ne servira pas beaucoup aux intentions méthodologiques de cet aperçu. Il est nécessaire tout de même d'apporter en discussion certains concepts fondamentaux qui ont trait à l'enseignement du français, langue étrangère.
La 'voie déictique' dans l'apprentissage des significations nous conduit implicitement à l'aspect référentiel du langage, à l'ouverture que le concept de référence opère dans la méthodologie des langues.
En ré-analysant la dichotomie saussurienne signifiant / signifié, Ogden et Richards arrivent à la conclusion que le caractère fondamental des symboles du langage est leur aspect ‘référentiel’. Selon cette théorie, les mots ne signifient rien en eux-mêmes, on pourrait parler de ‘signifié‘ seulement dans la mesure où les mots peuvent être 'tournés vers', 'référés à'.
Les auteurs de The Meaning of Meaning distinguent trois éléments de la signification : 1) le mot qui symbolise; 2) la pensée ou référence (qui se réfère à); 3) le référent ou l'événement. Le symbole (le mot) tient lieu de référent.
Sur le plan méthodologique, il semble bien évident que les contextes psychologiques et externes sont des conditions de la clarté et de la non ambiguïté du référent, du moment que le signe est lié à son référent par des contextes psychologiques et externes.
Il est clair que nous ne pouvons faire abstraction de la ‘situation-signe’ et que toute signification entraine un processus d'interprétation. Nous ne sommes plus au niveau purement linguistique ou du signe au sens large. La compréhension s'effectuera donc en fonction des contextes psychologiques ou situationnels. Le grand mérite d'Ogden et Richards est d'avoir réintroduit 'la chose nommée' dans la définition du signe. Dans cette perspective, la sémantisation du vocabulaire s'effectuera par une action psychique fondamentale bipolaire (forme signifiante et concept signifié), dans la mesure où il n'y a pas d'association directe entre le référent et le symbole la connexion entre la référence et le référent revient à la logique, donc à l'extralinguistique.
Par extension, la motivation dans sa double acception de motivation naturelle est un facteur qui se trouve à la base du processus de sémantisation : rapport entre la forme des mots et la chose signifiée (de nature acoustique) et de motivation extralinguistique, en ce sens que le sujet apprenant doit opérer un choix morphologique ou sémantique à l'intérieur d'un système linguistique constitué.
D'autre part, la sémantisation se réalise sous un double aspect : cognitivo-sémantique ou aspect expressivo-stylistique Dans chacun des deux cas, la langue possède des moyens appropriés de représentation : onomatopées, emprunts, dérivations, compositions, métaphorisations, etc.
D'un intérêt tout aussi grand que l'étude de la référence se révèle l'étude sémantique du couple oppositionnel dénotation / connotation.
Pour certains, le signe dénote la réalité extralinguistique à laquelle il est associé (« La dénotation est le rapport établi entre le signe et l'objet réel désigné [le référent] »). Et M. Tutescu d'observer à juste titre : «La relation de dénotation est beaucoup moins fréquente qu'on ne le croit : on parle des choses en leur absence plutôt qu'en leur présence» Vue comme telle, la dénotation ne peut constituer qu'une composante limitée dans la définition du signe. En effet, peu de mots de la langue présentent dans la constitution de leur sens le seul aspect dénotatif. Ces mots appartiennent surtout aux domaines scientifiques et techniques. Pour ce qui est du reste du lexique, c'est-à-dire la partie la plus importante quantitativement, les signes composants se réclament autant de l'aspect dénotatif que de l'aspect connotatif.
Si la dénotation est conçue comme un premier système de signification, constitué d'un signifiant (expression), d'un signifié (contenu) et de la relation entre ces deux plans, on admet que la connotation représente un second système de signification qui s'appuie sur le signe premier : «L'expression du signe dénoté engendre un système de signification propre : le mot 'flamme' dénote 'mélange gazeux en combustion, lumineux quand il contient des particules solides en suspension' et connote 'poésie', quand il est employé pour signifier 'amour'». Comme second système de signification, la connotation est donc porteuse d'informations précieuses sur la nature du code (oral, écrit), sur les niveaux et registres de langue (français populaire, familier, soigné), sur la personne même du locuteur. La connotation est, par conséquent, porteuse de signification énonciative, fournissant d'importantes informations sur la disposition affective du locuteur, sur son appartenance socioculturelle ou socioprofessionnelle, sur le type de communication qu'il emploie.
Dans le plan de l'enseignement du français, dénotations et connotations des unités lexicales doivent être structurellement associées. Il ne s'agit pas d'enseigner dénotation avant et connotation après, comme du plus simple au plus compliqué. Les deux aspects doivent s'enseigner à la fois dans le cadre des techniques langagières visant l'acquisition de la compétence de communication. Tous les deux sont le résultat d'un choix : référentiel et choix énonciatif.
D'ailleurs, le sujet parlant se trouve dans la permanente situation de choisir : à l'intérieur d'un inventaire connu l'élément le plus approprié à son intention communicative, choisir dans l'ensemble des règles de combinaison celles qui permettent un enchainement correct au point de vue grammatical, choisir enfin dans la série des unités de communication, celle(s) qui est/sont capable(s) de s'appliquer à telle situation et non à une autre. La tache en est difficile même pour un locuteur natif, mais à partir d'un certain age ces choix s'opèrent instantanément, les règles s'intériorisent et l'activité de parler ne suppose plus un effort spécial. Pour l'apprenant d'une langue étrangère, en échange, les écarts psychologiques qui se créent entre les différents types de choix amènent des handicaps langagiers. L'activité mentale déconstruit les composantes de la bonne formation linguistique des énoncés : le débutant est tantôt dans la situation de ne pas trouver vite le mot qu'il lui faut, tantôt de ne pas pouvoir appliquer le système de règles grammaticales propres à la langue enseignée, tantôt de s'exprimer correctement aux deux niveaux envisagés, mais d'ignorer les conditions d'emploi fournies par la situation de communication.
Le déplacement de l'accent sur le choix linguistique que le sujet parlant est appelé à opérer, nous détermine à nous arrêter un instant sur une autre dimension du sens, exprimée par l'existence de la dichotomie paradigmatique / syntagmatique. Cette distinction est due toujours à Ferdinand de Saussure qui considérait que l'axe paradigmatique est l'axe des associations, l'axe des unités se trouvant dans des relations oppositionnelles, l'axe des invariants susceptibles de se remplacer l'un l'autre dans un même syntagme, tandis que l'axe syntagmatique est l'axe des enchainements entre unités qui se manifestent linéairement dans un ordre déterminé
«La distinction de ces deux axes est d'une haute importance en sémantique. L'ensemble dynamique qu'est le sens est le résultat de la coopération des données paradigmatiques et syntagmatiques à la fois. S'il suppose certains invariants nucléaires, paradigmatiques, il ne saurait, en échange, être défini que syntagmatiquement
L'ambiguïté de signification ne peut être levée que par l'intermédiaire de l'axe syntagmatique, nous précisant, en cas de polysémie, de quel sens il est question :
Prendre la parole / Prendre le train
Sur le plan de la didactique du français, la question des axes peut justifier les diverses attitudes prises le long du temps par les différentes orientations méthodologiques : en accordant la primauté aux choix que la langue rend possibles du côté du sujet parlant, on arrive à privilégier le plan paradigmatique (dans ce cas, le niveau syntagmatique est considéré comme un simple préalable à la détermination de l'inventaire des possibles ). D'autre part, l'étude exclusive des environnements privilégie l'aspect syntagmatique et réduit les possibilités d'enrichissement des moyens d'expression.
Dans la définition du sens des unités lexicales, les deux mécanismes doivent être considérés comme interdépendants, ce qui, du point de vue méthodologique, suppose enseignement paradigmatique et syntagmatique à la fois.
Pour la plupart des usagers de la langue, il n'y a pas de différence nette entre les termes sens et signification. Ils sont considérés comme synonymes, et renvoient au contenu sémantique des unités envisagées.
Pris dans leur acception technique, les deux termes couvrent des sphères notionnelles différentes. Dans le plan conceptuel, le contenu sémantique de l'unité lexicale peut être interprété dans deux acceptions différentes :
- le contenu statique, la constante sémantique acquise dans le processus de constitution de la langue, en vertu de laquelle on se demande pourquoi tel mot est lié à un contenu sémantique déterminé et quels sont les rapports que celui-ci entretient avec les autres mots du système;
- la variable sémantique de l'élément lexical, en fonction des contextes où il est performé. Autrement dit, un mot prend des valeurs sémantiques spécifiques dans des contextes différents d'emploi.
En effet, une unité lexicale possède un contenu sémantique (un signifié) historiquement constitué et dont le locuteur natif a l'intuition. Ce contenu sémantique subit des modifications dans des contextes différents d'emploi. Ce phénomène est reflété par l'organisation même des dictionnaires.
Les termes attribués à ces deux attributs des contenus lexémiques sont ‘sens’ (pour le premier) et ‘signification’ (pour le second), et cela pour la majorité des spécialistes. Il y en a pourtant de ceux qui les entendent tout à fait inversement
Un mot aurait donc un seul sens et plusieurs significations, en fonction du nombre des emplois dans des contextes différents, étant connu le fait qu'une unité lexicale ne peut actualiser qu'une seule signification dans un contexte donné
Pour mieux définir les obstacles auxquels se heurte l'analyste et/ou l'enseignant quand il s'agit de mettre en lumière les processus de sémantisation lexicale, il faut s'arrêter un instant sur le rapport qui s'établit entre la structure linguistique et la représentation qu'elle donne de l'univers extralinguistique.
Il semble bien évident, d'après ce que nous avons dit, que le seul type d'analyse linguistique capable de résoudre le problème de la signification est celui qui considère le lexique comme une structure ou plus précisément comme un système de structures. Chaque mot tire sa valeur de la place qu'il occupe en rapport avec d'autres unités du système.
La façon dont le fait linguistique sectionne, découpe et présente le monde est toujours impliquée dans le concept de structure tel que nous l'imaginons. Il n'y aurait pas de structure linguistique représentative, c'est-à-dire un certain type de structure linguistique, sans la présence d'un monde sensible à représenter. « Une explication des faits de langue par des grilles rigides risque de n'être pas complète, de ne pas 'signifier', ou même de sectionner arbitrairement du point de vue linguistique ou d'un autre point de vue, ce qui est mis en mouvement par le mécanisme : la signification » La question ne doit pas être entendue d'une manière étroite : il ne faut pas croire qu'à des structures extralinguistiques correspondent des structures linguistiques. D'après les observations d'E. Arcaini, les structures linguistiques ne donnent qu'une certaine représentation structurale de la réalité qui est fortement marquée par les grilles descriptives, c'est-à-dire par le système linguistique
De ce point de vue, il est clair que la même 'chose' pourra recevoir une description sémantique différente suivant l'univers culturel où elle se trouve insérée. Et Arcaini d'observer également que la même 'chose', dans le même univers linguistique, aura une description sémantique différente suivant le point de vue où l'on se place pour décrire : « La langue s'organise de l'intérieur, mais elle effectue son mouvement en rapport avec le monde extralinguistique » Connaitre la structure sémantique signifie connaitre l'organisation de l'univers à tous les niveaux. Ce qui rend évidemment plus ardu le rôle de la sémantique qui devra, avec une analyse de type formel, pouvoir reconnaitre le monde qu'elle a évoqué, un monde prédisposé à la description suivant les chemins tracés par la langue maternelle; car l'expérience humaine est analysée de façon différente par des communautés linguistiques distinctes.
Depuis que les théories structuralistes ont fait fortune, il n'y a plus de doute en ce qui concerne la nature structurelle de l'organisation du lexique. Mais pour le lexique, contrairement à ce qui s'est produit en phonologie ou ce qui est en train de se produire en syntaxe, le problème est beaucoup plus complexe, car nous ne pouvons pas parler de champs bien délimités ou délimitables. Ses inventaires ne sont jamais finis et nous sommes devant la représentation d'un monde en évolution continuelle qui nécessite l'introduction de nouveaux signifiés, donc de nouveaux signifiants.
De l'idée de réseau associatif de Saussure qui se fonde sur le postulat suivant lequel toute création est basée sur les associations entre les mots à partir d'un mot qui est le centre d'une constellation associative on arrive bien vite à la notion de ‘champ sémantique’ qui consiste à représenter le lexique de la langue, ou mieux l'aspect sémantique du lexique, sous forme de système.
En partant de l'hypothèse de Trier conformément à laquelle « le lexique d'une langue est constitué d'un ensemble hiérarchisé de groupes de mots (ou champs lexicaux), chaque groupe de mots recouvrant exactement un domaine bien délimité au niveau des notions (ou champs conceptuels), et chacun de ces champs, tant lexical que conceptuel, étant formé d'unités juxtaposées comme les pierres irrégulières d'une mosaïque » les praticiens de la langue se sont efforcés de mettre en évidence ce réseau constitutif si parfait en théorie. Car, dans la pratique, la question s'est avérée beaucoup plus compliquée qu'on ne le croyait; en effet, l'analyse n'avait pas réussi à isoler que des microsystèmes limités, comme le champ des degrés de parenté, des couleurs, des animaux domestiques, faute de critères convenables de délimitation
Pour le didacticien et l'enseignant, le problème des champs n'est intéressant que dans la mesure où il entraine deux ordres de constatations fondamentales :
a) Chaque langue structure la réalité à sa propre façon et, par là même, établit les éléments de la réalité qui sont particuliers à cette langue donnée. L'universalité du concept amène en didactique des langues (à travers le signifié) le remplissage des cases vides par des données de la langue appartenant au sujet apprenant.
b) La délimitation des champs en fonction des données fournies par le sens exige un modèle d'analyse sémantique de contenu qui contribue tant au développement de la sémantique lexicale qu'à l'épanouissement de l'enseignement du vocabulaire.
Le modèle d'analyse mis en évidence par l'activité de délimitation des champs lexicaux, bien que n'ayant pas donné jusqu'à présent des résultats tout à fait satisfaisants, a tracé une méthode d'analyse du lexique qui permet d'affirmer le principe suivant lequel : a) le sens d'un mot n'est pas une unité indivisible mais composée; b) les mêmes 'atomes' de sens (les mêmes sèmes) se retrouvent dans l'espace du vocabulaire d'une langue
Ce type d'analyse dite ‘sémique’ ou ‘componentielle’ appelle en discussion quelques notions fondamentales.
Les lexèmes sont les unités minimales du niveau lexical de la langue, c'est-à-dire les morphèmes lexicaux dont la totalité constitue le lexique.
Sur le plan de l'expression, le lexème se laisse décomposer en unités de deuxième articulation , les phonèmes, tandis que dans le plan du sens, il peut être considéré comme une unité significative issue de la conjonction entre plusieurs unités minimales de signification, appelées sèmes : « Si le sème est l'unité minimale du plan sémantique de la langue, du plan du contenu, le lexème en est l'unité minimale du plan lexical, du plan de l'expression » Le sème est antérieur à toute manifestation dans le discours, il ne peut se réaliser à lui seul dans la parole, c'est un trait distinctif de sens qui appelle d'autres traits de même nature pour pouvoir s'affirmer comme unité de contenu, ce qui fait qu'un lexème soit constitué généralement de plusieurs sèmes : « Le lexème est un ensemble de sèmes reliés entre eux par des relations hiérarchiques » . Comme l'on peut observer sème et lexème présentent une différence de niveau de manifestation.
L'analyse visant la décomposition des lexèmes en sèmes constitutifs s'appelle, comme nous l'avons déjà précisé, analyse sémique ou componentielle. Son intérêt pratique se trouve dans le fait que c'est moyennant les sèmes qu'on peut structurer les ensembles lexématiques. Ce sont les sèmes qui permettent au linguiste de découvrir les microsystèmes lexicaux (comme l'a fait Bernard Pottier pour l'ensemble du microsystème 'siège'
L'analyse sémique permettra de découvrir que tous les sèmes ne se lexicalisent pas dans une langue, ou, en d'autres termes, la substance sémantique n'est pas toujours exprimable en termes lexicaux. Tous les lexèmes existant dans une langue ne trouvent pas de correspondance terme à terme dans une autre. Le sens non lexicalisé peut être exprimé à l'aide des paraphrases. Le processus d'apprentissage d'une langue étrangère doit surprendre justement cet aspect de la conversion du sens en mots, appelé sémantisation.
Du point de vue du sens pris dans son acception technique, les lexèmes se composent d'un nombre variable de sèmes, inhérents à leur nature sémantique, se révélant pour le natif à la simple audition ou lecture du mot.
Du point de vue de la signification, dans la composition sémique de l'unité lexicale s'opèrent certaines modifications dues à l'entourage contextuel. On pourrait dire qu'une unité lexicale est pourvue autant de traits inhérents de sens que de traits contextuels de signification, ces derniers appartenant à l'univers manifesté, à l'environnement syntagmatique Ces unités minimales de signification sont désignées par le terme de classèmes et constituent des restrictions sélectives, fonctionnant comme un ensemble de compatibilités sémiques qui assurent la cohésion de l'énoncé. Sèmes et classèmes forment ensemble le contenu de sens d'un lexème ou d'une lexie. Ce contenu de sens est habituellement désigné par le terme de sémème Un seul sème peut marquer la différence sémantique entre deux sémèmes (par exemple, entre “chaise” et “fauteuil” dans l'analyse de Pottier).
Toute cette terminologie pourrait paraitre fastidieuse si l'on ne tient pas compte des profits qu'on peut en tirer au point de vue didactique.
L'explication du sens d'un terme inconnu « rencontré au hasard d'une étude de texte » est généralement approximative et incomplète, parce qu'elle n'est jamais considérée comme une fin en soi. « Elle est approximative quand elle est improvisée, et incomplète quand elle est lexicographique » . Nous voulons dire par cela que les dictionnaires pratiquent d'habitude des définitions qui amputent le sens de sa dimension paradigmatique, en ignorant les rapports qu'entretient le mot avec les mots du microsystème lexical auquel il appartient - rapports particulièrement précieux puisqu'ils conditionnent le choix et l'appropriation des termes au moment de l'encodage.
Le sens d'un mot en contexte tient à la fois des autres mots présents dans l'énoncé et des mots absents, mais plus ou moins évoqués dans le projet d'énoncé Il apparait clairement que le meilleur moyen d'explorer le sens se retrouve dans l'exploitation conjuguée de ces deux voies.
Ce type d'analyse, magistralement marqué par Galisson assure une liaison continuelle entre le plan du discours et celui de la langue et réoriente le rapport compétence / performance.
Chaque terme nouveau devra être étudié dans ses rapports syntagmatiques (plan du discours) et dans ses rapports paradigmatiques (plan de la langue). Bien que trop éclectique pour le linguiste, cette approche structurale sera fructueuse pour le méthodologue, car il ne pourra échapper ni au discours, comme lieu de manifestation de la langue, ni à la langue en sa qualité de code.
D'autre part, pour faire l'analyse contrastive, il faut comparer évidemment des termes comparables. Mais tous les termes comparables (ceux qui ont un axe sémantique commun) ne le sont pas au même degré. « Ce sont les parasynonymes les plus proches (situés au même degré de généralité ou de particularité) qui permettent la meilleure analyse : ils ont de nombreux traits communs et leurs traits spécifiques respectifs entretiennent des relations de correspondance qui les rendent plus faciles à identifier »
L'analyse sémique permet donc de marquer nettement la limite entre les sèmes identiques et les sèmes spécifiques, et par cela elle sert beaucoup à faire saisir aux élèves tant les différences sémantiques intra-linguales que celles interlinguales. Mais si le découpage sémique résout certains problèmes, il en pose également. Le trait pertinent de nature sémantique est beaucoup moins facile à cerner que son homologue phonétique. Alors que la réalisation du phonème entraine celle de tous ses traits pertinents, la réalisation du mot pourrait déclencher l'actualisation de tous ou seulement d'une partie des siens et jamais leur réalisation formelle : « Malgré un remarquable faisceau de qualités, l'analyse sémique n'est pas une méthode d'investigation complète, puisqu'elle ne fonctionne qu'en langue. Elle peut répondre aux besoins du lexicographe, mais le pédagogue doit lui trouver un prolongement pour satisfaire à la nécessité de faire déboucher son enseignement sur le discours »
Par conséquent, l'enseignement du vocabulaire ne peut s'achever sur l'analyse sémique, parce qu'on ne retrouve pas toujours dans le discours le sémème qu'on a dégage dans la langue.
Comparons :
Prenez ce paquet et sortez !
Prenez la parole, s'il vous plait !
C'est à l'actualisation sémique, dans la terminologie de Robert Galisson, que revient cette tache de transposer, réduire ou transformer le sémème de base, c'est-à-dire d'assurer à l'unité lexicale son parfait fonctionnement dans le discours.
On pourrait dire que la distinction analyse sémique / actualisation sémique correspond, mais sur un autre plan, aux distinctions langue / parole, compétence / performance et même dénotation / connotation et sens / signification
Dans le discours (lire : les conditions d'emploi du lexème) le sémème décelé au niveau du code peut se transposer intégralement (les langages de dénotation), partiellement ou pas du tout. Comment pourrait-on expliquer autrement qu'une phrase comme : Tiens, c'est joli ! peut, dans des situations appropriées, signifier : C'est horrible, impensable !
L'actualisation sémique, ce contact permanent avec les conditions d'emploi de l'unité lexicale, cette révélatrice de significations et ce marqueur de performances, ne fait que corriger ce que l'analyse sémique a trop de systématique. Elle maintient, en outre, l'impression que la langue est un mécanisme vivant où tout est voué au renouvellement.
À lire absolument :
Georges Kleiber, La sémantique du prototype. Catégories et sens lexical, coll. « Linguistique nouvelle », Paris, Presses Universitaires de France, 1999.
François Rastier, Sémantique interprétative, Paris, Presses Universitaires de France, (1ère éd. 1987),
Bernard. Pottier, Sémantique générale. Paris, Presses Universitaires de France. 1992.
Jacqueline Picoche, Structures sémantiques du lexique français, Nathan, Paris, 1986.
Algirdas Julien Greimas, Sémantique structurale, Paris, Presses Universitaires de France, (1ère éd. 1966), 1986.
Robert Martin, Pour une logique du sens, Paris, Presses Universitaires de France, 1983.
John Lyons, Sémantique linguistique, Paris, Larousse, 1980.
Mariana Tutescu, Précis de sémantique française, Editura Didactica si Pedagogica, Bucuresti, 1979.
E. Arcaini, Principes de linguistique appliquée, Payot, Paris, 1972, p.163.
R. Galisson, D. Coste, Dictionnaire de didactique des langues, Hachette, Paris, 1976, p.481.
E. Arcaini, œuvre citée, p.162.
G. Mounin, Les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, 1963, p.163.
C. K. Ogden, I. A. Richards, The Meaning of Meaning, apud E. Arcaini, oeuvre citée, p.164.
E. Arcaini, œuvre citée, p.167.
Idem, p.168.
Ibidem
R. Galisson, D. Coste, Dictionnaire , p.362.
Ibidem
Voir infra, p. .
M. Tutescu, Précis ..., p.41.
M. Tutescu, Précis…, p. 41.
F. de Saussure, Cours de linguistique générale, Payot, Paris, 1971, pp.170-171.
M. Tutescu, Précis , p.38.
Cl. Germain, La sémantique fonctionnelle, P.U.F, Paris, 1981, p.23.
R. Galisson, D. Coste, œuvre citée, pp. 489-492. Voir aussi V. Turlan, V. Veja, 'Consideratii pe marginea unei probleme controversate. Semnificatie si sens', in BUG, Fascicula I, 1982.
M. Tutescu, Précis , pp.62-63.
E. Arcaini, Principes , p.172
Ibidem
E. Arcaini, Principes…, p. 173.
F.de Saussure, Cours , p.171.
G. Trier, apud Cl. Germain, oeuvre citée, p.42.
R. Galisson, D. Coste, Dictionnaire , pp.84-85.
E. Arcaini, oeuvre citée, p.180.
R. Galisson, Lexicologie et enseignement des langues, Hachette, Paris, 1979, p.129 et suivantes.
A. Martinet, Eléments de linguistique générale, A. Colin, Paris, 1970, pp.14-15.
M. Tutescu, Précis , pp.74-75.
Idem, p.76.
B.Pottier, apud M. Tutescu, Précis…, pp. 78-79.
M.Tutescu, Précis , p.80.
Idem, p.79.
Idem, p.84.
R. Galisson, Lexicologie , p., p.129.
Ibidem
R. Galisson, 'Analyse sémique, actualisation sémique et approche du sens en méthodologie', in Lexicologie , p.131.
Idem, pp.129-141.
R. Galisson, Lexicologie , p.134.
Idem, p.137.
Cf. supra, 1.4. Sens / signification, p.
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