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L'enchainement et la liaison
L’enchainement et la liaison sont deux phénomènes qu'on observe dans la langue parlée. Leur fonction essentielle est de faciliter la prononciation des mots lorsque ceux-ci sont prononcés les uns à la suite des autres dans des phrases ou des expressions qui comprennent plus d'un mot.
L’enchainement et la liaison réorganisent la structure syllabique des mots qui font désormais partie d'une phrase ou d'une expression. Cette réorganisation de la structure syllabique a une influence sur le rythme de la phrase, son accentuation; bref, sur sa prosodie, comme nous le verrons au prochain tutoriel. En attendant, notre objectif principal est d'examiner en quoi consiste l'enchainement et la liaison.
(A) L'enchainement
L’enchainement, le mot le dit, est le fait d'enchainer à l'oral deux mots qui se suivent en joignant la dernière consonne ou la dernière voyelle prononcée d’un mot à la voyelle du mot suivant.
On distingue deux types d'enchainement:
1) L'enchainement consonantique
L’enchainement consonantique est le fait de lier la consonne finale normalement prononcée d’un mot à la voyelle qui débute le mot suivant.
L'enchainement à pour effet de modifier la structure syllabique des deux mots qui se suivent, lesquels sont désormais prononcés en un seul groupe de souffle, c'est-à-dire sans qu’il y ait de coupure de voix entre eux deux.
Voici un exemple d'enchainement consonantique.
L'enchainement consonantique (suite)
Ecoutez la prononciation des mots suivants dans deux segments isolés:
Ecoutez maintenant les mêmes mots à l'intérieur cette fois d'un même segment:
« tête arrondie » Dans ce dernier exemple, le [t] de 'tête' est enchainé au [a] de 'arrondie' et la structure syllabique résultante est désormais la suivante:
[tè / ta / rô / di].
2) L'enchainement vocalique
L’enchainement vocalique est le fait de lier la voyelle finale prononcée d’un mot à la voyelle qui débute le mot suivant.
Les mots sont enchainés en un seul groupe de souffle, sans qu’il y ait de coupure de voix entre eux. L'enchainement vocalique se fait naturellement et la structure syllabique reste intacte, comme le suggère l'exemple suivant:
L'enchainement vocalique (suite)
« J'ai eu un billet. »
Dans cette séquence, 'ai' est enchainé à 'eu', lui-même enchainé à 'un' dans un même groupe de souffle (il n'y a pas d'arrêt de la voix entre les mots).
Notez que l’enchainement vocalique diffère du phénomène de transition articulatoire que l’on remarque lors du passage entre la semi-voyelle et la voyelle qui suit. En effet, l’enchainement vocalique conserve la netteté articulatoire et la valeur de syllabe des deux voyelles enchainées tout en produisant l’impression d’un son continu. La transition articulatoire, quant à elle, fait en sorte que le contact entre la semi-voyelle et la voyelle qui suit ne produise qu’une seule et même syllabe.
Voici un exemple contrastif.
L'enchainement vocalique (suite)
Comparez les coupes syllabiques des exemples suivants:
« (Il) y / est. »
« lui »
Dans le premier cas, il s’agit d’un enchainement vocalique; la valeur de syllabe du [i] de 'y' et celle du [è] de 'est' est conservée.
Dans le second cas, il s’agit d’une transition articulatoire; la semi-voyelle [y] et la voyelle [i] dans 'lui' ne forment qu’une seule et même syllabe.
(B) La liaison
La liaison, le mot le dit, consiste à lier à l'oral deux mots qui se suivent de manière à recréer un contexte favorable à l'enchainement consonantique.
Elle se fait, cette liaison, en insérant une consonne entre les deux mots à lier.
La liaison est basée sur des principes grammaticaux desquels découlent des règles de liaison bien précises.
La liaison, en plus de faciliter la prononciation des mots, occupe un rôle important au niveau du discours oral.
1) L'enchainement consonantique
L’enchainement consonantique est le fait de lier la consonne finale normalement prononcée d’un mot à la voyelle qui débute le mot suivant.
L'enchainement à pour effet de modifier la structure syllabique des deux mots qui se suivent, lesquels sont désormais prononcés en un seul groupe de souffle, c'est-à-dire sans qu’il y ait de coupure de voix entre eux deux.
Voici un exemple d'enchainement consonantique.
L'enchainement consonantique (suite)
Ecoutez la prononciation des mots suivants dans deux segments isolés:
'tête'
'arrondie'
Ecoutez maintenant les mêmes mots à l'intérieur cette fois d'un même segment:
« tête arrondie »
Dans ce dernier exemple, le [t] de 'tête' est enchainé au [a] de 'arrondie' et la structure syllabique résultante est désormais la suivante:
[tè / ta / rô / di].
2) L'enchainement vocalique
L’enchainement vocalique est le fait de lier la voyelle finale prononcée d’un mot à la voyelle qui débute le mot suivant.
Les mots sont enchainés en un seul groupe de souffle, sans qu’il y ait de coupure de voix entre eux. L'enchainement vocalique se fait naturellement et la structure syllabique reste intacte, comme le suggère l'exemple suivant:
L'enchainement vocalique (suite)
« J'ai eu un billet. »
Dans cette séquence, 'ai' est enchainé à 'eu', lui-même enchainé à 'un' dans un même groupe de souffle (il n'y a pas d'arrêt de la voix entre les mots).
Notez que l’enchainement vocalique diffère du phénomène de transition articulatoire que l’on remarque lors du passage entre la semi-voyelle et la voyelle qui suit. En effet, l’enchainement vocalique conserve la netteté articulatoire et la valeur de syllabe des deux voyelles enchainées tout en produisant l’impression d’un son continu. La transition articulatoire, quant à elle, fait en sorte que le contact entre la semi-voyelle et la voyelle qui suit ne produise qu’une seule et même syllabe.
Voici un exemple contrastif
L'enchainement vocalique (suite)
Comparez les coupes syllabiques des exemples suivants:
Dans le second cas, il s’agit d’une transition articulatoire; la s
Les règles de la liaison
Liaison et grammaire
La liaison apparait entre deux mots dans la phrase dans des contextes bien
particuliers qui dépendent de la grammaire de cette phrase.
On sait que la phrase contient un ensemble de mots structurés qui entretiennent entre eux des relations particulières, ces relations étant plus ou moins étroites. Les mots qui la composent sont regroupés en ce que l'on appelle des groupes syntagmatiques. On verra que la liaison s’effectue principalement à l'intérieur de ces groupes syntagmatiques et plus précisément qu'elle s'effectue entre les mots de ces groupes qui entretiennent entre eux des liens étroits.
Les groupes syntagmatiques
Un groupe syntagmatique (groupe du verbe: GV, du nom: GN, de l'adjectif: GA, etc.) se compose obligatoirement d'un élément principal -le noyau syntagmatique (le verbe dans le GV, le nom dans le GN, etc.)- et facultativement d'éléments qui le précèdent -ses spécifieurs (les déterminants et adjectifs dans le GN, pronoms dans le GV, etc.)- et qui le suivent -ses compléments (objet direct: COD, objet indirect: COI, circonstanciel: CC, etc.).
De manière générale, la liaison est obligatoire entre les spécifieurs et le noyau du groupe syntagmatique.
Elle est interdite ou facultative entre le noyau du groupe syntagmatique et ses compléments.
Les liaisons obligatoires
(A) Les liaisons obligatoires à l’intérieur du groupe du nom:
(B) Les liaisons obligatoires à l’intérieur du groupe du verbe:
(C) Les liaisons obligatoires entre le GN sujet et le GV:
(D) Les liaisons obligatoires dans d’autres contextes:
Groupe du nom
On fait toujours la liaison entre le déterminant et le nom qui l’accompagne.
Il s’agit plus précisément de l’article défini (les), des articles possessifs (mon, ton, son, mes, tes, ses, nos et vos), de l'article démonstratif (ces), des déterminants interrogatifs (quels et quelles) et des déterminants indéfinis (un, des, certain, certains et certaines).
On dira, par exemple:
'nos ordres'
Groupe du nom (suite)
On fait toujours la liaison entre le déterminant et l’adjectif qui l’accompagne.
On dira, par exemple
« trois immenses souris »
Groupe du nom (suite)
On fait toujours la liaison entre l’adjectif et le nom qui l’accompagne.
On dira, par exemple:
Dans le cas des adjectifs qui se terminent pas une voyelle nasale, cette voyelle est dénasalisée lorsque que la liaison se fait avec le son [n].
Groupe du verbe
On fait toujours la liaison entre le verbe et le pronom complément qui le suit (Les pronoms qui commencent par une voyelle: 'y' et 'en').
On dira, par exemple:
Groupe du verbe (suite)
On fait toujours la liaison entre le pronom complément (Les pronoms qui se terminent par une consonne: 'les' et 'en'.) et le verbe lorsque celui-ci précède le verbe.
On dira, par exemple:
'Il les envoie.'
GN et GV
On fait toujours la liaison entre le pronom sujet (on, nous, vous, ils, elles) et le verbe.
On dira, par exemple:
«nous arrivons»
«ils aiment»
GN et GV (suite)
On fait toujours la liaison entre le verbe et le pronom sujet inversé (Ce sujet inversé est: il, elle, on, ils, elles.).
On dira, par exemple:
«Rougissent-ils?»
Attention!
Lorsque l'on inverse un verbe se terminant par un 'e' muet (3ème personne du singulier du présent de l'indicatif), il faut ajouter un 't' de liaison à l'écrit. Ce 't' de liaison est la seule marque de liaison que l'on rencontre à l'écrit.
Observez:
'Elle danse.'
'Danse-t-elle?'
GN et GV (suite)
On fait toujours la liaison entre le pronom sujet et les pronoms «en» et «y».
On dira par exemple:
«Ils y vont demain.»
«allez-vous-en!»
Autres contextes
On fait toujours la liaison entre l'adverbe et le mot qui suit.
Notamment les adverbes monosyllabiques tels que 'bien', 'moins', 'très', 'plus', etc.
On dira, par exemple:
'très acide'
Autres contextes (suite)
On fait toujours la liaison entre la préposition et le mot qui suit.
Notamment avec les prépositions monosyllabiques telles que 'dans', 'sous', 'dès', 'sans', 'en', etc.
On dira, par exemple:
'dès aujourd'hui'
Autres contextes (suite)
On fait toujours la liaison entre «quant» ou «dont» le mot qui suit.
On dira, par exemple:
Autres contextes (suite)
On fait généralement la liaison entre les mots qui forment un mot composé ou une locution. On reconnait le mot composé ou la locution au fait qu'on ne peut y soustraire, y ajouter, y remplacer ou y commuter un seul mot sans que le sens en soit changé.
On dira, par exemple:
«vis-à-vis»
«c’est-à-dire»
Les liaisons interdites
(A) La liaison interdite à l’intérieur du groupe du nom:
(B) Les liaisons interdites à l’intérieur du groupe verbe:
(C) Les liaisons interdites entre le groupe du nom sujet et le groupe du verbe
(D) Les liaisons interdites dans d’autres contextes:
Dans le groupe du nom
On ne fait jamais la liaison entre le nom au singulier et le mot qui suit.
On dira, par exemple
«le nid / embelli»
«un bonbon / alléchant»
Dans le groupe verbal
On ne fait jamais la liaison entre le verbe et un autre verbe à l’infinitif (liaison facultative si précédée d'un auxiliaire ou semi-auxiliaire).
On dira, par exemple:
«vous pensez / obtenir»
Dans le groupe verbal (suite)
On ne fait jamais la liaison entre le verbe conjugué (de l'indicatif présent ou du subjonctif présent) à la 2ème personne du singulier et ce qui suit.
On dira, par exemple
« tu gardes / un secret »
Dans le groupe verbal (suite)
On ne fait jamais la liaison entre le participe passé et son complément.
On dira, par exemple
«nous sommes allés / au cinéma»
Entre GN / GV
Mis à part les quelques cas de liaisons obligatoires on ne fait jamais la liaison entre le groupe du nom sujet et le groupe du verbe.
On dira, par exemple:
«Les chiens / aboient.»
Dans d'autres contextes
On ne fait jamais la liaison entre le mot «et» et le mot qui suit.
On dira, par exemple:
«un bébé et / un chat»
«et / alors»
Dans d'autres contextes (suite)
On ne fait jamais la liaison entre la préposition et le nom propre qui suit.
On dira, par exemple
«après / Annie»
Dans d'autres contextes (suite)
On ne fait jamais la liaison entre un mot qui commence par un «h» aspiré et ce qui précède.
En français, on distingue le «h» aspiré du «h» muet, bien que ces deux «h» soient muets phonétiquement.
La distinction entre les deux types de «h» est essentiellement étymologique. Aucun indice ne permet de reconnaitre le type de «h»: on ne peut se fier qu’à l’usage et au dictionnaire.
On dira, par exemple:
mais
Dans d'autres contextes (suite)
Dans certains groupes figés, la liaison ne se fait pas.
C'est le cas des groupes figés qui entretiennent une relation de cohérence faible entre les éléments qui les composent. Ce sont des groupes aisément décomposables.
On dira, par exemple
tort / ou à raison'
Dans d'autres contextes (suite)
On ne fait jamais la liaison devant les mots «un», «huit» et «onze». On dira, par exemple:
Les liaisons facultatives
Les liaisons facultatives sont des liaisons qui ne sont ni obligatoires, ni interdites: elles sont conseillées. La seule véritable règle qui régit les liaisons facultatives est celle des niveaux de langue en fonction de la situation de communication dans laquelle on se trouve.
Ainsi, on remarque que plus le registre est soutenu, plus les liaisons facultatives sont nombreuses et inversement que plus il est familier, plus les liaisons facultatives sont rarifiées. L’usage conseille donc de faire davantage de liaisons facultatives dans un contexte formel de communication (à la lecture par exemple).
Voici quelques règles de liaisons facultatives recommandées.
Entre verbe et nom ou adjectif attribut
Il est conseillé de faire la liaison entre le verbe et l'adjectif ou le nom attribut qui le suit.
On dira, par exemple
'Il parait_attentif.'
Après 'quand' et 'dont'
Il est conseillé de faire la liaison entre «quand» ou «dont» et le mot qui suit.
On dira, par exemple:
«la fille dont_ il me parle»
«quand_on voit»
Ces deux liaisons sont très systématiques dans la langue parlée; on pourrait les placer parmi les liaisons obligatoires.
Après 'être' à la 3e personne
Il est conseillé de faire la liaison entre l'auxiliaire 'être' à la 3ème personne et le participe passé ou l'adjectif attribut qui suit.
On dira, par exemple:
La liaison souvent considérée obligatoire avec le présentatif 'c'est' et la forme impersonnelle 'il est' comme dans:
Entre le nom au pluriel et l'adjectif
Il est conseillé de faire la liaison entre le nom pluriel et l’adjectif qui suit.
On dira, par exemple:
« des jeux_ enfantins».
Après un semi-auxiliaire
Il est conseillé de faire la liaison entre les semi-auxiliaires «aller, avoir, devoir, pouvoir, falloir, vouloir» et le mot qui suit.
On dira, par exemple:
«ils voudront_une maison».
Le rôle de la liaison
1- Un rôle grammatical
La liaison permet, à l’oral, de distinguer par exemple le singulier du pluriel.
Ecoutez les exemples suivants:
Ici, c'est la consonne de liaison [z] entre le déterminant et le nom qui permet de distinguer le nom singulier du nom pluriel.
Le rôle de la liaison (suite)
Quand la terminaison d'un verbe, par exemple, ne nous fournit pas d'indice audible (que l'on peut entendre), seule la consonne de liaison entre le pronom sujet et son verbe nous permet de distinguer, par exemple, la troisième personne du singulier de celle du pluriel.
Comparez en effet les deux phrases suivantes:
Le rôle de la liaison (suite)
2- Un rôle sémantique
La liaison permet aussi de distinguer quelques paires minimales du lexique français telles que:
3- Un rôle pragmatique
Dans le discours, la liaison possède une fonction d'identification: elle permet de distinguer l'appartenance à des groupes sociaux différents ou encore de distinguer des situations d'énonciation différentes.
On remarque, par exemple, plus de liaisons chez les ainés que chez jeunes et plus de liaisons à la lecture (en langue soutenue) qu'en situation de conversation (en langue familière).
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