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II est difficile d'écrire, sous peine d'omissions facheuses, une histoire, même succincte, des explorations spéléologiques, même si au préalable on s'est entendu sur ce dernier terme. Si l'on s'en tient au sens strict de spéléo-logie, son histoire remonterait au XIXe siècle et sa préhistoire au XVIIe. Si l'on parle d'explorations souterraines au sens large, il faut alors remonter aux temps préhistoriques : les Indiens de Salts Cave (Kentucky) il y a 2400 ans, les Maya du Mexique et du Guatemala, les sculpteurs des bisons du Tue d'Audoubert dans l'Ariège, etc. méritent autant que nous le titre de spéléologues.
Quelles qu'en aient été les fins, jamais n'ont cessé les incursions souterraines (recherche d'eau, exploitation minière, activité religieuse,). Si l'on se réfère à sa seule tradition écrite, faire l'histoire de la spéléologie est chose pensable. Si l'on se réfère à la tradition orale, aux vestiges archéologiques, la tentative devient aléatoire.
Alors, simplifions ! Le développement de la spéléologie moderne est strictement parallèle à celui des sciences. Nous pouvons en fixer le point d'émergence aux XVIIe-XVIIIe siècles (par exemple Jacques de Clugny fait en 1666 une description scientifique de la grotte d'Arcy-sur-Qure dans l'Yonne, France. On cite souvent 1748, année où, sur l'ordre de l'empereur d'Autriche, le mathématicien Nagel est descendu au fond de Macocha propast, Tchécoslovaquie).
Le choix de ces dates est arbitraire. Il n'a de sens que de montrer ceci : la démarche qui pousse l'homme à s'intéresser aux cavernes est désormais scientifique. Et elle va le demeurer jusqu'à nos jours. Cependant, à partir de la seconde guerre mondiale, du moins en Europe, vont apparaitre d'autres valeurs : ludiques, sportives. A la fin du XVIIIe siècle, le mouvement romantique d'un retour à la nature accélère un phénomène que la révolution industrielle et l'essor technologique du XIXe siècle vont amplifier et consacrer. Les grottes font l'objet de recherches pluridisciplinaires : aux sciences géologique, minéralogique ou hydrologique, se sont jointes la paléontologie, l'archéologie, la biologie
C'est au XIXe siècle que commencent les explorations systématiques de cavités (Mammoth Cave, États-Unis, à partir de 1802 ou bien Baradla barlang, Hongrie, à partir de 1794, par exemple) ou de régions karstiques : la Carniole (correspondant aujourd'hui au karst Slovène et triestin) est l'un des berceaux de la spéléologie européenne. En 1839, Lindner arrive au fond de la grotta di Padriciano et en 1841 de l'abisso di Trebiciano. Entre 1850 et 1857, Adolf Schmidl explore les grandes cavités du karst Slovène, suivi quelques années plus tard par A. Hanke, J. Marinitsch et F. Mùller. La traversée de Bramabiau par Martel en 1888 marque également une étape importante de notre histoire. Celui-ci, par ses campagnes d'exploration annuelles, va nous léguer des concepts et un champ d'investigation qu'il a étendu jusqu'aux limites de notre planète : la carrière spéléologique de Martel, c'est en raccourci l'histoire de la spéléologie au XXe siècle ! Hormis la plongée souterraine, rien de ce que nous découvrons aujourd'hui n'a été vécu, connu ou pressenti par lui.
Grace à Martel, ce qui fait notre force et ce qui nous distingue des Indiens de Salts Cave par exemple, c'est notre capacité d'archivé. Nous accumulons écrits, documents, nous construisons un savoir que désormais nous avons charge de gérer, faute de quoi l'oubli qui menace toute tradition orale et contre lequel cet Atlas entend lutter défera la toile que patiemment nous avons tissée.
Au cours du XXe siècle, se sont produites à la fois une expansion et une explosion de la «conquête souterraine» et c'est ce que nous avons essayé de comprendre. L'évolution des méthodes d'exploration, si elle a été déterminante, ne saurait à elle seule l'expliquer. La spéléologie est sous l'influence et la domination des nations industrialisées dans lesquelles le nombre de pratiquants est de plus en plus grand. Elle participe d'un mouvement, limité dans le temps, d'un retour à la nature favorisé par l'importance que les loisirs ont pris dans notre civilisation. Paradoxalement, le goût pour les activités de plein air (montagne, spéléologie,) est contemporain d'une colonisation galopante de nos terra incognita : les routes pénètrent profondément dans les massifs montagneux, les téléphériques se hissent au sommet des montagnes, les aérodromes se glissent au cœur des forêts tropicales, Retour à la nature d'un côté, mécanisation, motorisation de l'autre, le spéléologue moderne vit dans l'épreuve de ses contradictions. Comme l'alpiniste, il précède, de très peu, le temps où visiter, explorer une cavité deviendra banal. Il y a vingt ans, nous nous émerveillions d'un nouveau gouffre de 500 m de dénivellation. Aujourd'hui, un nouveau «-1000» est accueilli dans une relative indifférence. Est-ce le signe que nous approchons du terme de notre histoire ?
Plus prosaïquement, le graphique ci-dessous illustre la progression des découvertes[1]. En 1947, deux cavités seulement dépassaient les 500 m de dénivellation (système de la Dent de Crolles, France et anou Boussouil, Algérie). Six ans plus tard, deux autres gouffres les rejoignent : le Geldloch et la Piedra di San Martin. En 1960, cinq autres gouffres s'ajoutent aux quatre mentionnés ci-dessus. Puis, c'est une brutale accélération. En 1972, la première édition de l'Atlas recense 56 gouffres de plus de 500 m. En 1976, leur nombre atteint 92. En 1986, il dépasse les 220 (compte tenu de la «disparition» de certains d'entre eux du fait de leur intégration dans un-réseau ou un système).
En X, les années. En Y, le nombre de gouffres de plus de 500 m et de 1000 m de dénivellation.
Cette courbe n'est pas asymptotique et devrait atteindre bientôt un premier palier. Il faudrait alors construire une courbe avec les développements pour représenter, à long terme, la progression des découvertes spéléologiques.
A titre documentaire, outre les listes des 25 plus grandes cavités mondiales (dénivellation et développement), nous donnons une chronologie du record mondial de dénivellation, en essayant de restituer les cotes réelles (pour autant qu'elles soient précises) et non celles annoncées lors de l'exploration, ainsi qu'une chronologie des cavités ayant dépassé la cote des - 1000 m.
Une liste (aléatoire) des grands volumes souterrains, une liste (d'intérêt sportif) des grandes traversées et une liste (bien lacunaire) de quelques grands systèmes hydrogéologiques complètent cette présentation historique.
Bibliographie :
Shaw (Trevor) - History of Cave Science, A. Oldham éd., Wales, 1979, 2 vol., XVI-500-XXV p., 88 fig.
Courbon (Paul) - L'aventure spéléologique moderne, 1982, 4 p. (Convegno Internazionale sul Carso di Alta Montagna).
Chabert (Claude) - Le karst de haute montagne dans la spéléologie moderne, Atti Convegno Internazionale sul Carso di Alta Montagna, Imperia 1982, vol. I, 1983, pp. 173-179.
Chabert (C.) et Courbon (P.) - Les progrès de l'exploration spéléologique, Karstologia, 1983 (1) : 5-8.
LES PLUS PROFONDES CAVITES DU MONDE (au 30 avril 1986)
1. réseau Jean Bernard (Haute-Savoie, France) ( - 1494, + 41) 1535 m
2. Sneznaja(Abkhazian S.S.R., U.R.S.S.)- 1370 m
3. réseau de la Pierre Saint-Martin (France/Espagne) . - 1342 m
4. Laminako ateak (Navarra, Espagne).- 1338 m
5. sima del Trave (Asturias, Espagne)..- 1256 m
6. sistema Huautla (Oaxaca, Mexique).- 1252 m
7. réseau Rhododendrons-Berger (Isère, France)..- 1241 m
8. Schwersystem (Salzburg, Autriche)..- 1219 m
9. complesso Corchia-Fighiera (Toscana, Italie)..- 1215 m
10. Dachstein-Mammuthôhle (Oberôsterreich, Autriche) (-757, +423) 1180 m
11. Jubilaùmsschacht (Salzburg, Autriche).- 1173 m
12. sima 56 (Cantabria, Espagne)- 1169 m
13. sistema Badalona (Huesca, Espagne)..- 1149 m
14. sistema del Xitu (Asturias, Espagne)- 1148 m
15. Schneeloch (Salzburg, Autriche)(-969, +132)1101 m
16. sima G.E.S.M. (Malaga, Espagne)- 1098 m
17. nina Nanta (Oaxaca, Mexique)- 1080 m
18. Jagerbrunntrogsystem (Salzburg, Autriche).- 1078 m
19. gouffre Mirolda (Haute-Savoie, France) ( - 936, + 110) 1046 m
20. torca de Urriello(Cantabria, Espagne) . .(-1017, +5) 1022 m
21. anou Ifflis (Djurdjura, Algérie)- 1007 m
22. Lamprechtsofen (Salzburg, Autriche) . .. ( + 995, - 10) 1005 m
23. système de la Coumo d'Hyouernedo (Haute-Garonne, France).- 1004 m
24. Kievskaja (Uzbekistan, U.R.S.S.)..-990 m
25. spluga délia Prêta (Veneto, Italie).- 985 m
LES PLUS LONGUES CAVITÉS DU MONDE
1. Mammoth Cave System (Kentucky, États-Unis)…………500506 m
2. Optimisticeskaja (Ukraine, U.R.S.S.).157000 m
3. Hôlloch (Schwyz, Suisse).133050 m
4. Jewel Cave (South Dakota, États-Unis)..117965 m
5. Ozernaja (Ukraine, U.R.S.S.)..105300 m
6. sistema de Ojo Guarena (Burgos, Espagne)..88907 m
7. système de la Coumo d'Hyouernedo (Haute-Garonne, France)..82 500 m
8. Zoluska (Ukraine, U.R.S.S.)..80000 m
9. Siebenhengste-Hohgant-Hôhle system (Bern, Suisse) ..80000 m env.
10. Wind Cave (South Dakota, États-Unis)70039 m
11. Friars Hole Cave System (West Virginia, États-Unis) 68122 m
12. Organ Cave System (West Virginia, États-Unis)..60510 m
13. Fisher Ridge Cave System (Kentucky, États-Unis) . .59500 m
14. sistema Purificaciôn (Tamaulipas, Mexique).55078 m
15. système de la Dent de Crolles (Isère, France)53200 m
16. sistema del Silencio (Cantabria, Espagne)53000 m
17. Easegill Cave System (Cumbria/Lancs., Grande-Bretagne) 52500 m
18. Mamo kananda (S.H.P., Papouasie-Nouvelle-Guinée) 51825 m
19. réseau de l'Alpe (Isère/Savoie, France)51 777 m
20. gua Terangair (Sarawak, Malaisie)51 660 m
21. réseau de la Pierre Saint-Martin (France/Espagne) . .51 200 m
22. Crevice Cave (Missouri, États-Unis)..45383 m
23. complesso Corchia-Fighiera (Toscana, Italie)45000 m
24. Hirlatzhôhle (Oberôsterreich, Autriche)..44600 m
25. Cumberland Caverns (Tennessee, États-Unis)44444 m
CHRONOLOGIE DU RECORD MONDIAL DE DÉNIVELLATION
1723 Macocha propast[2] (Tchécoslovaquie) - 138 m
1839 grotta di Padriciano (Italie)..- 226 m
06.04.1841 abisso di Trebiciano (Italie).- 329 m
1909 Nidlenloch (Suisse)..- 376 m
10.08.1923 Geldloch (Autriche)..(-368, +96) 464 m
1934 antro di Corchia (Italie)..- 480 m
05.08.1944 système de la Dent de Crolles (France) (-365, +147) 512 m
07.08.1945 système de la Dent de Crolles (France) ( - 365, + 184) 549 m
04.05.1947 système de la Dent de Crolles[3] (France) . - 603 m
14.08.1953 sima de la Piedra de San Martin (Espagne) . - 689 m
25.09.1954 gouffre Berger (France)..- 903 m
29.07.1955 gouffre Berger (France)..- 985 m
11.07.1956 gouffre Berger (France).- 1122 m
13.08.1963 gouffre berger (France).- 1135 m
24.08.1966 réseau de la Pierre Saint-Martin[4] (France/Espagne) ..- 1171 m
10.08.1975 réseau de la Pierre Saint-Martin[5] (France/Espagne) :.- 1273 m
23.08.1975 réseau de la Pierre Saint-Martin[6] (France/Espagne) ..- 1321 m
05.07.1979 réseau Jean-Bernard[7] (France)..- 1358 m
02.03.1980 réseau jean-Bernard (France)..- 1402 m
28.02'.1981 réseau Jean-Bernard (France).- 1455 m
15.02.1982 réseau Jean-Bernard (France).- 1494 m
11.11.1983 réseau Jean-Bernard (France) (-1494, +41)1535m
N.B. Nous n'avons pas établi une chronologie du «record mondial» de développement. Une étude historique précise (comparaison des différentes topographies) pourrait réduire cette chronologie à la progression des découvertes dans la seule Mammoth Cave ! En 1955, le Hôlloch prend «officiellement» la première place, mais un calcul du développement selon le principe de discontinuité diminuerait sa longueur alors qu'il augmenterait celle de Mammoth Cave.
CHRONOLOGIE DES « -1000 m»
1. gouffre Berger 1956 -1122 m (1241)
2. réseau de la Pierre Saint-Martin 1965 -1000 m (1342)
3. réseau Jean-Bernard 1976 -1208 (1535)
4. Schneeloch 1978 1086 (- 954, +132) (1101)
5. sima G.E.S.M. 1978 -1074 (1098)
6. Lamprechtsofen 1979 1005 (-10, +995) (1005)
7. système de la Coume d'Hyouernède 28.8.79 -1004 ■ (1004)
8. sistema Huautla 9.5.80 -1220 (1252)
9. Laminako ateak 8.80 -1192 (1338)
10. sistema Badalona 1980 -1105 (1149)
11. Sneznaja 1980 -1200 m env. (1370)
12. sistema del Xitu 1981 -1139 (1139)
13. Schwersystem 1981 -1105 (1219)
14. Jubilaumsschacht 1981 -1050 (1173)
15. Dachstein-Mammuthohle 3.9.81 -1180 (- 757, +423) (1180)
16. torca Urriello 1982 1022 (-1017, +5) 1022)
17. Jagerbrunntrogsystem 1982 -1061 (1078)
18. complesso di Corchia 1983 -1210 (1210)
19. nina Nanta 1983 -1026 (1080)
20. sima 56 8.83 -1169 (1169)
21.simadelTrave 1984 -1172 (1256)
22. anou Ifflis 1985 -1007 (1007)
23. gouffre Mirolda ? 1046 (-936, +110) (1046)
Entre parenthèses, la dénivellation actuelle.
Les siphons ne sont plus un obstacle majeur à l'exploration des cavités et dans les années 80, de grandes plongées ont été réalisées par les spéléologues américains, australiens et français surtout. Aujourd'hui, les plus longs réseaux noyés explorés sont localisés dans une région géographique qui englobe la Floride et les Bahamas.
1. Cathedral Falmouth Cave System (Florida, États-Unis) . 10229 m
2. Lucayan Caverns (Bahamas)9184 m
3. Peacock Springs Cave System (Florida, États-Unis)..6 507 m
La notion de siphon ne se confond pas avec celle de réseau noyé. Difficile à préciser (présence de cloches d'air, variation du niveau selon la mise en charge des conduits), elle est plus sportive que scientifique : elle concerne la distance que doit parcourir le plongeur avant d'émerger, ou non, à l'air libre, distance qu'il doit également parcourir au retour. Citons :
1. doux de Coly (Dordogne, France)..3125 m
2. Cocklebiddy Cave, siphon n° 2 (Nullarbor Plain, Australie) . .2550 m
3. émergence sous-marine de Port-Miou (Bouches-du-Rhône France).2210 m
Pour la dénivellation, si on néglige l'aspect technique (plongées à l'air ou au mélange, aide en surface,), les cotes suivantes ont été atteintes :
1. -200 m dans la fontaine de Vaucluse (Vaucluse, France),
2. - 115 m dans Mystery Sink (Florida, États-Unis),
3. - 115 m dans le grand goul de la Tannerie (Ardeche, France).
Nous mentionnons quelques grandes remontées souterraines. Les chiffres donnés ne correspondent pas à la dénivellation totale qui a dû être escaladée, mais à la différence d'altitude entre les points extrêmes de l'escalade, quel qu'en soit le point de départ (entrée de la cavité ou bien point bas à l'intérieur de celle-ci) :
1. Lamprechtsofen (Autriche) + 995 m
2. Hôlloch (Suisse).+ 828 m
3. grotte de Gournier (France)+ 680 m
4. Nettlebed Cave (Aotearoa).+ 664 m
5. Poloska jama (Yougoslavie)-i- 519 m
Faute de pouvoir dresser des listes précises, nous nous contentons d'indiquer les trois plus longues colorations qui ont été effectuées à ce jour :
• Homat Bûrnù dùdenleri-Yedi Miyarlar (Turquie)..75 km
(Homat Burnii dùdenleri-Oluk kôprù, 56 km, sous réserves)
• gouffre de la Belette-fontaine de Vaucluse (France).46 km
- Skocjanske jame-ll Timavo (Yougoslavie-Italie)..40 km
Pour les colorations les plus profondes, nous avons retenu les systèmes suivants (certaines données étant obtenues par déduction) :
V. Iljukhina-Reproa (U.R.S.S.) 2308 m
2. Ural'skaja-MaCaj U.R.S.S. 1800 m
3. gouffre du Pourtet-Bentia (France) 1622 m
4. Lamprechtsofen Autriche 1600 m
5. gouffre Touya de Liet-fontaine des Fées France 1598 m
6. houet Faouar Dara-Antelias Liban 1573 m
7. Laminako ateak-lllamina Espagne-France 1538 m (si le pozo Estella et la sima An 6 appartiennent à ce même système, on aurait respectivement 1621 m et 1728 m).
8. gouffre des Trois Dents-lscoo France 1520 m
Le potentiel de ghar Parau (Iran) serait d'environ 1650 m.
Entrer par un orifice supérieur (perte ou gouffre), ressortir par un orifice inférieur (résurgence ou grotte), suivre le parcours de l'eau, c'est bien l'une des finalités de la spéléologie, voire sa quintessence : il s'agit à la fois d'une activité sportive et esthétique dans laquelle le touriste ou le visiteur de cavernes devient un voyageur. Compte tenu de notre expérience, la traversée de Purificaciôn nous semble être le modèle parfait du voyage souterrain.
Nous avons recensé les huit plus profondes traversées dont peu ont été accomplies avec rappel de corde et transport du matériel nécessaire à partir de l'entrée supérieure : certains mettent en oeuvre d'importants moyens techniques (les siphons de la Coume d'Hyouernède, le grand puits de Cueto), d'autres exigent un sens aigu de l'itinéraire (les nombreux puits-piège de la Dent de Crolles, les labyrinthes de Purificaciôn).
1. sistema Badalona Espagne 1149 m
2. système de la Coume d'Hyouernède France 966 m
3. sistema Purificaciôn Mexique 852 m
4. sistema Cueto-Coventosa Espagne 805 m'
5. complesso Fighiera-Corchia Italie 710 m
6. système de la Diau France 701 m
7. Raggejavre-Raige Norvège 617 m
8. système de la Dent de Crolles France 603 m
En spéléologie, la notion de salle souterraine soulève des difficultés qui ont été évoquées lors d'un Séminaire sur les Grands Volumes Souterrains, tenu à Paris en 1984 (cf. Mém. S.C. Paris, 1985, n° 12). Elle pose des problèmes de morphologie d'une part, et de topographie d'autre part. Faut-il par exemple considérer comme salle une galerie de très grande largeur ? Faut-il compter les grands puits à ciel ouvert ? Si oui, qu'en est-il des dolines ? et, songeant aux phénomènes non karstiques, des cratères volcaniques ?
Les salles souterraines, les puits, les dolines, peuvent être comparés soit par leur surface, soit par leur volume, toute chose impliquant une topographie dans laquelle longueurs, largeurs et hauteurs auraient été mesurées avec soin, exigeant autant de coupes que la morphologie du phénomène l'impose. Sans discuter tous ces points, nous proposons ici deux listes aléatoires, l'une des grandes «surfaces» souterraines (elle a été établie par John Ganter en novembre 1985), l'autre des grands «volumes».
1. Sarawak chamber Malaisie 162700 m2
2. torca del Carlista Espagne 76620 m2
3. Majlis al Jinn Oman . 58000 m2
4. Belize chamber Belize -.'.- 50050 m2
5. salle de la Verna France 45270 m2
6. gruta de Villa Garcia Mexique 40820 m2
7. gruta del Palmito Mexique 39730 m2
8. Kocain Turquie 37200 m2
9. Carlsbad Big Room Etats-Unis 33210 m2
10. sôtano de las Golondrinas Mexique 33110 m2
11. Chiquibul chamber Belize ' 32090 m2
1. Luse (doline) Papouasie-Nouvelle-Guinée 60 Mm3
2. Ora (uvala) Papouasie-Nouvelle-Guinée 29 Mm3
3. Minye (puits-doline) Papouasie-Nouvelle-Guinée 26 Mm3
4. sima mayor de Sarasarinama (puits) Venezuela 18 Mm3
5. sôtano del Barro (puits) Mexique 15 Mm3
6. Kavakuna (doline) Papouasie-Nouvelle-Guinée 15 Mm3
7. Korikobi (doline) Papouasie-Nouvelle-Guinée 14,6 Mm3
8. Sarawak (salle) Malaisie 12 Mm3
9. sôtano de las Golondrinas (puits) Mexique 5 Mm3
10. Korikobi (salle) Papoûasie-Nouvelle-Guinée 5 Mm3
11. Benua (salle) Papouasie-Nouvelle-Guinée 5 Mm3
Il est désormais bien établi que les grandes cavités ne sont pas l'apanage des seuls massifs calcaires. Il s'en forme aussi bien dans des roches solubles non calcaires (conglomérat, craie, gypse) et dans des roches non solubles et non calcaires (granité, gneiss, grès, lave, etc.).
Nous présentons, rangées par roches, quelques données spéléométri-ques bien succinctes (on se reportera à notre article «Les grandes cavités en roches pseudo-karstiques et non-karstiques» publié dans Spe-lunca, 1980(3): 109-115).
Conglomérat :
La plus profonde cavité du conglomérat est la bofia de Torremàs (Lleida, Espagne) -198 m et la plus longue OreSnaja (U.R.S.S.) 18000 m. Voir à Espagne, Népal, Turquie et U.R.S.S.
Craie, calcarénite, tuffeau (d'après Joël Rodet) :
La distinction entre craie et calcaire est parfois délicate à faire. La cavité à plus forte dénivellation est Weebubbie Cave (Nullarbor Plain, Western Australia, Australie) avec - 134 m. Les plus longues sont :
1. Mullamullang Cave (Nullarbor Plain, W.A., Australie)..10800 m
2. grotte de Rouffignac (Dordogne, France)7000 m env.
3. Cocklebiddy Cave (Nullarbor Plain, WA, Australie)6500 m
Granité, gneiss (d'après Robert W. Carroll, Jr.) :
De formation tectonique, les grottes de granité sont généralement des grottes-fissures ou bien des grottes-éboulis. La plus profonde, Green-horn Cave (California, États-Unis) atteint - 152 m.
1. T.S.O.D. Cave, anorthosite (New York, États-Unis)3977 m
2. Bodagrottorna (Gavleborg, Suède).2606 m
3. Bat Cave, gneiss (North Carolina, Etats-Unis).1694 m
4. M.B.D.A.T.H.S. Cave, granité (New Hampshire, États-Unis) . . 1615 m
5. Greenhorn Cave (California, États-Unis)..1 557 m
Grès, quartzite :
Pour connaitre les huit plus profondes cavités, se reporter à Venezuela où la cote -362 m a été atteinte. Brésil et Colombie possèdent également de grandes cavités gréseuses. Les plus longues sont :
1. cova del Serrat del Vent (Barcelona, Espagne)3216 m
2. fontaine du Vignal (Ardèche, France)..1 900 m
3. Mogoto Cave (Transvaal, Afrique du Sud).1615 m
4. sima de la Lluvia (Bolivar, Venezuela)..1352 m
Gypse (d'après Stephen Kempe) :
Les cinq plus longues grottes sont soviétiques (voir à U.R.S.S.), atteignant un maximum de 157 km. On trouve aussi de grandes cavités aux Etats-Unis, en Italie et en Libye. Les plus profondes sont :
1. Shakta A (Piemonte, Italie).- 200 m
2. tunel dels Sumidors (Valencia, Espagne).- 150 m
3. cueva C 2 (Almeria, Espagne)..- 129 m
Lave, basalte:
Si, pour classer les cavités selon leur dénivellation, on ne prend pas en compte les cratères et fissures volcaniques, on se heurte alors au problème que pose la segmentation des tubes de lave (problème qu'on retrouve à propos du développement). Comme pour certaines cavités du karst tropical, il faudrait parler de système volcanique et classer, d'amont en aval, les différents segments qui le composent.
1. Leviathani Cave (Kibwezi, Kenya).- 408 m
Dénivellation totale du système : 465 m.
2. Ainahou Ranch Cave (Hawaii, États-Unis)- 352 m
3. cueva del Viento, segment Breveritas (Canarias, Espagne) . - 262 m
Dénivellation totale du système : 478 m.
1. Manjung-gul (Je Ju Do, Corée du Sud)13268 m
Longueur totale du système.
2. Bilremos-gul (Je Ju Do, Corée du Sud)11749 m
3. Kazamura Cave (Hawaii, Etats-Unis).11 713 m
4. Leviathani Cave (Kibwezi, Kenya).11152 m
Le plus long segment : 9 152 m.
Sel (d'après Ica Giurgiu et Amos Frumkin) :
Les plus grandes cavités du sel se trouvent en Israël (voir à ce pays). À celles-ci, nous pouvons ajouter la grotte du cirque de Bol'Soj (Pamir, U.R.S.S., - 120 m et 1029 m) et la pestera 6S de la Minzalesti (Vrancei, Roumanie, 3160 m). Algérie et Espagne possèdent également ce type de grottes.
Les gouffres permettent des comparaisons précises : tradition orale et tradition écrite y sont bien distinguées. Pour les grottes, la construction d'un graphique de même valeur ne serait possible qu'à partir des années 60-70 seulement.
aujourd'hui intégré dans system Amatérskej a Punkevnej jaskynë (-192 m)
jonction avec entrée supérieure, P 40
jonction avec entrée supérieure, Basaburuko lezia
jonction avec entrées supérieures, gouffres M3/M13.
jonction avec entrée supérieure, gouffre du Beffroi.
jonction avec entrée supérieure, B 21.
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