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Pierre Bourdieu – La domination masculine
« Ces lieux oÙ, paré d’or et de pourpre, décoré de plumes comme un sauvage, il poursuit ses rites mystiques et jouit des plaisirs suspects du pouvoir et de la domination, tandis que nous, «ses» femmes, nous sommes enfermées dans la maison de famille sans qu’il nous soit permis de participer à aucune des nombreuses sociétés dont est composée sa société. » (Virginia Woolf) (page 8).
Depuis tous les temps, les femmes sont restées au foyer et ont subit la domination et la violence masculine, pensées comme un destin social. Mais est-ce que cela est en effet, le destin des femmes ? Devons-nous accepter tout cela ? Pierrre Boudieu se propose de débattre ce sujet dans son livre intitulé « La domination masculine ».
Bourdieu veut en effet souligner que, pour lui, l’individu est le produit de la société. Les gens doivent en effet s’intégrer dans une société qui a déjà établit les rôles féminins et les rôles masculins. La domination masculine, en dépit de son évidence et de son universalité, continue à Être niée ou sous-estimée par beaucoup. Dans les pages de son livre il étudie exclusivement la domination masculine, en utilisant des notions ou concepts comme « habitus », « violence symbolique », « marché des biens symboliques » et un rapport de domination entre Êtres humains, tellement incorporé dans nos schÈmes de perception, de pensée et d’action, qu’on ne le voit plus lorsqu’il ne prend pas des formes extrÊmes.
Par conséquent, Bourdieu démontre que, dans la société actuelle, les femmes ne s’aperçoivent plus de cette domination, parce que la société les a bien éduquées à Être femmes.
« j’ai aussi toujours vu dans la domination masculine et la maniÈre dont elle est imposée et subie, l’exemple par excellence de cette soumission paradoxale, effet de ce que j’appelle la violence symbolique, violence douce, insensible, invisible pour ses victimes-mÊmes ». (page 7).
L’œuvre de Bourdieu est ordonnée autour de quelques concepts directeurs :
centralité de l’habitus comme principe de l’action des acteurs dans le monde social ;
un monde social divisé en champs, qui constituent des lieux de compétition structurés autour d’enjeux spécifiques ;
un monde social oÙ la violence symbolique, c’est-à-dire la capacité à perpétuer des rapports de domination en les faisant méconnaitre comme tels par ceux qui les subissent, joue un rôle central.
D’aprÈs Bourdieu, l’acteur a incorporé un ensemble de principes d’action qui sont devenus en lui, au terme de cette incorporation, des « dispositions durables et transformables » c’est cela la définition de l’habitus proposée par notre écrivain. Les rÈgles du monde ont été si bien assimilées, ce qui fait croire à l’homme qu’il agit ainsi de sa propre volonté. Donc, il s’avÈre que l’individu n’agit pas librement, toutes ses ations étant une sorte d’automatisme acquis.
Quoique l’évolution historique a fait disparaitre le monde de la domination absolue, on peut prendre comme exemple, la position de la femme dans la société : bien que les choses aient changé, les hommes considÈrent peut-Être involontairement les femmes inférieures. Et plus grave encore, toujours involontairement, les femmes se croient elles-mÊmes inférieures aux hommes.
A cet effet, tout notre perception de cette domination depend premiÈrement de l’endroit oÙ nous avons été éduqués et oÙ nous avons vécu. Je dois préciser également que la domination masculine exercée dans une famille et la relation de la femme avec son pÈre sont toujours importantes.
Les dispositions acquises dans une certaine activité sociale (par exemple au sein de la famille) sont transposées dans une autre activité (par exemple le monde professionnel). C’est pour cela qu’une femme qui a été éduquée à Être soumise ne va pas avoir assez de confiance dans ses propres forces pour devenir indépendante et pour faire carriÈre. Elle apprend que l’homme doit Être le chef. C’est la mÊme chose dans la politique. Peu de femmes ont le courage de s’affirmer ou mieux dit d’essayer de s’affirmer dans ce milieu social oÙ les gens n’ont pas assez de confiance dans les femmes. Les femmes-mÊmes préféreraient de voter un homme que de voter une femme pour la mairie ou la présidence.
« Une image grossie » est le premier chapitre du livre, dans lequel Bourdieu fait une analyse sur la culture des BerbÈres de Kabylie, un excellent exemple pour l’inconscient androcentrique de la société. La culture kabyle est fondée sur la suprématie virile comme la force nécessaire du primitif et entretenant chez la femme un complexe d’infériorité dans tous les institutions. En effet, les femmes n’ont pas de permission de parler, « le seul mot qui leur convient est “je ne sais pas” » (page 23)
L’homme « agressif » et la femme « craintive » sont, donc, les produits de cette type de société. Par contre, l’auteur n’admet aucune différence de nature entre les sexes, mais admet qu’il ya quelques différences entre les genres (le genre masculin et le genre féminin), obtenues aprÈs un long travail de socialisation, « les genres, en tant qu’habitus sexués »
En ce qui concerne la culture Kabylie, celle-ci est donnée comme exemple par Bourdieu, afin que le lecteur moderne puisse observer la structure de la société dans lauelle il vit, dans un miroir grossissant, et pour «briser la relation de familiarité trompeuse qui nous unit à notre propre tradition» (p. 9), nous allons commencer à nous poser des questions sur ce qui se passe réellement dans notre société.
Le rapport de domination masculine se perpétue au sein de l’unité domestique, mais aussi dans des instances telles que l’Ecole ou l’Etat. Par cette idée, Bourdieu montre encore une fois que c’est toute une société qui perpétue cette domination. Maintenant l’Etat semble soutenir l’égalité entre l’homme et la femme, mais cela ne signifie pas que la mentalité a changé. Tout le récit nous fait réaliser que c’est le monde qui nous a appris d’Être femmes.
Par exemple, ma mÈre veut reparer une prise, mais cela semble un peu anormal et par conséquent, c’est lmon pÈre qui doit et qui peut le faire. Donc, c’est tout à fait naturel que l’homme s’occupe avec ce type de choses et non pas la femme.
Par ailleurs, on doit comprendre que la domination masculine est tellement évidente et normale, mais qu’en mÊme temps elle est tellement subtile inoculée dans nos pensées, qu’on doit toujours la nier.
« Alors l’homme vit les cuisses de la femme qui étaient différentes des siennes. Il resta frappé de stupeur. La femme plus rusée lui enseigna beaucoup de choses. Couche-toi, lui dit-elle, je te dirai à quoi servent tes organes. (…). L’homme éprouva un grand plaisir. Il suivait partout la femme pour refaire la mÊme chose car elle savait plus de choses que lui, allumer le feu, etc. Un jour, l’homme dit à la femme : Allonge-toi, je me coucherais sur toi. Il ressentit le mÊme plaisir et dit alors à la femme : A la fontaine c’est toi qui domine, à la maison c’est moi. » (page 25)
Concernant le sexe fort et le sexe mou, Bourdieu parle pas du pouvoir physique, mais de la position des organes sexuels. « Toi, tout ton attirail pend, dit la femme à l’homme, tandis que moi, je suis une pierre soudée ». En effet, dÈs le Moyen Age, l’homme et la femme sont définis par opposition : le positif et le négatif, l’endroit et l’envers si on pense à la définition du vagin comme phallus inversé, et mÊme le supérieur et l’inférieur de la mÊme psychologie. Tous ces différences sont en réalité, des symboles qui ont été inventés il y a beaucoup des temps et que tous les gens ont gardés jusqu’à présent. Par exemple, le vagin a toujours été consideré comme quelque chose sacré et c’est pour cela que la prostitution profanatrice doit Être interdite. La prostitution-mÊme rend le corp comme un objet dont les hommes profitent avec brutalité.
Chez les premiers Kabyles, quoique l’homme doit dominer dans la maison, celui-ci se laisse parfois en dehors du foyer conjugal. De nos jours, les hommes prennent des relation extraconjugales afin d’Être dominés, mais pas vraiment par la véritable domination, mais pour la satisfaction. L’homosexualité est le meilleur exemple de domination : le dominant montre sa supériorité en féminisant. « La pire humiliation pour un homme, consiste à Être transformé en femme ». (page 28).
Il ne s’agit pas dans le monde dans lequel nous vivons d’une différrence de force entre les femmes et les hommes, c’est plutôt une question d’apprentissage des notions sociales. Les femmes ont enseignées de se soigner et de se ménager beaucoup, alors que les hommes sont éduqués que la virilité doit Être éprouvée, « la virilité doit Être validée par les autres hommes et certifiée par la reconnaissance de l’appartenance au groupe des vrais hommes » (page 58).
Tout de mÊme, les femmes apprennent dÈs leur enfance comment s’habiller, comment nouer leur cheveux ou tenir leur corps d’une certaine maniÈre. De plus, elles doivent garder leur chasteté qui est la seule qui peut assurer l’honneur du mari et aussi l’honneur de leur famille (pÈre et frÈres qui les ont bien gardées).
« Les victimes de la domination symbolique accomplissent avec bonheur (au double sens) les taches subalternes ou subordonnées qui sont assignées à leurs vertus de soumission, de gentillesse, de docilité et de dévouement » (p. 64),
En outre, on doit admettre également que tout travail effectué par une femme est de mauvaise qualité ou seulement un travail pour les femmes qu’un homme ne veut jamais effectuer. La société a demandé toujours à la femme d’Être maigre, belle, de se maquiller et elle accepte ce «dressage du corps ». En suite, si nous regardons au tour de nous, nous allons découvrir que les femmes non seulement se laissent dominer par les hommes, mais elles chercheront toujours des hommes virils. Une femme se sentera toujours diminuée avec un homme diminué, sans se rendre compte que de cette maniÈre la domination masculine perdure dans notre société.
Bourdieu se propose également de présenter comment la situation de la femme a changé au passage du temps. C’est dans le troisiÈme chapitre, « Permanences et changements », qu’il montre que la « force de la structure » en dépit des avancées « substantielles » de la condition des femmes permet que se reproduise dans de nouvelles recompositions subtiles la domination masculine, par exemple dans le travail. En effet, les femmes seront toujours exclues des « postes d’autorité et de responsabilité, notamment dans l’économie, les finances et la politique. » (page 97). Par conséquent, dans une entreprise, la femme apparait sur le poste de hôtesse et reste, dans ce cas, un Être perçu, un objet à regarder qui peut attirer le profit de l’entreprise par son image.
Selon Bourdieu la domination masculine se reproduit dans les trois instances : famille, Eglise et Ecole. « C’est sans doute à la famille que revient le rôle principal dans la reproduction de la domination et de la visions masculines » (page 92). En ce qui concerne l’ église, je crois que les conceptions sur les femmes ne vont jamais changer parce que c’est la Bible, le livre sacré, qui condamne la femme mais pardonne pourtant l’homme pour le péché originel.
Toutefois, en regardant la société d’aujourd’hui, nous pouvons observer qu les choses ont changé et que, par exemple, les travaux domestiques commencent à Être partagés entre les époux. Mais, ce n’est pas toujours le cas pour la société musulmaine ou mÊme celle de notre pays.
En conclusion, le livre « La domination masculine » par Bourdieu démontre que les femmes ne se sentent pas offensées par leur statut d’« Êtres perçus » et que tous, hommes ou femmes à la fois, nous sommes involontairement dédiés à notre devoir d’Être virile ou féminine.
B. Guy de Maupassant – Bel-Ami
Afin de pouvoir exemplifier l’attitude de Bourdieu et ses concepts, j’ai choisi le roman « Bel-Ami » de Guy de Maupassant qui décrit d’une maniÈre détaillée la société du XIX e siÈcle. Dans ce livre, je vais étudier les attitudes de nos personnages, hommes et femmes, des coutumes sociaux des deux genres.
Les femmes sont fort présentes dans Bel-Ami. En effet, Duroy réussit son ascension grace à elles. Sans elles, il vivrait encore dans la misÈre. Bel-Ami est beau et a du charme, il le sait et il se servira de cette beauté pour toutes les séduire et réussir grace à cela son ascension sociale. Beaucoup de femmes apparaissent dans ce livre, toutes plus ou moins intéressantes et importantes.
Je vais donc analyser le féminin et le masculin en insistant surtout sur les femmes de la vie de George Duroy, soit Clothilde de Marelle, Virginie Walter et sa fille Suzanne comme représentantes du féminin, sur Madeleine Forestier comme la seule femme qui cherche à avoir des traits viriles et sur George Duroy, le représentant du masculin.
1. Le Féminin
Les femmes les plus importantes apparaissent au deuxiÈme chapitre lorsque Duroy est invité à diner chez Forestier. En suite, la premiÈre femme que Duroy découvre est Madeleine Forestier, l'épouse de son ami. Madeleine Forestier est une 'jeune femme blonde trÈs jolie', à la 'taille bien souple' avec une 'poitrine grasse', 'des yeux gris', 'un nez mince', 'des lÈvres fortes', et un 'menton un peu charnu'. Duroy est impressionné par la jeune femme à 'la figure irréguliÈre et séduisante, pleine de gentillesse et de malice'.
Elle le couve d'un regard 'protecteur et souriant', d'un regard de connaisseur qui semble dire 'toi, tu y arriveras'. Elle sent le talent de journaliste mais aussi le talent de séducteur, elle le pousse à 'faire sa cour' à madame Walter, la femme du patron pour qu'il soit bien vu du patron.
Madeleine est une habituée du journalisme car lorsque Duroy entre dans le cabinet, il la voit avec une 'grande page de papier demeurée écrite à moitié, interrompue par l'arrivée du jeune homme'. On peut donc supposer qu'elle écrivait les articles de son mari.
On sent que dans le ménage Forestier, c'est Madeleine qui mÈne et qui décide de tout. Ce mélange de beauté et d'intelligence attise tout de suite le désir de Duroy et il essayera d'en faire sa conquÊte. On retrouve une Madeleine plus froide et plus calculatrice lorsque Duroy lui annonce son amour. Elle reste de marbre face à cette déclaration et réussit à calmer Duroy, qui, déçu de cette défaite, se jurera de la conquérir tôt ou tard.
Madeleine s'intéresse également à la politique. En effet, lors d'une réception, Duroy est étonné de 'la voir intime' avec les représentants du pays, avec les hommes influents du pays. Madame de Marelle dira à propos d'elle et de son goÛt pour la politique : 'Elle fait tout. Elle est au courant de tout, elle connait tout le monde sans avoir l'air de voir personne ; elle obtient ce qu'elle veut, comme elle veut et quand elle veut. Oh ! Elle est fine, adroite et intrigante comme aucune, celle-là. En voilà un trésor pour un homme qui veut parvenir'.
Madelaine réussira aussi à se faire des relations en usant de l'influence politique de son mari. La politique est une vraie passion pour cette femme. Ce qui est étonnant, car c'était à cette époque, une activité exclusivement masculine. Madeleine a aussi, comme toutes les femmes ses faiblesses.
En effet, au moment de la mort de son mari on la retrouve triste, fragile et éprouvée par ce décÈs. Mais dÈs que Forestier est mort, elle laisse espérer à Duroy qu'elle deviendra sa femme et le laisse attendre avant de se donner à lui et de lui avouer son amour.
Madeleine Forestier peut Être définie comme une 'rouée, une fine mouche', calculatrice on pourrait presque dire, à cause de son penchant pour la politique et pour l'intrigue, que c'est un homme dans le corps d'une femme. En effet, c’est elle la seule femme qui arrive à dominer Duroy et qui prendra des traits viriles dans tout le roman.
En parlant de Madelaine on doit reconnaitre qu’elle participe à la vie politique et au journalisme, derriÈre un homme (premiÈrement Forrestier et en suite, Bel-Ami), mai son empreinte et sa domination est bien évidente. « Les femmes, dit Kant, ne peuvent pas plus défendre personnellement leurs droits et leurs affaires civiles (…) ; elles ne peuvent le faire que par l’intermédiaire d’un représentant » (Bourdieu, La domination masculine, page 86).
Elle joue aussi le rôle de hôtesse, elle «contribue à l’entretien et à l’augmentation du capital social des relations et du capital symbolique» de son mari. (Bourdieu, La domination masculine, page 107)
La deuxiÈme femme que Duroy rencontre à ce diner, celle qui deviendra par la suite sa maitresse, se nomme Clothilde de Marelle. Duroy est tout de suite attiré par cette femme 'piquante', il se sent proche d'elle et de son caractÈre dÈs le départ.
C'est une bourgeoise typique du XIXÈme siÈcle : riche mais ne se préoccupant pas de l'argent, belle et aimant s'amuser, elle ne s'occupe ni de politique ni des affaires masculines comme Madeleine Forestier.
Clothilde de Marelle est une femme mariée, mais son mari est toujours absent. Elle a aussi une fille prénommée Laurine, la seule enfant évoluant dans ce monde et ce milieu d'adultes.
La maitresse de Duroy a deux activités qu'elle aime beaucoup : s'amuser et aimer. En effet, lors de ses premiÈres sorties avec Duroy elle lui avoue son côté bohÈme, elle veut aller dans 'un restaurant oÙ vont les employés', elle veut mÊme s'habiller en 'ouvriÈre', elle avouera avoir des goÛts 'canailles' et forcera Duroy à l'emmener dans un bastringue.
Elle conduira son amant dans 'tous les endroits louches oÙ s'amuse le peuple' et aime à s'habiller 'd'une robe de toile, la tÊte couverte d'un bonnet de soubrette […] elle gardait ses bagues, ses bracelets et ses boucles d'oreilles en brillant'. Elle aime le danger, c'est d'ailleurs ce qui l'amÈnera à inviter Duroy à diner avec son mari.
Madame de Marelle a également besoin de beaucoup d'amour. En effet, son mari étant toujours absent, elle en profite pour prendre des amants. Elle tombe presque tout de suite sous le charme de Duroy, elle se donne à lui juste aprÈs leur diner au restaurant. En la raccompagnant, Duroy l'embrasse, elle lui rend le baiser. Elle tombe par la suite trÈs amoureuse de Duroy. En effet elle n'hésite pas à dépenser pour son amant : elle loue un appartement pour qu'ils puissent s'aimer à l'abri des regards.
Clothilde décrit le mieux la femme comme Être perçu, « d’abord par et pour les regards des autres, c’est-à-dire en tant qu’objet accueillant, attrayant, disponible» (Bourdieu, La domination masculine, page 49).
Leur premiÈre dispute et rupture ont lieu à cause de Rachel, la prostituée des Folies-BergÈre. Rachel fait comprendre qu'elle connait Duroy. Madame de Marelle, déçue, jalouse et irritée de cette révélation, le laisse seul et rompt avec lui. Mais quelques mois plus tard, ils se retrouvent comme si rien ne s'était passé, et Duroy la retrouve dans leur appartement, 'frémissante d'amour'.
Leur relation évoluera peu à peu et prendra mÊme une 'allure conjugale' au début de la deuxiÈme partie du roman.
Leur deuxiÈme rupture aura lieu quelque temps plus tard, lorsque Duroy lui annonce son mariage avec Madeleine Forestier. Elle fondra en larmes, mais restera lucide et saura que, mÊme marié, Bel-Ami lui reviendra. S'ensuivent une période de froid et des retrouvailles encore plus chaudes, cet été-là ayant été un 'été idyllique'.
Leur troisiÈme rupture a lieu à cause de Madame Walter. En effet celle ci, par amour, a enroulé des cheveux autour des boutons de gilet de son amant. Madame de Marelle découvre donc que Duroy a une maitresse. Etant trÈs jalouse, elle quitte de nouveau son amour. AprÈs le divorce de celui-ci, ils se retrouvent et recommenceront leur histoire.
Leur quatriÈme et derniÈre rupture a lieu à cause du mariage de Bel-Ami avec Suzanne, sa maitresse par amour et par désespoir. Madame de Marelle salira Suzanne, et Duroy la battra pour cela. Mais les deux amants ne peuvent se séparer bien longtemps. En sortant de l'église le jour de son mariage, Duroy se mit à penser à elle, ce qui laisse supposer une nouvelle réconciliation.
Madame de Marelle représente dans ce roman la joie de vivre, elle est celle qui aime s'amuser et aimer, c'est une femme enfant qui aime profondément Duroy, cette femme est 'fantasque et rigolote'. De plus, leurs ruptures et leurs retrouvailles démontrent également qu’elle est bien dominée par Bel-Ami, pendant toute leur relation.
La 3Ème femme que Duroy rencontre dans ce roman, est Virginie Walter, la femme de son patron. Ce sera la 2Ème maitresse de Duroy. Madame Walter est décrite au début du roman comme une femme un peu 'trop grasse, belle encore, à l'age dangereux oÙ la débacle est proche'.
C'est une femme qui découvre le plaisir sur le tard. Mais elle est maladroite et ne sait pas se comporter avec les hommes. Elle est étouffante. Avant de rencontrer Duroy, c'était 'une de ces femmes dont on n'a jamais rien murmuré' et qui est 'inattaquable sous tous les rapports'.
C'est une honnÊte femme, une femme trÈs religieuse. Elle est 'la patronnesse de toutes les bonnes œuvres de la Madeleine' et a une 'allure de maman tranquille'. Madame Walter est timide et respectueuse des conventions. Elle n'ose pas appeler Duroy 'Bel-Ami'. Mais elle n'est pas insensible à son charme. En effet, lorsque celui-ci lui déclare son amour, elle résiste, mais on sent qu'elle est prÊte à craquer.
Elle a beaucoup de mal à le rejeter. De plus, lorsque Bel-Ami lui fait une deuxiÈme déclaration, elle se contient difficilement, et lui donne rendez-vous à l'église de la Trinité. Lors de leur rencontre, elle lui avouera qu'elle l'aime en secret depuis plus d'un an.
AprÈs cette déclaration, elle demande du temps pour rassembler ses esprits. Elle essayera de prier, mais pendant cette priÈre, elle se rendra compte qu'elle ne réussira plus à cacher et ignorer son amour. Se sentant coupable, elle se confessera. En ressortant, elle réussira (avec difficulté) à repousser Duroy mais ne tiendra pas et lui donnera rendez-vous.
Ce sera lors de ce rendez-vous qu'elle lui cédera, mais, torturée par ses actes, elle repoussera son amant et l'accablera de reproches. A partir de ce moment là, madame Walter va énormément changer avec Duroy. Elle est folle amoureuse de lui. Mais lui se lasse vite à cause de sa maladresse et de son comportement.
En effet, celle-ci se comporte comme une jeune fille. Elle fait plein de gamineries et ne sait pas allumer le désir de Duroy comme Madame de Marelle. MÊme quand Duroy la repousse, elle s'accroche à lui, elle 'l'emprisonne dans une passion effrénée' et le 'persécute de tendresse'.
Jalouse et triste du comportement de son amant, elle se vengera et enroulera un de ses cheveux autour de chaque bouton du gilet de Duroy. Pour elle, c'est un 'lien par lequel elle l'attachait', mais cet acte provoquera leur rupture. Madame Walter reste malgré tout amoureuse de Duroy et elle prendra trÈs mal son mariage avec sa fille. Ce mariage la détruira physiquement et moralement.
Elle représente le mieux la femme dominée dans un monde des hommes. «Etant exclues de l’univers des choses sérieuses, des affaires publiques, et tout spécialement économiques, les femmes sont restées longtemps cantonnées dans l’univers domestique et dans les activités associées à la reproduction biologique et sociale de la lignée ». (Bourdieu, La domination masculine, page 104)
La derniÈre femme de qui Duroy se fera aimer dans ce roman est Suzanne Walter, qui n'est autre que la fille de son patron et de sa maitresse.
Suzanne est une 'frÊle poupée blonde, trop petite mais fine, avec la taille mince, des hanches et de la poitrine, une figure de miniature, des yeux d'émail d'un bleu gris […] et des cheveux ébouriffés, frisés, une broussaille savante'. Suzanne marie la beauté et l'intelligence, elle égaie Duroy par ses 'drôleries'. Il dira mÊme que 'dans son corps de poupée s'agitait un esprit agile et malin, imprévu et sournois'.
Elle et Duroy s'entendent trÈs bien. Ils aiment parler ensemble et se moquer des autres. Entre eux nait une 'intimité fraternelle' et elle accepte de faire tout ce qu'il lui demande. Elle lui promet d'attendre avant de se marier et de lui présenter tous ses soupirants. Elle est amoureuse de lui mais refuse de lui avouer, à cause de sa femme. Lorsque celui-ci aura divorcé, elle bravera pÈre et mÈre pour se marier avec son ami. Elle se laissera mÊme enlever par lui.
Elle représente la jeunesse et l'innocence dans ce monde corrompu. Elle se donne à Duroy, mais ne se doute pas que celui-ci l'a sÛrement épousée à cause de sa dot de 10 millions de francs qui lui permettront de monter encore socialement.
Dans ce roman toutes les femmes représentent quelque chose :
- Rachel est la femme pour les autres,
- Madame de Marelle est la femme pour elle-mÊme,
- Madame Forestier est la femme pour les hommes,
- Madame Walter est la femme de trop,
- Suzanne est la femme à choisir.
Pour conclure, la femme chez Guy de Maupassant, quoiqu’elle semble parfois dans le roman plus importante que tous les hommes, ne perd pas les caractéristiques féminines dont Bourdieu parle dans son livre. Elle sera toujours la femme dominée par les hommes, mais qui cherchera toujours des hommes virils, comme Bel-Ami. Cette femme se sentera mieux avec un homme qui réussit dans la vie ou qui sait l’apaiser.
2. Le Masculin
Le rôle masculin établit par la société impose à l’homme de savoir se débrouiller pour gagner de l’argent et de bien garder les apparences, car en fin de compte c’est tout ce qui compte.
L’homme est lui aussi soumis à un travail de socialisation et il doit faire preuve de sa virilité : si la société lui demande de faire des folies pour une femmes, il va les faire car tout ce qui compte c’est son image sociale.
Le genre plus forte est représenté dans le roman de Guy de Maupassant par George Duroy, appellé aussi Bel-Ami. Ce personnage, un arriviste absolu a comme premier interÊt l’argent et la réussite. On découvrira que le lieu qu’il veut aquerir dans la société est strictement destiné aux hommes.
L'argent est un des grands thÈmes de ce roman. DÈs la premiÈre page il est cité et on apprend que Duroy, le héros, est trÈs pauvre. Heureusement, son destin rencontrera celui de Forestier, ancien compagnon d'armée de notre héros. DÈs leurs retrouvailles, Forestier l'aide financiÈrement en lui prÊtant quarante francs (somme que Forestier ne récupÈrera jamais).
C'est aussi grace à Forestier que Duroy rentrera au journal 'La Vie Française' et réussira peu à peu à monter en grade et à gagner plus d'argent. Ce rÊve de richesse est attisé par la vision du milieu entourant les riches : plus de problÈmes d'argent bien sÛr, de belles maisons, les femmes, plus ou moins de travail et une vie facile et oisive.
Ensuite, Duroy prend madame de Marelle comme maitresse et se rend compte que les femmes peuvent lui Être utiles pour gagner de l'argent et monter socialement. Madame de Marelle, émue par sa détresse et sa misÈre, lui donne de l'argent pour qu'il puisse s'en sortir. A partir de cet instant, on sait que Duroy sera prÊt à toutes les bassesses pour de l'argent ou de la reconnaissance.
Le mariage de Duroy avec Madeleine Forestier lui permet de s'enrichir encore plus ; en effet Madeleine apporte avec elle quarante mille francs de dot et en plus un appartement déjà payé et meublé. Madeleine l'amÈnera en outre à connaitre des gens et un milieu différents, le milieu politique et économique et non plus le monde journalistique et ses alentours.
Ce nouveau milieu lui permettra encore de s'enrichir, la ruse et la finesse de cette femme l'aideront énormément dans cette ascension. Madame Walter lui permettra aussi de gagner de l'argent. En effet celle-ci a entendu son mari parler d'une affaire en Bourse que personne ne connait et qui va énormément rapporter. Pour faire plaisir à son amant et gagner un peu d'amour elle lui parlera de tout cela.
Mais la richesse de Duroy va encore augmenter. En effet, à la mort du comte de Vaudrec, un ami de la famille, Madeleine aurait dÛ toucher un million de francs. Mais Bel-Ami trouve que cette somme est indécente pour une seule personne, et pense que si elle l'accepte les gens trouveront cela bizarre.
Duroy se trouvera donc encore petit et décidera de s'enrichir et de gagner encore et encore. Il décide de prendre sa revanche sur son patron. Pour cela il séduira Suzanne, la plus jeune et plus jolie de ses filles.
D'abord bons amis, Duroy déclarera son amour à la jeune fille et lui demandera de l'épouser. Ses parents n'étant pas d'accords (son pÈre pense qu'il n'a pas une assez bonne situation, et sa mÈre ne veut pas que sa fille épouse son amant), il enlÈvera Suzanne jusqu'à ce que ses parents cÈdent.
Ce mariage apportera à Duroy dix millions de francs (montant de la dot de Suzanne) et Monsieur Walter dira de lui à ce moment là : 'il est fort tout de mÊme. Nous aurions pu trouver beaucoup mieux comme position, mais pas comme intelligence et comme avenir. C'est un homme d'avenir. Il sera député et ministre'.
Par ailleurs, Bel-Ami, l’anti-héros du livre, se découvre pendant son mariage dans l’église, comme un monarque, il se croit 'un roi' et marche 'lentement, la tÊte haute'. Le triomphe est d'autant plus grand que c'est un lieu sacré, l'église, qui consacre la réussite du héros anticlerical qui, de surcroit, s'est deja marié une fois, mais à la mairie.
L'imagination s'empare alors d'un Bel-Ami mégalomane, le peuple serait venu pour lui. On observe le narcissisme du personnage: il ne voyait personne, il ne pensait qu'à lui. Il est réellement le Dieu de l'église, il n'y a pas de place pour Suzanne.
Sa domination est sugéré premiÈrement par son utilisation des femmes pour gagner d’argent. En effet, il profite de sa force de séduction avec unes des plus importantes femmes de la société parisienne. Ce qui est plus étonnant c’est que les théories de Bourdieu sont présentes ici également.
C'est aux femmes qu'il devra son avenir. Le titre : Bel-Ami, ne l'indique-t-il pas assez ? Donc, devenu journaliste par hasard, par le hasard d'une rencontre, au moment oÙ il allait se faire écuyer, il s'est servi de la Presse comme un voleur se sert d'une échelle.
Maupassant dénonce dans son œuvre plusieurs pratiques politico-journalistiques de l'époque. En effet on observe dans ce récit une étroite relation entre les différents ministÈres et la presse qui, à l'époque, semblait avoir une grande importance dans le jeu ministériel.
En conclusion, le personnage central du roman, George Duroy, est un des mieux exemples du concept du Bourdieu, comme quoi « la virilité doit Être éprouvée ». Si Bel-Ami ne prouve pas qu’il est « vraiment homme » en accomplissant son rôle masculin imposé par la société, il risque de nier sa propre identité sexuelle. « La virilité doit Être validée par les autres hommes et certifiée par la reconnaissance de l’appartenance au groupe des vrais hommes » (Bourdieu, La domination masculine, page 58)
Par conséquent, la domination masculine est bien évidente par la fait que l’entiÈre société est fondée sur le primat masculin. Les femmes sont réduites à l’état d’objet et mÊme parfois les hommes ont le mÊme statut s’ils ne savent pas s’affirmer et prouver leur virilité.
L’homme n’est pas libre de faire ce qu’il veut car il vit dans la société et il doit s’y intégrer. Il s’agit donc d’un processus d’apprentissage selon lequel l’enfant devient homme ou femme conforme au modem culturel spécifique de sa société.
Bibilographie :
La domination masculine, Pierre Bourdieu, Editions du Seuil, septembre 1998
Bel-Ami, Guy de Maupassant
« Bel-Ami » de Maupassant, Anne-Marie Cléret et Brigitte Réauté, Hachette Education
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