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Les relations sémantiques dites « paradigmatiques » s’instaurent entre des unités linguistiques qui se trouvent en rapport de sélection (rapport du type ou ou), ce qui veut dire qu’elles ne peuvent pas apparaitre ensemble dans la chaine discursive, mais sont en général substituibles l’une à l’autre dans un contexte donné.
La polysémie se définit comme l’état d’un signifiant (lexÈme) auquel il correspond plusieurs signifiés (sémÈmes). C’est donc une relation entre signifiant et signifié.
Si on l’envisage du point de vue diachronique, la polysémie peut Être considérée comme une addition d’acceptions nouvelles au sens fondamental d’un signe. À la fin du XIX-e siÈcle, Michel Bréal établissait déjà une correspondance entre le développement culturel et la multiplication des sens des mots.
Le processus de polysémisation est permanent; il s’agit d’un phénomÈne graduel et spontané, les sujets parlants ne se rendant pas compte de cette évolution.
Afin de mieux cerner ce qu'il convient d'entendre par polysémie, il faut d'une part préciser les sortes de liens que les lexicographes admettent entre deux ou plusieurs significations d'un mÊme mot, et d'autre part expliquer comment ces différentes significations peuvent Être unifiées. Selon C. Baylon (1995), ce dernier problÈme est d'autant plus grave que la polysémie, qui est le plus possible évitée dans les langues artificielles, est typique du langage naturel. MÊme un lexÈme désignant un objet concret comme chaise est polysémique. Le Nouveau Petit Robert en cite, à côté du sens courant actuel regroupent les sÈmes /objet fabriqué, pour s’asseoir, pour une personne, sur pieds, avec dossier, sans bras, en matiÈre rigide/, les sens suivants:
« II. par anal. 1. ancienNT CHAISE à PORTEURS: véhicule composé d'un habitacle muni d'une chaise et d'une porte, dans lequel on se faisait porter par deux hommes au moyen de batons assujettis sur les côtés <> « La chaise est un retranchement merveilleux contre les insultes de la boue » (Mol.) 2. ANCIENNT Voiture à deux ou quatre roues, tirée par un ou plusieurs chevaux. Chaise de poste. 3. TECH. Base, charpente faite de piÈces assemblées et supportant un appareil. chaise d'une meule. Chaise d'un clocher, d'un moulin »
Quant à l’archilexÈme siÈge, ses différents emplois donnent lieu dans les dictionnaires à trois définitions sémiques différentes:
« Objet fabriqué, meuble disposé pour qu'on puisse s'y asseoir »
« Lieu oÙ se trouve la résidence principale (d'une autorité, d'une société)»
« Place, fonction de député, ou place honorifique à pourvoir par élection »
À ces trois définitions, Le Nouveau Petit Robert en ajoute au moins trois autres, à savoir:
« Lieu oÙ s'établit une armée, pour investir une place forte; ensemble des opérations menées pour prendre une place forte »: Mettre, faire le siÈge devant une ville;
« Place oÙ se tient assis un magistrat »: Jugement rendu sur le siÈge. Magistrature du siÈge;
« Partie du corps humain sur laquelle on s'assied »: Bain de siÈge. Enfant qui se présente par le siÈge.
Polysémie et monosémie
Du point de vue du nombre de sens qu’ils possÈdent, les lexÈmes peuvent Être monosémiques ou polysémiques.
Les lexÈmes monosémiques sont rares; on les rencontre surtout dans les terminologies des différentes disciplines. La monosémie est d’ailleurs un idéal des sciences, car elle assure la compréhension exacte des notions scientifiques, se caractérisant par la référence unique et continue à un seul objet (monoréférence). Seuls les lexÈmes techniques ou savants donc, et encore pas toujours, peuvent Être véritablement monosémiques: azote, céphalée, football, ordinateur, synchronie, radium, usufruit, etc.
La plupart des lexÈmes du langage commun sont polysémiques, à tel point que la polysémie a été considérée comme « un état naturel du langage » (v. Ch. Bally, Traité de stylistique française, 1910) D’ailleurs, tel lexÈme qui, en tant que terme spécialisé, est monosémique, devient une unité polysémique dans le langage commun (ex. fer comme élément chimique /vs./ fer signifiant objet de fer, épée, bande de métal dans le vocabulaire général)
La polysémie est définie par la polyréférence. Du point de vue logique, la polysémie peut Être représentée comme une relation d’intersection entre les ensembles sémiques (les sémÈmes) correspondant à un lexÈme, intersection représentée par un noyau sémique commun, plus ou moins riche en sÈmes. De ce point de vue, la polysémie s’oppose à l’homonymie, définie comme l’existence d’un signifiant unique pour deux signifiés (sémÈmes), en l’absence d’un noyau sémique commun. Patrick Charaudeau définit d’ailleurs en ces termes la polysémie: « Au sens étroit, la polysémie désigne, en synchronie, le fait qu'un mÊme signifiant recouvre des signifiés différents entre lesquels (contrairement à l'homonymie) existe une intersection sémantique » (Charaudeau 1992).
Ainsi par exemple, poli I = (objet) lisse, caractérisé par /inanimé/ /sensation tactile/ /lisse/ et poli II = (personne) qui manifeste de la politesse, caractérisé par /humain/, /comportement social ritualisé/ /civilité/ ou encore balle I = sphÈre élastique (/objet matériel/, /fabriqué/, /forme sphérique/, /élastique/) et balle II = figure (/humain/, /partie du corps/, /extrémité supérieure/, / non recouverte par les cheveux/, /familier/) sont homonymes.
Du point de vue diachronique, l’homonymie constitue parfois le résultat de l’éclatement d’un polysÈme = d’une rupture entre les ensembles sémiques ainsi qu’ils sont perçus par les locuteurs. Ainsi, chapelet signifie au début « petit chapeau », plus tard « couronne en forme de chapeau », ensuite « objet de dévotion formé de grains enfilés » et enfin « succession de choses identiques ». Les locuteurs français actuels ne perçoivent plus aucun rapport entre « un chapelet d’injures » et le chapeau qu’on met sur la tÊte. Un autre exemple est celui du mot grÈve, signifiant « étendue sablonneuse ou caillouteuse au bord de l’eau » qui pour des raisons historiques (l’existence à Paris d’une place couverte de grÈve, appelée place de GrÈve, oÙ avaient lieu au Moyen Age des exécutions publiques et oÙ, plus tard, s’assemblaient les ouvriers en arrÊt de travail) a acquis la signification « arrÊt volontaire et concerté du travail », oÙ les locuteurs français actuels ne perçoivent plus aucun rapport avec la signification premiÈre.
Le mécanisme de la polysémie consiste donc, en diachronie, dans l’emploi d’un lexÈme dans un nouveau type de contexte. En se généralisant, ce processus a pour résultat la polysémisation du lexÈme en question; le mÊme type de processus peut conduire à l’éclatement d’un polysÈme en plusieurs homonymes.
Dans son « Précis de sémantique française » S. Ullmann identifie quatre sources de la polysémie: les glissements de sens, les expressions figurées, l’etymologie populaire et les influences étrangÈres.
Les glissements de sens peuvent se produire dans deux directions opposées: extension ou restriction de sens. Ainsi, c’est par restriction de sens que femme 1 « personne du sexe féminin = / Être humain, sexué, femelle, / » se voit ajouter le sÈme « qui est ou a été mariée » et acquiert ainsi un nouveau sens, femme 2. (cf. Robert Martin,1983).
Cette relation consiste, selon R. Martin, dans une addition de sÈmes spécifiques, addition qui s'expliquerait d'ailleurs souvent par le contexte. Car c'est lorsqu'on parle de la femme de quelqu'un, ou qu'on dit d'un homme qu'il prend femme, que le lexÈme femme présente la signification restreinte d'« épouse ». Il s'agit d'une particularisation sémantique qui est apportée par le contexte syntaxico-sémantique. Dans la société occidentale, Être la femme de tel ou tel homme, c'est non seulement Être une femme qui vit dans la compagnie de cet homme, mais c'est Être devenue la seule femme qui, aprÈs un acte officiel de mariage, vit en communauté avec cet homme. Dans femme de Pierre, le contexte syntaxique du complément de nom désignant un Être humain male = Pierre ajoute au signifié du lexÈme femme le trait sémantique de « mariée avec Pierre ». Il s'agit bien d'un trait sémantique qui découle d'un contexte syntaxique et sémantique particulier; car ce trait n'apparaitrait pas dans des contextes tels:
une femme de grand talent, une femme de la haute société, la femme d'affaires, la femme de tout le monde, etc.
Dans
« Loc. Prendre femme: se marier. Prendre qqn. pour femme, l'épouser » (Le Nouveau Petit Robert).
le contexte syntaxique est différent. Mais on a toujours affaire au sens restreint de femme.
Robert Martin théorise la polysémie de la restriction de sens, comme du reste toute polysémie, en postulant que le lexÈme polysémique dispose alors de plusieurs sémÈmes différents, chaque sens ou définition sémique du dictionnaire étant considéré comme un sémÈme.
C’est au contraire par extension de sens, c’est à dire par effacement de certains sÈmes, que ferme « convention par laquelle le propriétaire d’un droit en abandonne à quelqu’un la jouissance pour un temps déterminé et moyennant un prix fixé » est arrivé à signifier « exploitation agricole donnée à ferme » et puis « toute exploitation agricole ».
L’extension de sens est souvent marquée par les dictionnaires. L'abréviation EXT est ainsi définie par Le Nouveau Petit Robert:
« EXT. (par) extension: qui présente un sens plus large; qui s'applique à de plus nombreux objets (s'oppose à SPÉCIALT = spécialement: dans un sens plus étroit, moins étendu ».
Au niveau diachronique, S. Ullmann définissait en ces termes l'extension de sens:
« Extension. - Arriver vient du latin *arripare 'toucher à la rive'. C'était à l'origine un terme maritime dont l'emploi fut par la suite étendu à tout mouvement atteignant son but, un peu comme on parle de nos jours du débarcadÈre d'une gare. L'extension de sens a entrainé d'ailleurs un appauvrissement dans les traits distinctifs du concept: 'toucher à la rive' est plus précis que 'parvenir à un lieu'. Le sens d'aborder et de d'abord s'est élargi de façon analogue. De mÊme, panier remonte à panarium 'corbeille à pain'; l'idée de pain s'étant graduellement effacée, le mot s'applique à bien plus d'objets qu'auparavant » (Ullmann, 1969).
Se plaçant au niveau strictement synchronique, Robert Martin illustre la forme de polysémie qu'il considÈre comme une extension de sens par le cas du lexÈme minute, lequel signifie premiÈrement « soixantiÈme partie d'une heure », et en second lieu « court espace de temps ». Ainsi, dans l'extension de sens, le sémÈme est, comme dans la restriction de sens, l'intersection sémique entre deux significations; mais alors que le trait sémique supplémentaire du sens restreint s'ajoute au sémÈme en découlant du contexte sémantique, celui du sens élargi s'ajoute au sémÈme en découlant d'un ses propres sÈmes.
Les expressions figurées (métaphore, métonymie, synecdoque) sont à leur tour source de polysémie. La métaphore veut dire, étymologiquement, « transfert », mais, déjà chez les Anciens, la métaphore était considérée comme une figure fondée sur la ressemblance, la similitude, l’analogie. Ainsi, c'est par métaphore que dans le mot aile des sens multiples se retrouvent reliés: aile d’oiseau, d’avion, d’un batiment etc. L'esprit humain fait preuve d'une inventivité presque illimitée pour découvrir des analogies qui permettent d'utiliser un mot avec un sens nouveau, de l'appliquer à de nouveaux référents. L’analogie peut concerner:
- la forme (les dents d'une roue ou d'un peigne sont ainsi implicitement comparées aux dents de la bouche);
- la situation (le pied d'une montagne se trouve en bas, comme le pied d'une personne debout);
- la fonction (on dit qu'une machine marche, par comparaison avec la marche, activité typique des personnes actives et en bonne santé);
- une propriété, réelle ou prétendue (on parle du courage au travail, assimilé au courage devant un danger; un Être humain peut Être traité de renard ou lion, sur la base des qualités qu'on attribue à ces animaux et qui font partie de la connotation de ces mots quand ils sont employés au sens propre).
La métonymie est un autre moyen d'étendre le sens d'un mot. La métonymie se fonde sur la proximité, la contiguÃté spatiale, temporelle, causale.
Robert Martin décrit la relation métonymique en admettant là aussi deux sémÈmes différents:«elle consiste dans la réapparition, sous forme de sÈme spécifique, du premier sémÈme dans le deuxiÈme», ce qu'on pourrait illustrer par chaise (à porteurs), qui signifie «véhicule composé d'un habitacle muni d'une chaise et d'une porte, dans lequel on se faisait porter par deux hommes », et qui correspond à un changement de désignation d'un mÊme sémÈme.
La métonymie peut s'appuyer sur une relation de voisinage entre les référents.
ex. boire un verre = le liquide contenu dans un verre (rapport de contenu à contenant).
le verre = le récipient en verre (rapport entre l'objet et la matiÈre dont il est fait).
N.B.Dans ce dernier cas, il s'agit, comme pour aile d'avion, d'une catachrÈse, puisqu'il n'existe pas de dénomination propre;
J'ai Balzac dans ma bibliothÈque (rapport entre l'effet et sa cause).
La synecdoque est selon P. Fontanier une sorte de métonymie: l'un et l'autre procédé sont la « désignation d'un objet par un autre objet ». Mais contrairement à la métonymie, dans la synecdoque les référents doivent Être inséparables.
ex. Il lui faut un toit = un logement (synecdoque de la partie pour le tout);
La jeunesse de nos jours = l'ensemble des jeunes (synecdoque de la propriété pour les possesseurs de cette propriété).
L’étymologie populaire est selon Ullmann la source de polysÈmes comme flamme (« feu » et « lancette de vétérinaire »), cloche (d’église) et (personne qui) cloche ou encore folie (« aliénation de l’esprit ») et (« petite maison de campagne »).
Les influences étrangÈres sont parfois à leur tour source de polysémie. Ainsi le verbe réaliser = faire, qui sous l’influence de l’anglais to realise arrive à signifier aussi « se rendre compte de », ou le mot dada = cheval, qui sous l’influence de l’anglais hobby horse, trÈs fréquent dans le roman Tristram Shandy de Lawrence Sterne, commence à signifier depuis la fin du XVIII-e siÈcle « sujet favori, idée à laquelle on revient incessamment ».
Selon le nombre de sÈmes compris dans le noyau sémique commun aux sémÈmes correspondant à un seul lexÈme, on distingue:
une polysémie étroite (base classématique commune, noyau sémique riche en sÈmes communs, restriction ou extension de sens): femme 1 et femme 2, ou encore convoi = « suite de véhicules », « suite de personnes ou de choses »;
La polysémie étroite serait donc la combinaison de l'effacement et de l'addition de sÈmes spécifiques (c'est-à-dire la substitution de sÈmes) en mÊme temps que l'identité des archisémÈmes, c'est-à-dire le maintien d'un noyau sémique central.
R. Martin donne comme exemple deux des quatre sens que le Dictionnaire du Français Contemporain reconnait au mot rayon:
Les rayons du soleil, de la lune. Le rayon d'un phare.
Le rayon est égal à la moitié du diamÈtre.
Entre ces deux significations, il y a des éléments communs ainsi que des additions ('cercle', 'circonférence') et des effacements de sÈmes ('lumineux'). Robert Martin pense que cette double caractéristique distingue ce type de polysémie de la restriction de sens, oÙ il n'y a qu'adjonction de trait sémique, et de la métonymie, oÙ il y a adjonction au sémÈme de traits sémiques entrainant un changement de dénotation.
- une polysémie moyenne (ensemble plus ou moins large de classÈmes ou de sÈmes-noyau communs): c’est le cas des polysÈmes métaphoriques ou métonymiques déjà cités, ainsi que de polysÈmes comme empoisonner quelqu’un en lui donnant du poison / empoisonner la vie à quelqu’un = la lui rendre insupportable.
- une polysémie lache (large). La polysémie lache présente les trois caractéristiques suivantes:
a) deux sens ne présentent qu'un seul sÈme spécifique commun;
b) leurs archisémÈmes sont différents;
c) il y a substitution de sÈmes spécifiques (Martin, 1983).
R. Martin donne comme exemple le mot plateau, avec les deux sens que lui reconnait Le Nouveau Petit Robert:
Plateau de bois, d'argent. Plateau de garçon de café, de serveur.
Plateau calcaire. Région de hauts plateaux
La particularité de cette forme de polysémie vient de ce que ces deux sens n'auraient qu'« un seul sÈme spécifique en commun », et surtout de ce que leurs noyaux sémiques, que Robert Martin considÈre comme leur genres prochains et qu'il appelle leurs « archisémÈmes », sont différents. Cette seconde caractéristique distingue nettement ce cas de polysémie de la polysémie dite étroite. La polysémie lache est donc trÈs proche de l'homonymie.
Selon le niveau d’incidence, la polysémie peut se manifester:
- sur le plan de la langue, spécifiant la structure interne du signifié: c’est le cas de tous les exemples ci-dessus.
- sur le plan du discours (polysémie textuelle), indiquant l’adéquation d’un lexÈme avec lui-mÊme dans l’axe du temps: tel le mot dada = « cheval » ou « hobby ».
Ullmann fait également la distinction entre la polysémie lexicale, qui n’implique pas de changement de classe syntaxique (tous les exemples déjà cités) et la polysémie syntaxique, caractérisée par un changement de classe:
adjectif – nom: beau – le beau
adjectif – adverbe: bas – parler bas
nom – adjectif: banane – une robe banane
adverbe – adjectif: parler bien – un homme bien
Polysémie externe et polysémie interne
Robert Martin signale que pour les verbes, la polysémie devient encore plus complexe que pour les noms. «Le verbe peut Être touché par la polysémie dans le sémÈme; mais il peut l'Être aussi dans les actants. L'une des polysémies sera dite interne, et l'autre externe. Si la premiÈre est proche parente de la polysémie substantive, la seconde apparente le verbe à l'adjectif et présente mÊme des traits qui paressent n'appartenir qu'au verbe » (Martin, 1983).
Comme exemple de polysémie externe, Robert Martin donne l'adjectif cru, dont le signifié serait « qui n'a pas subi de cuisson » dans:
oignons, abricots crus; légumes qui se mangent crus.
Mais dans:
chanvre, cuir, métal cru; toile, soie crue.
l'adjectif « indique que ce dont parle 'n'a pas subi de traitement'. La cuisson, explique en effet Robert Martin, étant un traitement, on passe d'une acception à l'autre par une extension qui touche le sémÈme de cru ». A cela on pourrait ajouter le troisiÈme sens de « que rien n'atténue, violent », lorsque cet adjectif apparait dans d'autres syntagmes, comme:
lumiÈre crue, couleur crue
réponse crue, mot cru, description crue, plaisanteries un peu crues.
emplois qui représentent une autre extension de sens, oÙ le sÈme de « cuisson » est remplacé par le trait sémique d'« atténuation » qu'il implique.
A propos du verbe apprendre, Robert Martin distingue deux formes différentes de polysémie externe. D'abord il y a une différence de sens entre:
(a) apprendre la danse à qqn.
(b) apprendre une nouvelle à qqn.
qui est due à la différence de signification du complément d'objet. Dans les deux cas il s'agit de « faire connaitre qqch. ». « Mais dans (a) l'objet désigne un savoir ou un savoir faire: il y est commutable avec un infinitif (apprendre à qqn à danser). Dans (b), il désigne une information; il y est commutable avec une proposition conjonctionnelle (apprendre à qqn que). <> c'est <donc> l'objet qui est le lieu d'une polysémie de sens ('savoir' / 'information') » (Martin, 1983).
Le verbe apprendre présente d'autres constructions aussi:
apprendre la danse, apprendre à danser
apprendre une nouvelle, apprendre que
oÙ l'on retrouve la mÊme polysémie externe due à la différence de sens des compléments d'objet, ce qui souligne la parenté sémantique entre le sens du verbe ainsi construit et le sens du verbe dans les exemples précédents.
Robert Martin considÈre qu'il s'agit là de ce qu'il appelle une « polysémie sélectionnelle ». La signification de apprendre impliquerait un schÈme sémantico-logique de trois « cas profonds », Agent, Objet et Destinataire. Lorsqu'on sélectionne ces trois rôles sémantiques et que l'Agent est sujet, l'Objet complément de verbe et le Destinataire complément d'attribution, le verbe a le sens de « faire acquérir à quelqu'un la connaissance de quelque chose », mais si l'on sélectionne les deux derniers seulement, l'Objet reste complément de verbe et le Destinataire devient sujet, ce qui donne le sens de « acquérir la connaissance de quelque chose ».
L'unité d'un mot polysémique n'est que relative. Ses divers sens constituent un enchainement à partir du sens propre. Divers exemples en ont déjà été proposés, comme celui de verre, nom de matiÈre, qui s'applique par métonymie à un récipient en verre, puis au contenu du récipient, ou comme celui de bureau. Dans ce mot, c'est par une suite de métonymies qu'on passe du sens de table de travail (« J'écris à mon bureau ») à celui de piÈce oÙ se trouve un tel meuble (« Je suis dans mon bureau »), puis à celui de gens qui travaillent dans des piÈces de ce genre (« Adressez-vous à ce bureau »).
On fait d’habitude une distinction entre le sens propre, dit aussi sens premier ou sens fondamental, et le ou les sens seconds, dénommés secondaires ou accessoires ou encore dérivés.
ex. au sens propre, ailes sert à désigner les organes que possÈdent certaines espÈces animales, oiseaux, insectes, chauves-souris, et qui leur permettent de voler. Parmi les sens seconds de ce mot, on a l'application à certains véhicules volants (ailes d'avion) oÙ il y a à la fois identité de fonction et ressemblance de forme. On emploie aussi le mot pour d'autres référents, sur la base d'une ressemblance d'aspect: ailes du nez, ailes d'une armée, ailes d'un batiment, etc. Mais dans ailes de voiture, il n’y a plus aucune ressemblance avec des ailes d'oiseau; cependant on considÈre qu'il s'agit du mÊme mot.
Dans les dictionnaires, l'identité d'étymologie fournit un critÈre pour regrouper plusieurs significations sous une mÊme entrée lexicale: des sens aujourd'hui trÈs différents sont rapportés à un mÊme mot parce qu'on peut leur attribuer une origine commune.
ex. plume: vient du mot latin pluma, ce qui constitue un critÈre de regroupement des sens actuels, trÈs divers. Cependant,
grÈve: « étendue sablonneuse ou caillouteuse au bord de l'eau », et grÈve: «arrÊt de travail concerté», sont en relation étymologique, mais les dictionnaires actuels les traitent comme homonymes.
La polysémie, caractéristique universelle du langage, est le reflet du principe d’économie, permettant l’expression de significations (d’intentions de communication) multiples avec des moyens relativement restreints et empÊchant ainsi que le fardeau mémoriel devienne insupportable pour le sujet parlant. En tant que phénomÈne de langue, la polysémie est non-intentionnelle et se manifeste comme un ensemble de signifiés virtuels attachés à un signifiant unique.
Dans le discours quotidien, le contexte lÈve l’ambiguÃté que pourrait produire la polysémie et qui équivaudrait à un échec de l’acte de communication. Dans des énoncés comme:
Le plateau du Tibet est situé en Asie et
Elle a servi le café sur un plateau d’argent
aucune confusion n’est possible, le contexte linguistique indiquant à chaque fois la seule lecture (interprétation) correcte du sens de plateau.
Il existe cependant des cas oÙ l’ambiguÃté créée par la polysémie est intentionnelle, car elle est créatrice d’effets stylistiques, elle est source d’humour dans les anecdotes ou source d’expressivité dans le discours littéraire, elle fait accroitre par effet de surprise l’efficacité du discours publicitaire, etc. En voilà quelques exemples:
discours poétique:
« la mer louable » dans un poÈme Amers de Saint-John Perse est en mÊme temps la mer dont personne ne peut se dire propriétaire (louable = à louer, disponible) et la mer dont on fait l’éloge (louable = digne de louanges, d’éloges)
humour:
Un jour le monde devint fou à partir de ses tÊtes.
le monde = les gens / la planÈte
les tÊtes = parties supérieures du corps / dirigeants
Avocat emprisonné ou le double complexe du barreau
le barreau = le corps de métier des avocats / barre de fer fermant la porte de la prison
discours publicitaire:
« Pour fÊter notre anniversaire, nous avons mis le paquet sur la baisse de tarif » (TELE2 France)
paquet = cadeau d’anniversaire / mettre le paquet = accorder toute l’ attention
« Internet à cœur ouvert » (implantation d’un réseau international, avec présentation des connexions)
coeur = organe interne central / à coeur ouvert = sans rien cacher
« Les cadeaux, ça crée des liens » (offre exceptionnelle du Club-Internet: 200 F de réduction pour tout abonnement avant le 31 mars 2000)
créer des liens = des relations entre les personnes / lien à l’intérieur du réseau Internet + allusion culturelle à une fameuse citation de Saint-Exupéry: apprivoiser = créer des liens.
L’homonymie est traditionnellement définie comme la relation entre deux ou plusieurs mots qui ont la mÊme forme sonore et la mÊme forme graphique, mais des sens complÈtement différents.
ex. côte = 1. os de la cage thoracique et 2. rive
canon = 1. piÈce d’artillerie et 2. loi ecclésiastique
L'homonymie est donc une relation d'identité entre mots qui ne concerne que la forme; toute affinité de sens est exclue. A premiÈre vue, elle ne devrait pas Être retenue dans ce cours, mais elle intéresse malgré tout le fonctionnement sémantique. Aussi présenterons-nous quelques considérations à ce sujet.
Selon qu'il s'agit de formes orales ou de formes écrites, il faut distinguer l'identité de prononciation, l'homophonie, et l'identité de graphie, l'homographie: air, Ère et aire (mais aussi erre, plus rare), comte, compte et conte, vair, verre, vers et vert sont homophones sans Être homographes. Les homophones, identiques dans la langue orale, peuvent d’ailleurs Être confondus, donnant lieu à des glissements référentiels: ainsi les pantoufles en vair (= en fourrure bigarrée) de Cendrillon – l’héroÃne du conte (et non du compte, ni du comte!) de Perrault - sont-ils devenus des pantoufles en verre.
Parent (substantif) et parent (IIIe personne de l’indicatif présent pluriel du verbe parer), fier, adjectif, et (se) fier, verbe, sont homographes sans Être homophones. Mais en français, l'homophonie et l'homographie vont trÈs souvent de pair. Il y a trois mots écrits et prononcés son: son (désignant un bruit), son (partie de graine de céréale), son (adjectif possessif); il y a aussi quatre mots grammaticaux écrits et prononcés que: que pronom relatif, que pronom interrogatif, que conjonction de subordination, que adverbe exclamatif.
On pourrait définir l’homonymie comme une relation entre des mots qui sont à la fois homographes et homophones. Cependant un examen plus attentif de cette relation permet d’établir les distinctions suivantes:
L’homonymie absolue est une relation entre deux ou plusieurs mots oÙ
les sens des mots en question ne sont pas reliés;
toutes les formes de ces mots sont identiques;
les formes identiques de ces mots sont grammaticalement équivalentes.
Tel est le cas des exemples cités ci-dessus: côte et canon.
L’homonymie partielle est une relation entre des mots qui ont au moins une forme identique, mais qui ne respectent pas toutes les conditions de l’homonymie absolue.
ex. le livre – la livre, appartenant tous les deux à la classe nominale, n’ont pas le mÊme genre. Cependant la différence de genre se manifeste surtout dans le contexte, notamment dans la forme de singulier de l'article (le/la, un/une); la forme plurielle de l'article (les, des) ne la comporte pas.
dure (adjectif féminin) et dure (verbe) diffÈrent autant par leur classe syntaxique que par leurs autres formes: l’adjectif masculin dur, les adjectifs pluriels durs et dures, les formes verbales durent, durera, etc.
Il apparait donc que seule l'homophonie est fonctionnellement constitutive de l'homonymie; l'homographie sans homophonie est plus rare. Quant aux mots qui connaissent plusieurs orthographes sans perdre leur unité de sens et de prononciation: clé/clef, cuiller/cuillÈre, déclancher/déclencher, ils sont considérés comme des variantes ne relevant pas de l'homonymie.
Par conséquent, comme le dit Xavier Mignot, « sont homonymes deux signes (ou plus deux signes) qui comportent des signifiants identiques sans que cette identité se retrouve au plan des signifiés. Par signifiants identiques, il faut entendre la mÊme collection de phonÈmes rangés dans le mÊme ordre, avec les mÊmes traits prosodiques et, le cas échéant, quand il s'agit d'un signe complexe, les mÊmes pauses ou 'jointures' » (Mignot, 1972).
L'homonymie est une caractéristique courante des langues naturelles. En effet, si certains homonymes disparaissent le long des décennies ou des siÈcles, d’autres ne cessent de se créer. Les raisons peuvent en Être historiques: ainsi par exemple, les changements phonétiques peuvent effacer les distinctions de forme, créant de nouvelles homonymies. Si on compare les homonymes français d'origine latine, on constate que souvent leurs formes étymologiques étaient distinctes en latin: verre vient de vitrea(m), vers de versus, ver de vermis.(v. aussi ci-dessous, 5.2.1.)
D’autre part, certains mots étrangers, empruntés et adaptés à la phonétique du français sont homophones de mots français préexistants, mÊme quand ils gardent leur graphie d'origine: par exemple cash et cache, car substantif emprunté à l’anglais, la conjonction car ou le nom (ou l’adjectif) quart.
Dans certains cas, notamment lorsque l’homonymie pourrait provoquer des difficultés de compréhension, elle est éliminé de la langue: ce phénomÈne porte le nom de collision homonymique.
ex. Le verbe latin mulgere n'a pas été conservé en français, mais a été remplacé par traire, parce qu'il aurait dÛ aboutir à la forme moudre qui aurait été homonyme d'un autre verbe, venant du latin molere = moudre. L'appartenance de deux homonymes au mÊme domaine sémantique, celui des activités rurales, aurait conduit à des difficultés de communication.
Le contexte linguistique et situationnel permet dans la plupart des cas de lever les ambiguÃtés que pourrait engendrer l’homonymie. Cependant, l'interprétation des énoncés écrits est moins liée à la situation que celle des énoncés oraux. C’est ce qui explique la tendance à distinguer par des graphies différentes des mots différents quoique homophones (tel est le cas de compte et conte, qui ont la mÊme étymologie).
Comme l’affirme C. Baylon (1995), « l'étymologie permet de bien comprendre ce qu'est l'homonymie. On voit en effet qu'à un moment de l'histoire de la langue ou des langues, on se trouve devant deux signes linguistiques différents, que rien ne rapproche parce qu'ils ont deux signifiants et deux signifiés différents. C'est le cas par exemple en latin de loca-re « 1) placer, disposer, 2) donner à loyer » et lauda-re « louer, approuver », qui ont certes des éléments communs dans leurs signifiants, à savoir la consonne latérale initiale et la voyelle ouverte finale, mais qui n'en ont pas moins deux signifiants différents. Les aléas de l'évolution phonétique entre le latin et le français ont rendu similaires la voyelle /o/ et la diphtongue /aw/, et ont fait disparaitre les occlusives intervocaliques, ce qui a donné, dans les deux cas, un mÊme signifiant lou-er».
Mais tous les cas d'homonymie ne sont pas le résultat d'une évolution phonétique qui a rendu identiques les signifiants de deux ou plus de deux lexÈmes différents. Il arrive aussi trÈs souvent que ce soit l'évolution du signifié qui ait abouti à l'apparition d'une homonymie. Tel le verbe latin computare, qui signifie « calculer, compter », et dont le signifiant a, en raison des changements phonétiques entre le latin et le français, donné compter. Employé dans la langue des trouvÈres qui racontaient des histoires en énumérant les épisodes, ce verbe avait un effet de sens comparable au sens du verbe narrer. En passant de la langue des trouvÈres à la langue commune, le verbe conter devient un synonyme du verbe narrer. Aujourd'hui la distance sémantique entre conter et compter est telle que, malgré l'homophonie, les locuteurs ne perçoivent plus aucun rapport entre ces deux verbes.
L'essentiel dans l'homonymie est que la différence de sens soit telle que le locuteur ne puisse pas relier une signification à l'autre, et donc que les signifiés lui paraissent complÈtement différents.
La linguistique structurale a permis de trouver certains critÈres formels permettant de traiter la différence de sens entre des lexÈmes homonymes. C'est ainsi que le Dictionnaire du Français Contemporain a pratiqué ce qu'on appelle le « dégroupement des entrées »: sont traités comme homonymes les significations d'un mot qui correspondent à des différences de distribution, c'est-à-dire à des différences d'environnement syntagmatique.
Jean Dubois (cité par Baylon 1995) explique dans sa Grammaire structurale: Le nom et le pronom qu’il y a deux adjectifs homographes de forme cher, à savoir cher 'aimé' et cher 'coÛteux'. Leurs distributions s'excluent: la vie chÈre (coÛteuse) s'oppose à mon cher ami (aimé) comme substantif + x à y + substantif; dans le premier 'sens', cher est postposé dans tous les cas; dans le second, cher est antéposé dans la plupart des cas. D'autre part, au point de vue de la construction, on peut opposer la vie est chÈre à ma fille m'est chÈre, oÙ la différence provient du fait que cher (aimé) peut Être déterminé soit par l'insertion d'un pronom, soit par l'addition d'une expansion précédée de à (il est cher à ses parents).
La différence de construction ou de distribution n'est cependant pas un critÈre décisif pour mettre en évidence une homonymie.
Un autre critÈre formel est l’existence de séries dérivationnelles différentes de deux homonymes: le nom cherté, l'adjectif chérot et le verbe enchérir se rattachent à cher « coÛteux »; le verbe chérir et l'adjectif chéri se rattachent à cher « aimé ». Malheureusement cette séparation n'est pas systématique: l'adverbe chÈrement présente la mÊme homonymie que l'adjectif cher:
« chÈrement <> 1. D'une maniÈre affectueuse et tendre <> VIEUX « Laissez-moi vous embrasser chÈrement et tendrement » (Sévigné). MOD. Aimer chÈrement qqn. Conserver chÈrement un souvenir. <> 2. À haut prix, d'un prix élevé <> VIEUX. Acheter, payer, vendre chÈrement. FIG. et MOD. Il paya chÈrement son succÈs, en consentant de grands sacrifices. Vendre chÈrement sa vie ». (Le Petit Robert)
Les différents dictionnaires ne traitent pas les cas d’ambiguÃté homonymie – polysémie de la mÊme façon. Ainsi, le Dictionnaire du Français Contemporain dégroupe en deux entrées différentes le mot fruit:
1. fruit <> Organe végétal qui succÈde à la fleur et qui contient les semences: Les fruits du figuier sont les figues. De nombreuses plantes portent des fruits comestibles.
2. fruit <> Profit, avantage retiré de quelque chose: Une découverte qui est le fruit de plusieurs années de recherches. Recueillir le fruit de ses peines.
Le D.F.C. rattache à fruit 1 les adjectifs dérivés fruité, fruitier, et à fruit 2 les adjectifs dérivés fructueux et infructueux. Les séries dérivationnelles différentes constitueraient une preuve de l’homonymie des deux mots fruit. Mais le Petit Robert voit dans fruit « profit, résultat » le sens figuré de fruit « production des plantes apparaissant aprÈs la fleur ».
Concluons, avec C. Baylon, que « il semble () que les séries dérivationnelles différentes puissent manifester aussi bien une polysémie qu'une homonymie. On ne peut donc pas plus voir un critÈre formel décisif de l'homonymie dans les différences de distribution. Finalement, ce qui compte vraiment pour qu'on puisse parler d'homonymie, c'est avant tout la différence de sens ou plutôt c'est une différence de sens telle qu'on ne puisse pas la considérer comme un fait de polysémie, c'est-à-dire comme une différence plus apparente que réelle, une différence entre des significations qui ont entre elles un lien sémantique évident et qui peuvent de ce fait Être attribuées à un mÊme lexÈme ».
L’hyponymie est le reflet d’une relation logique que certains chercheurs appellent inclusion unilatérale et d’autres, implication asymétrique. Elle est définie en sémantique comme la relation entre deux expressions A et B oÙ A implique nécessairement B et B n’implique pas A. Dans cette relation, A est l’hyponyme de B et B est l’hypéronyme de A.
L’hyponymie caractérise le sens d’un mot (le sémÈme) et chacun de ses sÈmes:
ex. mammifÈre
carnivore
canidé
chien
berger allemand
À l’intérieur de ce sémÈme, par exemple, carnivore est l’hyponyme de mammifÈre et l’hypéronyme de canidé, chien est l’hyponyme de canidé et l’hypéronyme de berger allemand etc.
La relation d’hyponymie s’établit également entre les classes de référents et partant entre les lexÈmes – le plus souvent entre des lexÈmes nominaux. L’hyponyme est un nom subordonné à un autre nom, son hypéronyme. La classe des référents auxquels il s’applique est cependant incluse dans la classe des référents auxquerls s’applique l’hypéronyme:
ex. FLEUR est l’hypéronyme de tous les noms de fleurs, tels rose, tulipe, oeillet, chrysanthÈme, etc.
L’hypéronyme est plus pauvre sémantiquement que chacun de ses hyponymes: son sémÈme est inclus dans chacun des sémÈmes de ses hyponymes, qui comportent en plus des sÈmes spécifiques.
En principe, un mÊme référent peut relever de plusieurs catégories, selon qu'on sélectionne telles ou telles propriétés parmi celles qu'il possÈde. Ainsi un oiseau appartient à la catégorie des ovipares, comme les insectes et la plupart des reptiles, si on retient seulement la propriétés de pondre des œufs. Une table appartient à la catégorie des objets fabriqués dénommés tables, mais aussi à la catégorie des meubles. De nombreuses catégories s'emboitent les unes les autres, ce qui reflÈte l’importance de la relation hyponyme – hypéronyme: meuble est aussi l’hypéronyme de siÈge, qu est à son tour l’hypéronyme de chaise, fauteuil, canapé, tabouret, etc. (cf. B. Pottier,1964). À un niveau encore supérieur, objet fabriqué a pour hypéronyme objet physique. Chacune de ces classes se caractérise par un classÈme spécifique. Ces emboitements des classes de référents conduisent parfois à l’existence de véritables édifices hyponymiques à plusieurs étages.
Aussi un mÊme référent, déjà susceptible de s'appeler siÈge ou fauteuil, pourrait-il encore recevoir d'autre noms, soit plus généraux, comme meuble, soit plus précis, puisqu'il existe divers genres de fauteuil (bergÈre, voltaire, etc.). Chacune de ces classes se caractérise par son ou ses sÈmes propres.
La prise en compte de la relation d’hyponymie permet la classification des lexÈmes par ordre de généralité, et partant la structuration du lexique selon un principe hiérarchique paradigmatique qui va du plus général au plus particulier. J. Lyons avait lancé l’hypothÈse que tout le lexique d’une langue pourrait Être organisé hiérarchiquement à partir d’un ensemble de lexÈmes de sens général. Cependant, cette opération n’est pas possible dans tous les cas. Ainsi, en français il n'y a pas de nom susceptible de désigner n'importe quel «objet fabriqué» ni n'importe quel « objet physique ». De mÊme, il n’y a pas d’adjectid susceptible de fonctionner comme un hypéronyme du paradigme hyponymique doux, amer, aigre, acide, etc Ce phénomÈne, que l’on retrouve dans toute langue naturelle, porte le nom de lacunes lexicales.
L’hyponymie se manifeste au niveau du discours, notamment dans trois types de structures:
les définitions, oÙ l’hypéronyme désigne le «genre prochain» auquel s’ajoute la « différence spécifique »:
ex. églantine: fleur de l’églantier .
les exemplifications:
ex. Il y a dans ce jardin toutes sortes de fleurs: des tulipes, des roses, des oeillets
les énumérations:
ex. Il ya dans ce jardin des tulipes, des roses, des oeilles et d’autres fleurs.
La synonymie est traditionnellement envisagée comme une relation entre deux unités linguistiques qui ont « à peu prÈs » le mÊme sens.
En sémantique structurale, la synonymie apparait comme une relation sémantique paradigmatique qui se manifeste syntagmatiquement (= en contexte), à savoir la relation entre deux ou plusieurs lexÈmes ou lexies dont un mÊme sémÈme définit les emplois. L’analyse peut en Être faite à deux niveaux:
A. Au niveau sémémique, la synonymie est rendue possible par la neutralisation contextuelle des sÈmes différentiels des sémÈmes concernés, ce qui conduit à les rendre identiques tant en ce qui concerne les classÈmes qu’en ce qui concerne les noyaux sémiques.
Les sÈmes différentiels peuvent Être:
de nature qualitative:
ex. dérober = voler furtivement
de nature quantitative:
ex. humecter = mouiller trÈs peu
intensifs:
ex. hurler = crier trÈs fort
B. Au niveau lexématique, la synonymie apparait comme une identité partielle et fonctionnelle ( = un rapport d’équivalence) entre des unités linguistiques substituibles dans certains contextes. On dira ainsi que deux mots sont synonymes si la substitution de l’un par l’autre dans un énoncé donné ne modifie pas le sens global de cet énoncé.
ex. Le tribunal a rendu son jugement.
Le tribunal a rendu son verdict.
Certains synonymes peuvent Être analysés (cf. Lyons 1980) comme des co-hyponymes d’un mÊme hypéronyme, qui est substituible à chacun d’eux.
ex. Il a dévalé l’escalier et
Il a dégringolé l’escalier.
Les verbes des deux énoncés ci-dessus peuvent Être substitués par leur hypéronyme commun descendre:
Il a descendu l’escalier.
La condition de possibilité d’une telle substitution est qu’il existe une identité référentielle des unités en question. C’est pourquoi, par exemple, des lexÈmes comme chrysanthÈme, dahlia et fleur, bien qu’illustrant le mÊme type de rapport d’hyponymie – hypéronymie, ne sont pas synonymes.
Cependant l’identité de sens ne se réduit pas à une identité référentielle. Deux lexÈmes peuvent avoir le mÊme référent, mais leurs sémÈmes peuvent différer, par exemple, par des traits de nature connotative.
ex. moineau (mot du français courant) = piaf (registre populaire, notamment celui de la région parisienne).
C’est une des raisons pour lesquelles il n’existe que trÈs rarement des synonymes interchangeables dans tous les contextes, donc des synonymes absolus.
La synonymie absolue (totale, parfaite) concerne seulement les lexÈmes monosémiques et se manifeste surtout dans les langues de spécialité (les terminologies scientifiques et techniques).
ex. logiciel = software (en informatique)
E muet = E caduc = E instable (en phonétique)
Cependant la plupart des mots d’une langue sont polysémiques. La synonymie ne concerne généralement qu'une partie des sens de ces mots. Reprenons l’exemple des noms jugement et verdict, déjà cités:
Le tribunal a rendu son jugement = Le tribunal a rendu son verdict.
mais
Cette personne a du jugement. n'équivaut pas à Cette personne a du verdict.
Parmi les sens de jugement, il y a «décision de justice» et « faculté de bien estimer les choses, les situations»; seul le premier se retrouve dans verdict, étant par conséquent concerné par la synonymie. D’ailleurs, dans un article de dictionnaire, sont souvent proposés des synonymes pour chaque sens du mot défini:
ex. jugement 1 = verdict, jugement 2 = discernement.
L’existence de sÈmes différentiels de natures variée et la polysémie constituent deux facteurs qui expliquent la rareté des cas de synonymie absolue. Selon C. Baylon (1995), « pour la plupart des linguistes, il n'existe pas dans le langage de vrais synonymes, interchangeables dans tous leurs emplois. Cette opinion se retrouve dans l'intuition des usagers, pour qui deux mots ne sont jamais exactement semblables, mÊme s'ils seraient embarrassés pour préciser en quoi consiste leur différence. On admet donc que dans une langue toute dualité de mots correspond ou tend à correspondre, au moins sous certains aspects, à une dualité de sens ou d'emploi.
Pourtant il est fréquent que se multiplient les mots servant à désigner exactement la mÊme réalité, c'est-à-dire les synonymes. Ceci répond certainement à des besoins qu'on ne peut réduire à l'attrait d'une mode ou à une recherche gratuite de l'originalité. Sans Être jamais totale, la synonymie est donc, d'une maniÈre quelque peu paradoxale, une exigence des langues naturelles ».
La premiÈre distinction est donc à faire entre une synonymie absolue et une synonymie relative ou partielle, appelée souvent parasynonymie. En fait, on parlera de synonymie relative en prenant en compte les différences au niveau sémémique, et de synonymie partielle en prenant en compte la possibilité de substituer un synonyme à un autre dans certains contextes. mais pas dans d’autres.
Les synonymes relatifs ont un noyau sémique commun et des traits différentiels (neutralisables en contexte) de nature dénotative ou connotative.
I. Les synonymes dénotatifs sont caractérisés par la neutralisation contextuelle de traits sémiques de nature dénotative:
ex. /+intensité/: peur (non-intensif) – terreur (intensif)
/+maniÈre/: dérober = voler furtivement
II. Les synonymes connotatifs ou stylistiques sont caractérisés par la neutralisation contextuelle de traits sémiques de nature connotative. On distingue ici deux grandes sous-classes:
A. Les synonymes relevant de variétés de langue différentes
différences de registre (de niveau) de langue: français soutenu / courant / familier / populaire / argotique; français standard / français spécialisé.
ex. mourir (fr. courant, standard) – trépasser (fr. soutenu) – casser sa pipe (fr. familier) – crever (fr. populaire); décéder (langage administratif).
différences géographiques (« régionalismes », mots des différents patois, mots circulant dans les pays francophones autres que la France).
ex. soixante-dix = septante, quatre-vingts = octante, quatre-vingt-dix = nonante (en Belgique, en Suisse).
serrer = quicher (dans le sud de la France)
différences diachroniques: c’est le cas des « vieux mots », des archaÃsmes qui sont encore utilisés en français, mÊme si plus rarement que leurs synonymes:
ex. clore = fermer
B. Les synonymes « subjectifs »
les synonymes axiologiques: relÈvent d’un jugement de valeur que le Locuteur porte sur le référent:
ex. appréciatifs (mélioratifs): un chérubin = un enfant sage
dépréciatifs (péjoratifs): un chauffard = un mauvais chauffeur; un garnement = un enfant turbulent.
les synonymes affectifs: révÈlent une réaction affective favorable ou défavorable du Locuteur envers son objet de discours:
ex. ma bichette = ma petite fille chérie
N.B. Comme le montre C. Baylon (1995), les distinctions ci-dessus impliquent une distinction entre sens affectif et sens référentiel ou cognitif, «ce dernier restant le mÊme alors que le premier varie. Mais il n'est pas toujours facile de séparer les deux types de sens, d'une part l'appréciation plus ou moins subjective portée par l'énonciateur sur le référent, dans la mesure oÙ elle est incluse dans le sens, d'autre part ce qui dans le sens sert à la désignation de ce référent.
Dans les médias, quand on situe quelqu'un dans la hiérarchie des artistes (ce substantif a déjà une connotation favorable), on se sert d'adjectifs comme bon, grand, et mÊme immense. Ils ne sont pas réellement synonymes car ils se situent sur une échelle montante de valeurs. Mais une tendance, qui se manifeste dans l'expression immense artiste, veut qu'on s'efforce de repousser toujours plus haut le sommet de l'échelle. Voici, pour l'illustrer, un lot de synonymes susceptibles de concurrencer immense: épatant, extraordinaire, génial, sensationnel, prodigieux, phénoménal, magnifique, formidable, unique, et la liste n'en est pas close. Entre ces mots, la différence semble mince au sémanticien et pourtant, si on fait appel à l'intuition, ces mots n'ont pas tout à fait le mÊme sens».
Les synonymes partiels: cette dénomination renvoie à la limitation, par différents facteurs, de la possibilité de substitution réciproque des synonymes. Nous avons déjà cité parmi ces facteurs le registre de langue et la polysémie. Ainsi, pour reprendre un des exemples déjà cités, il est impensable d’utiliser, dans un discours du type de l’oraison funÈbre, « casser sa pipe » pour « mourir ».
Quant à la polysémie, voici un autre exemple: l’adjectif aigre est synonyme de acide dans le contexte du nom fruit, mais il a d’autres synonymes dans d’autres contextes:
ex. un vent aigre = froid, vif
un ton aigre = mordant
une voix aigre = aiguë, criarde
une humeur aigre = mauvaise, mordante
Le choix entre deux synonymes peut Être déterminé par le contexte linguistique (différence combinatoire, synonymie cotextuelle):
ex. retourner un colis à l'envoyeur, mais l'expéditeur du colis.
Un autre facteur susceptible de limiter la synonymie est le figement, à savoir l’existence dans la langue de syntagmes figés (expressions, locutions) oÙ l’emploi de l’un des membres d’une série synonymique est obligatoire:
ex. lieu, endroit, place font partie d’une telle série. Cependant, ils ne sont pas interchangeables dans:
lieu de naissance
prendre place
Être de l’endroit
Enfin, et notamment dans le cas des verbes, les traits inhérents des actants (= des noms avec lesquels le verbe se combine) peuvent à leur tour limiter la synonymie:
ex. L’enfant tremble / grelotte / frissonne / frémit de froid, de peur
mais
Le souffle de l’explosion fait trembler les vitres.
Les feuilles, les arbres frémissent.
La voix tremble, chevrote.
Certains chercheurs distinguent également une synonymie logique, se manifestant au niveau phrastique ou transphrastique et recouvrant deux phénomÈnes distincts:
- La synonymie paraphrastique, illustrée par exemple par les définitions lexicographiques:
ex. la batteuse = la machine qui bat le blé
le fumoir = le lieu oÙ l’on fume
- La synonymie syntaxique, illustrée par des énoncés ayant la mÊme structure profonde, mais des structures de surface différentes:
ex. Elle a l’air heureuse = Elle parait Être heureuse.
Je pense à l’arrivée de mes amis = Je pense que mes amis arriveront.
Elle est rentrée avant mon départ = Elle est rentrée avant que je ne parte
L’antonymie est traditionnellement conçue comme une relation qui repose sur une opposition binaire: les antonymes sont des mots qui, par leur sens, s’opposent directement l’un à l’autre. Ainsi haut / bas, entrer / sortir, homme / femme, vite / lentement etc. Les dictionnaires donnent souvent, pour mieux éclairer le sens d’un mot, non seulement ses synonymes, mais aussi ses antonymes.
ex. décence = respect de ce qui touche les bonnes mœurs, les convenances.(v. bienséance, pudeur). Ant. effronterie, inconvenance, indécence, obscénité; indiscrétion; cynisme. (Le Petit Robert)
NB. On remarquera que le dictionnaire semble envisager trois domaines antonymiques du mot décence, donnant pour le premier de ces domaines une série d’antonymes entre lesquels s’établissent des rapports de parasynonymie: effronterie, inconvenance, indécence, obscénité, et pour chacun des deux autres, un seul antonyme: indiscrétion et respectivement cynisme.
En linguistique structurale, l’antonymie est envisagée comme une relation sémantique paradigmatique qui se définit, à l’intérieur d’une sémantique lexicale, comme « le rapport généralement binaire entre les mots dont au moins les domaines sémantiques sont contraires » (Otto Duchaèek, Sur quelques problÈmes de l’antonymie, 1965).
L’antonymie est le reflet du rapport d’exclusion logique, rapport d’opposition binaire entre deux sémÈmes (« formules componentielles ») dont les sÈmes (« les constituants ») contrastent systématiquement.
D’autre part, les antonymes peuvent Être envisagés, tout comme les synonymes, comme des termes co-hyponymes, pouvant Être inclus dans un mÊme hyperonyme (ils relÈvent d’un mÊme archisémÈme); ils ont la mÊme classe morphologique (verbes, adjectifs, noms, adverbes, prépositions), un nombre de sÈmes communs et une série de sÈmes opposables qui représentent les pôles d’un axe sémique / d’une catégorie sémique (= d’une structure minimale de sens).
ex. chaud / froid s’opposent sur l’axe de la température; lourd / léger s’opposent sur l’axe de la pesanteur, garçon / fille s’opposent sur l’axe du sexe, etc.
Exemple d’analyse sémique de deux antonymes:
courageux /+humain/ /+disposition du coeur/ /+danger/
sÈmes communs
lache /+humain/ /+disposition du coeur/ /+danger/
courageux /+volonté/ / +dynamisme/ /+force/ /+décision/ /-peur/
sÈmes opposables
lache /-volonté/ /-dynamisme/ /–force/ /–décision/ /+peur/
L’opposition binaire n’est pas la seule relation logique qui sous-tende l’antonymie. Aussi peut-on classer les antonymes, selon les types d’opposition dont ils relÈvent, dans les catégories suivantes:
A. Opposition binaire – rapport de contradiction impliquant une catégorie sémique à deux termes.
A 1. Opposition privative ou négative: un des termes est la négation de l’autre.
ex. acceptable / inacceptable
A.2. Opposition équipollente ou positive: les deux termes ont des propriétés contradictoires. J. Lyons les appelle des « contraires non-gradables ».
ex. vivant / mort, male / femelle
B. opposition non-binaire - rapport de contrariété, impliquant deux ou plusieurs termes.
B.1. Opposition non-scalaire: par exemple, les oppositions à trois termes, A, B, C, oÙ le terme moyen C n’est ni A ni B.
ex. vendable (qui se vend bien) / invendable (qui se vend trÈs mal, qu’on ne peut pas vendre) / vs./ non-vendable (qui n’est pas à vendre)
Il faut mentionner l’existence d’une classe d’antonymes relevant d’une relation de réciprocité ou de symétrie entre lexÈmes de sens opposé. Ce genre d’antonymes sont à retrouver surtout dans les domaines suivants:
- relations sociales et interpersonnelles: acheter / vendre, donner / recevoir, demander / répondre
- rôles sociaux: professeur / élÈve, docteur / malade
- relations de parenté: pÈre / mÈre, pÈre / fils, oncle / tante, tante / neveu ou niÈce
Des relations de réciprocité se manifestent également entre une phrase active et la phrase passive correspondante:
ex. Jean aime Marie / Marie est aimée de Jean (N.B. Les deux phrases sont synonymes; l’opposition se manifeste entre aimer et Être aimé de, oÙ les deux sujets superficiels sont différents et les deux sujets profonds sont identiques).
Il existe aussi des structures réciproques proprement-dites:
ex. Pierre épouse Cécile / Cécile épouse Pierre (dans ce cas aussi, les deux phrases sont synonymes; l’opposition se manifeste entre les deux sujets superficiels).
Les antonymes converses illustrent une sous-classe particuliÈre d’oppositions non-binaires; ces antonymes ne peuvent Être définis que l’un par rapport à l’autre, dans les conditions de l’existence d’un terme moyen ou d’un repÈre. C’est surtout le cas des « mots de direction » et des «mots de position », verbes, adverbes et prépositions désignant des relations temporelles et spatiales:
ex. a) avant / aprÈs, devant / derriÈre, dessus / dessous, à droite / à gauche
b) entrer / sortir /vs./ rester, à droite / à gauche / vs./ au milieu
B.2. Opposition scalaire: c’est une opposition à plusieurs termes qui se situent sur une échelle d’intensité. J. Lyons appelle ces termes des « contraires gradables ». On retrouve ce genre d’opposition surtout dans les classes des adverbes et des adjectifs, « comparables » sur un axe sémique commun. Ce qui revient à dire que seules les classes de mots qui acceptent la comparaison peuvent connaitre ce genre de séries oppositives.
ex. splendide / horrible sur l’axe de la beauté oÙ l’on retrouve aussi joli, beau, laid etc.
brÛlant / glacé sur l’axe de la température oÙ l’on retrouve aussi chaud, tiÈde, frais, froid.
vite / lentement sur l’axe de la vitesse oÙ l’on retrouve aussi les structures comparatives plus vite, plus lentement, moins vite, moins lentement, trÈs vite, trÈs lentement, etc.
Il faut remarquer le fait que, si l’affirmation d’un de ces termes implique la négation de l’autre, la négation de l’un des termes n’implique pas nécessairement l’affirmation de l’autre.
ex. Le thé est brÛlant = Le thé n’est pas glacé.
Le thé est glacé = Le thé n’est pas brÛlant mais
Le thé n’est pas brÛlant n’implique pas nécessairement Le thé est glacé.
L’intervention des sÈmes connotatifs (relevant des registres de langue par exemple) enrichit souvent ces séries oppositives.
ex. énorme, vaste, grand / petit, minuscule, exigu (registre soigné = d’une dimension insuffisante)
Les antonymes relevant d’une opposition scalaire sont considérés par certains comme les seuls vrais antonymes, les antonymes « purs ».
Comme nous l’avons mentionné plus haut, certains antonymes sont envisagés par la linguistique structurale comme relevant d’un mÊme hypéronyme (archisémÈme). Les archisémÈmes concernés par cette relation ont été classés par O. Duchaèek comme suit:
- qualités: beauté / laideur, bon / mauvais, vite / lentement
- quantités: majorité / minorité, court / long, peu / beaucoup
- appréciations: vérité / mensonge, avoir raison / avoir tort, grace à Dieu / hélas
- états: dormir / veiller, sommeil / veille
- changements d’état: embellir / enlaidir, enrichir / appauvrir
- sentiments: amour / haine, aimer / haÃr
- actions: monter / descendre, venir / partir
- changements d’action: s’en aller / rester, se mettre en marche / s’arrÊter
- dimensions générales: gras / maigre, grand / petit
- relations spatiales: entrée / sortie, présent / absent
- relations temporelles: avant / aprÈs, commencement / fin
- age: jeune / vieux, ainé / cadet
- poids: lourd / léger, lourdeur / légÈreté
En examinant la typologie ci-dessus, on comprendra mieux la classification des antonymes en « objectifs » et « subjectifs ». Les antonymes objectifs rendent compte de la possibilité pour l’homme de mesurer avec les sens les objets de la réalité qui l’entoure. Ils se rapportent à des propriétés des objets comme la dimension, la consistance, le prix, la température, etc.
ex. cher / bon marché, lourd / léger
Les antonymes subjectifs relÈvent des sensations, des sentiments, des états affectifs des Êtres humains.
ex. agréable / désagréable, amour / haine, content / mécontent
Comme dans le cas de la synonymie, seuls les lexÈmes monosémiques peuvent se constituer en paires absolument opposées. Ces cas d’antonymie absolue sont rares.
ex. présent / absent, pair / impair
Les cas les plus fréquents sont ceux des lexÈmes polysémiques, qui ont plusieurs antonymes (ou séries antonymiques), selon leurs sens (= selon les sémÈmes qu’ils recouvrent).
ex. un bon conseil / un mauvais conseil
un homme bon / un homme méchant
une bonne partie de / une petite partie de etc.
Selon la façon dont les rapports d’opposition sont lexicalisés, on a classé les antonymes en antonymes lexicaux et antonymes grammaticaux.
Les antonymes lexicaux ont des formes complÈtement différentes:
ex. bon / mauvais, grand / petit, adulte / enfant, etc.
Les antonymes grammaticaux sont formés:
A - par les moyens de la comparaison (degrés de comparaison des adjectifs et des adverbes):
ex. plus agé / plus jeune, plus agé / moins agé
plus vite / plus lentement, plus vite / moins vite
B - à l’aide de préfixes, le plus souvent de sens négatif, ou à l’aide de suffixes:
ex. constitutionnel / anticonstitutionnel, offensive / contre-offensive, marié / non- marié, unir / désunir, sain / malsain, efficace / inefficace; centrifuge / centripÈte, anglophile / anglophobe
Il arrive que les deux antonymes soient des dérivés préfixés:
ex. bonheur / malheur, accrocher / décrocher, bien portant / mal portant
NB: dans les deux premiers exemples cités ci-dessus, les lexÈmes construits sont soudés, si bien qu’aujourd’hui on ne perçoit plus les unités constituantes.
Cependant, tous les lexÈmes construits à l’aide de préfixes négatifs ne sont pas les antonymes de leurs correspondants non-préfixés.
ex. dire et médire
pertinent et impertinent
disposé et indisposé
De mÊme, certains lexÈmes construits à l’aide de préfixes négatifs n’ont pas de correspondant positif formé sur la mÊme base.
ex. insolite / normal, accoutumé et non « solite »
innocent / coupable et non « nocent »
Dans d’autres cas, seul le préfixé négatif se conserve:
ex. inédit signifiant initialement « qui n’a pas été édité », et par extension « qui n’est pas connu, qui est nouveau, original »
Enfin, citons le cas de deux lexÈmes construits sur la mÊme base, à l’aide de préfixes positifs / négatifs, qui ne sont plus antonymes en français actuel:
ex. bienfaiteur, malfaiteur
Toute antonymie est contextuelle. Il existe cependant des cas oÙ le rôle du contexte situationnel dans l’interprétation des rapports d’opposition est capital. Les lexÈmes en question ne sont interprétés comme antonymes que dans des situations trÈs particuliÈres.
ex. Satisfait ou remboursé: publicité fréquente dans les magasins en France, voulant dire que si le client n’est pas satisfait de l’objet qu’il a acheté, il peut le retourner et sera remboursé.
Fruit, fromage ou dessert: au restaurant, en France, ceux qui déjeunent à la carte ont la possibilité de choisir entre ces trois fins de repas.
APPLICATIONS
27. Remplacez donner par un verbe plus expressif.
Je vous en donne pour cent francs (d’une marchandise).
Combien donnez-vous à ces ouvriers?
J’ai déjà donné! (loc. fam.)
Il donnerait tout pour apprendre la vérité.
Il a donné les clés de son appartement au gardien.
« Jusqu’au diner, Mme de RÊnal n’eut pas un instant à donner à son prisonnier ». (Stendhal)
Le facteur a donné une lettre à son destinataire.
Voulez-vous me donner l’heure exacte?
Le chef nous a donné
la
Il nous a donné des arguments, des explications supplémentaires.
Donnez – moi un peu de temps!
« Avant de mourir, il serait capable de me donner. » (Pierre Mac Orlan)
Cela me donne envie de pleurer.
Cela m’a donné une idée.
Cette vigne donne 30 hectolitres de vin à l’hectare.
Vous lui donnez plus de qualités qu’il n’en a.
28. Remplacez, dans les phrases suivantes, dire par un ou plusieurs verbes au sens plus précis.
Ninon dit avec entrain cette poésie de Musset.
Martine a dit ce secret à sa meilleure amie. (2 verbes)
A la fin de la conférence, il dit (passé simple) quelques mots d’encouragement.
Il nous a dit ses projets sur l’aménagement de ce territoire d’outre‑mer. (2 verbes)
Qu’en dites-vous?
Je vous l’ai dit cent fois.
Il a dit hautement, solennellement qu’il s’opposerait à cette loi injuste.
Je te dis qu’il est venu hier soir.
Je vous ai dit dans ma lettre que……
Les journaux ne disent rien de cette affaire.
Je vous avais dit d’agir autrement.
Que veut dire cette phrase en anglais?
Si cela vous disait, nous irions nous promener.
29. Remplacez le verbe avoir par un autre verbe plus précis.
a. Dans sa ville natale, cet artiste a une bonne renommée.
b. Une fois passé l’effet de l’anesthésie, j’eus une forte douleur.
c. Je l’ai rencontré et il avait l’air malade: il avait une rage de dents.
d. Ce problÈme de géométrie a plusieurs solutions.
e. Le libraire du coin a des livres récemment parus.
f. A la vue des résultats de l’examen, Clémentine a eu une forte déception.
g. Le jour de son anniversaire, Marie avait sa robe neuve.
h. Elle fit de son mieux pour arriver plus tôt au magasin, car elle savait qu’en achetant ce mercredi des fours aux micro – ondes les clients auraient des rabais de plus de 15%.
i. Il consulta la carte et vit que le grand fleuve avait quatre affluents dans cette région.
30. Remplacez, dans les phrases suivantes, avec par des mots plus précis.
Ils sont toujours l’un avec l’autre.
Ton oncle Paul est sorti avec son parapluie et son caméra.
Il s’est fiancé avec Mlle Villeroy.
Battez vigoureusement le sucre avec les œufs!
Séparer l’ivraie (neghina)
d’avec le bon grain.
Il a divorcé d’avec elle.
L’auteur de cette étude pense avec A. Malraux que…….
Comment se comporte‑t‑il avec vous?
Il nous a parlé de la guerre avec l’Autriche.
Le conflit de la Russie avec le Japon a suscité bien des commentaires.
Avec la meilleure volonté du monde, on n’y parviendra à un résultat convenable.
Avec ton frÈre, on ne sait jamais à quoi s’en tenir.
Avec toi, on ne sera jamais riche.
Un chapeau avec de larges bords.
Il combat avec une baÃonnette.
Il croit nous éblouir avec ses grands airs.
Avec une telle somme, vous pouvez l’obtenir.
Tout s’arrange avec le temps.
Il a pris son manteau et il est parti avec.
31. Remplacez la préposition pour par une expression équivalente.
Il partira demain pour l’Amérique du Sud.
Pour l’anniversaire de Marie, on a organisé un pot d’amitié.
Il est allé consulter ses employeurs pour ces investissements.
Elle éprouvait une immense pitié pour cette enfant malheureuse.
On a procédé à une collecte pour les victimes du séisme du mois de mars.
Elle s’efforce à rassembler le maximum de preuves pour le dossier qu’elle présentera à la conférence des recteurs.
Ma sœur
AprÈs ce long séjour à l’hôpital, son médecin courant lui a prescrit un traitement efficace pour l’anémie pernicieuse.
32. Remplacez le mot tout par un mot ou une expression équivalents.
Tous les matins, il traversait le parc Monceau.
Un tout jeune garçon répondit à l’appel du professeur.
Retenez ce vieux dicton: « Le tout est de commencer; la suite sera facile. »
Pour tout livre d'histoire lu en moins de trois jours, vous recevrez un bonus important.
Pour toute réponse, on
lui ferma
Pendant la traversée de l’Atlantique, il avait lu tout Alexandre Dumas.
Je suis contente: le vendeur m’a fait un bon prix. En fait, il m’a laissé le tout pour 50 euros.
33. Remplacez les énumérations des textes ci – dessous par un ou plusieurs termes englobants (hypéronymes).
a. « La morale du temps flatte ce narcissisme ne fut – ce qu’en
donnant le nom de culture au style de vie du monde adolescent. Avec ce mot, en
effet, tout d’emblée s’égalise: Mozart et Michael Jackson, Proust et la
bande dessinée, le vidéoclip et la tragédie grecque, Emmanuel Kant et
Alain FINKIELKRAUT, Le Nouvel Observateur, sept. 1984.
b. «Goldorak permet à ses promoteurs, au premier rang desquels Antenne 2, d’engranger des bénéfices «fantastiques»: jouets, BD, livres, tee-shirts, décalcomanies, posters, jeux de cartes, autocollants…. Sans compter les effigies destinées à vendre le fromage ou la moutarde… »
Revue Que choisir?, sept. 1970
34. Précisez par des termes ou expressions de sens équivalents le sens du mot contraire dans les phrases suivantes. Donnez aussi, chaque fois que vous le pouvez, un mot ou une expression de sens opposé.
Le café est contraire aux insomniaques.
Ils sont convaincus que le sort ne leur sera pas toujours contraire.
Quel est le contraire de blanc?
Il vient de dire le contraire de ce qu’il affirmait hier à l’interrogatoire.
Il fait tout le contraire de ce qu’on lui demande.
Les cyclistes devaient rouler avec le vent contraire.
C’est une décision contraire à la loi.
35. Trouvez dans les mots de l’encadré, celui qui pourrait remplacer scÈne dans les phrases suivantes.
décor – démonstration affectée – dispute – planches – plateau. |
a. Il nous a fait une grande scÈne d’indignation.
b. Les acteurs de ce film évoluent sur une grande scÈne.
c. Le grand acteur monta sur la scÈne à 19 ans.
d. La scÈne représente la place publique d’une cité espagnole du XVI-e siÈcle.
e. Le film commence par une scÈne de ménage.
36. Trouvez dans la colonne de droite les sens du mot aile dans les phrases ci‑dessous.
1. L’oiseau blessé battit de l’aile et s’effondra. |
a. partie de la carrosserie située au - dessus des roues d’une automobile. |
2. L’aile gauche du parti écolo s’est opposée à cette nouvelle loi sur les impôts. |
b. gauche et droite de l’attaque d’une équipe (opposée au centre) |
3. Ce nouveau type d’avion a les ailes en flÈche. |
c. chacun des chassis garnis de toile d’un moulin à vent. |
4. Ils furent logés dans l’aile droite du chateau |
d. chacun des organes de vol chez les oiseaux (une paire), les chauves – souris (une paire), les insectes (généralement 2 paires). |
5. Le camion a embouti l’aile avant droite de la voiture de Paulette. |
e. chacun des plans de sustentation d’un avion. |
6. Il regarda avec tristesse les ailes de son nez nervurées de rouge: un vrai nez d’ivrogne! |
f. moitiés inférieures des fosses latérales du nez. |
7. L’aile droite de l’armée impériale se trouvait à l’orée du bois et attendait les nouveaux ordres. |
g. partie latérale d’une construction. |
8. L’attitude hésitante de nos adversaires a permis une attaque fulgurante de l’aile gauche de notre équipe. |
h. partie latérale d’une armée en ordre de bataille |
9. Convaincu qu’il allait combattre les géants, don Quichotte attaqua…les ailes d’un moulin à vent. |
i. partie d’un groupe politique par rapport à un centre. |
37. Indiquez pour chacune des phrases suivantes si le mot air est pris au sens de gaz, d’espace, d’apparence ou de mélodie.
Cet exercice n’a l’air de rien, mais il est difficile.
Ouvrez la fenÊtre, donnez un peu d’air frais.
Le soleil donne un air de fÊte au village.
La radio transmet parfois des airs d’opéra.
La conquÊte de l’air est un vieux rÊve des hommes.
L’enfant fredonnait un air sans paroles.
Un courant d’air a fait
claquer
38. Donnez les différents sens de l’adjectif vert dans les phrases suivantes.
Chaque fois que Marie va en ville, elle met son pantalon vert.
Il réussit difficilement à allumer le feu, car le bois était vert.
« Quand j’étais jeune, j’achetais du café vert chez l’épicier du coin et je le grillais moi-mÊme », disait grand-mÈre chaque fois que je lui apportais du café noir.
A le voir si vert, on ne lui donnerait pas ses 86 ans.
AprÈs tout ce que Jeanne a fait, elle peut s’attendre à une verte réprimande.
Il a écrit ce roman en langue verte.
Il a eu un grand succÈs avec cette plantation d’ananas; il a la main verte.
Dans ces circonstances exceptionnelles, ils nous ont donné le feu vert.
Vous ne devez pas encore boire de ce vin: il est encore vert.
Pour ces situations spéciales n’hésitez pas, utilisez le numéro vert!
Le fils de Lucie aimait la saveur spéciale des fruits verts.
39. De quel pont s’agit-il dans chacun de ces propos?
J’ai fait le pont en moins d’un an. (l’Ingénieur)
J’ai fait le pont entre Noël et le jour de l’An. (l’employé)
J’ai fait le pont et un double saut devant les spectateurs. (l’acrobate)
40. Précisez par des équivalents (définition ou paraphrase) les différents sens que revÊt caoutchouc dans les phrases ci-dessous.
Pendant la derniÈre guerre, on a fabriqué du caoutchouc synthétique.
Chez le fleuriste, il a acheté un caoutchouc pour l’anniversaire de sa femme.
TrÈs conservateur, l’oncle Paul utilisait des caoutchoucs pour regrouper ses fiches.
« Quelques voyageurs étaient vÊtus de caoutchoucs informes. » (Daudet)
41. Quel est l’homonyme de dessin?
42. A l’aide du dictionnaire, indiquez la différence de sens qui existe entre:
mail et maille; mari et marri; neuf et nouveau; obligation et obligeance.
43. Complétez les pointillés par les homonymes convenables.
1. Le paté de ……gras est une spécialité gastronomique française.
2. « Chaque jour que je la vois / Et crois toujours la
voir pour la premiÈre …. » (
3. Les professions de …. des candidats aux élections municipales n’ont enthousiasmé personne.
4. L’huile de …. de morue est riche en vitamines A et B.
5. « Aucune force du monde ne l’empÊcherait jamais d’accomplir ce qu’il avait une …… résolu. » (F. Mauriac)
6. Une ….. n’est pas coutume.
7. Avoir les jambes en paté de…… signifie se sentir trÈs faible.
8. Et pourtant, ils étaient de bonne …., les deux compÈres!
44. Donnez les homonymes du verbe penser.
45. Trouvez les homonymes des mots suivants et dites s’ils sont homographes ou simplement homophones.
page (n. f.) – mousse (n. f.) – cygne (n. m.) – vingt – tendre (adj.)
46. Lequel de ces homonymes est utilisé dans chacune des expressions suivantes.
cor ou corps? |
un …….. au pied; sonner du …… |
dard ou dare? |
se sauver …….. - ………. |
for ou fort? |
dans son …… intérieur. |
huis ou huit? |
un procÈs à …… clos. |
ban ou banc? |
publier les ……. (publication de mariage) |
ri, ris ou riz? |
manger du ….. de veau. |
aire, Ère ou hÈre? |
un pauvre …….. (homme misérable). |
vau, vaux ou veau? |
aller à la …… - l’eau (péricliter). |
sain, saint, sein ou seing? |
donner un blanc - ……. |
47. Faites correspondre les mots ou expressions avec un syntagme équivalent:
1. alias |
a. état actuel, sans changement |
2. hic et nunc |
b. par la force |
3. statu quo |
c. autrement appelé |
4. sic |
d. textuellement |
5. manu militari |
e. ici et maintenant |
48. Quelle différence y a-t-il entre un analphabÈte et un illettré?
49. Faites correspondre les mots ou expressions avec un syntagme équivalent.
1. lapsus linguae |
a. difficulté, point délicat. |
2. sine qua non |
b. aide-mémoire. |
3. hic |
c. indispensable. |
4. lapsus calami |
d. faute de substitution dans le discours écrit. |
5. memento |
e. faute de substitution dans le discours oral. |
50. Remplacez les mots soulignés par les synonymes appropriés:
- Il est issu blanc comme neige de cette ténébreuse affaire.
- Hercule Poirot faisait travailler sa matiÈre grise.
- Aux fiançailles de son petit-fils, ce vieillard toujours vert était un peu gris.
51. Choisissez le synonyme approprié dans le groupe indiqué au début de chaque phrase.
dissiper, disperser, écarter) Elle prononça ces paroles rassurantes afin de …… mes craintes.
préparer, ménager, organiser) Il avait l’intention de …. une agréable surprise à sa femme.
monter, gravir, grimper) Il regardait le vieux chat …… aux arbres sans le moindre effort.
52. Lexique géo. |
A. |
B |
Recherchez dans la colonne B le(s) mot(s) synonyme(s) de chaque mot de la colonne A. |
Une caverne Une aiguille Un golfe Un cours d’eau Une côte (bord de la mer) Une colline Une vallée Une cascade Un pas Un marais |
– un vallon – un bassin – un coteau – un pic – une baie – un rivage – une grotte – une anse – un ru – une combe – une gorge – une cataracte – un marécage – une riviÈre – un fleuve – un col – une cascatelle – un haut – une côte – un ruisseau – un affluent – un saut – une chute |
53. Donnez le synonyme de traitre: Il ne m’en a pas dit un traitre mot.
54. Sur l’exemple: un acteur (c), un artiste dramatique [+], un cabotin [-], oÙ c = mots du langage courant, [+] = mots mélioratifs, [-] = mots péjoratifs, classez les synonymes suivants;
a. un monsieur, un homme, un type;
b. une voiture, une bagnole, une auto;
c. un volume, un livre, un bouquin;
d. un écrivain, un plumitif, un homme de lettres.
C | ||
55. Donnez, dans un registre de langue soutenu, les équivalents synonymiques des termes soulignés dans ces phrases de L. F. Céline.
Il faisait un raffut horrible, tous les voisins se bidonnaient.
Je les ai en horreur, les boulots.
C’était si petit, notre piaule, qu’on butait partout.
Les mômes, ils l’ont sentie passer la sollicitude des familles. Il a fallu qu’ils se la tapent, l’huile de foie de morue.
Grand – mÈre, elle n’arrÊtait pas d’aller piquer du rossignol à la salle des ventes.
56. Remplacez les expressions soulignées par les expressions du français familier de la colonne de droite.
Il s’est acheté une vieille bicyclette. |
une balade |
Ce coureur a été éliminé du Tour de France parce qu’il s’était drogué avant cette étape difficile. |
crevé |
A la fin du concours, le coureur était trÈs fatigué. |
une bécane |
Ils vont faire une promenade en vélo. |
dopé |
57. SEC est le contraire de HUMIDE. LE PLUS est le contraire de LE MOINS. Donc LE PLUS SEC est le synonyme de LE MOINS HUMIDE.
Retrouvez de mÊme les tournures synonymes de: le plus riche, la plus belle, le moins intelligent, le plus sombre, le moins agréable.
58. Classez par ordre croissant de maigreur / rondeur les mots de la liste suivante.
maigre – décharné – plantureux – squelettique – obÈse – gros – mince / svelte – grassouillet – maigrichon – émacié – potelé – dodu – étique – sec – corpulent – enveloppé – filiforme – replet – gras.
MAIGRE |
ROND |
59. Lisez les textes suivants. Voici, pour les mots soulignés, des séries de synonymes. Déterminez ceux qui s’adaptent au contexte.
A. Hiérarchie: classement, organisation, échelle.
Expansion: développement, mouvement.
Exalté: passionné, enthousiasmé, glorifié, célébré, surexcité.
« Le sport, dont l’expansion prodigieuse est un des phénomÈnes typiques de notre époque, marque le triomphe de l’esprit de compétition, bien que l’élément de hasard ne disparaisse jamais entiÈrement. Il réhabilite des qualités qui n’ont plus guÈre de prix dans la compétition sociale. La force, l’adresse, la résistance, éliminées d’abord du travail (et du combat) aux échelons supérieurs de la hiérarchie, puis progressivement des échelons moyens ou inférieurs, sont, grace au sport, réhabilitées, exaltées par elles – mÊmes. Outils, machine se substituent à la main et réduisent l’effort physique, le corps redevient le héros sur les stades autour desquels se pressent les foules. »
B. Tendance: penchant, orientation, disposition, fraction politique.
Refouler: réprimer, faire reculer, repousser, reconduire.
Pulsion: élan, force, mouvement, instinct.
Neutraliser: arrÊter, annihiler, équilibrer, annuler, diminuer.
Satisfaction: contentement, plaisir, réparation.
« En affirmant qu’il n’y a pas ou qu’il ne doit pas y avoir place pour la violence dans notre nature affective, nous évitons de chercher les moyens éducatifs qui permettraient de contrôler les tendances violentes; nous essayons, de cette façon, d’obliger chaque individu à refouler ses pulsions agressives, puisque nous ne lui avons pas appris à les contrôler et à les neutraliser et que nous ne lui avons pas donné de moyens d’expression de remplacement dans le cadre de la société. C’est pourquoi tant de gens sont disposés à trouver tout au moins une satisfaction imaginative de leurs tendances violentes dans les spectacles violents fournis par les mass media. »
Bruno BETTELHEIM, Survivre, 1979
60. A l’aide des définitions en italique, complétez chaque phrase avec l’un des mots placés dans l’encadré ci – dessous.
observer – dévisager – épier – guetter – contempler – lorgner – scruter |
Considérer attentivement;
s’absorber dans l’observation de.
Je la …….. avec cette horreur qui me saisit quand je perçois, chez une créature
humaine, la présence de la bÊte. » (G. Duhamel)
Regarder (qqn.) avec
attention, avec insistance.
« Comme les jeunes filles passaient le long de la grande cour ovale,
[….. ] chacun de nous les ………. à son aise. » (Larbaud)
Observer attentivement et
secrÈtement (qqn., un animal).
« Hubert, maintenant silencieux, m’ ………. à travers ses
lunettes. » (Mauriac)
Surveiller avec attention
(pour se prémunir contre un danger, pour attendre un événement que l’on prévoit
ou espÈre).
« Les deux lignes, face à face, se …….. haineuses et
résignées. » (DorgelÈs)
Regarder, observer de façon
particuliÈre (de côté, avec insistance, à l’aide d’un instrument.
La vieille dame ……. sa niÈce du coin de l’oeil.
Considérer avec une attention
soutenue, afin de connaitre, d’étudier.
« Le philosophe consume sa vie à ……… les hommes. » (La
BruyÈre)
Examiner avec une grande
attention, pour découvrir ce qui est caché.
« Je ne me permettrai point de ……. les motifs de l’action de M. de Valmont. »
(Laclos)
61. Choisissez dans la liste des synonymes du mot conséquence ceux qui conviennent aux phrases suivantes:
la
conséquence – l’effet – la réaction – le corollaire – le fruit – |
Quel a été le r…..……. des pourparlers diplomatiques?
Cette étude monumentale sur les AztÈques fut le f……… de leur collaboration.
Le discours du chef du parti écolo a eu un r………. inattendu sur l’opinion des électeurs.
Maintenant, il faut que vous tiriez les c……… de cet événement.
Le docteur l’a mis en garde sur les s…… de cette grippe rebelle.
Cette tornade a eu des e……… catastrophiques sur toute la région du Sud – Ouest.
On peut tirer de ce théorÈme plusieurs d……. et leurs c……..…
Voilà ce que cet homme politique affirmait au début de son discours à la Chambre des Députés: « Pour porter un jugement sur cette affaire, il faudrait en connaitre les t….. et les a………
62. Quelle différence y a-t-il, du point de vue du sens, entre les paronymes suivants?
colorer désaffection repartir chérif
colorier désaffectation répartir shérif
63. Quelle différence de sens y a – t – il entre un déodorant et un désodorisant?
64. Original / originaire / originel ? Complétez les pointillés par les mots appropriés.
1. La tomate et le tabac sont des plantes …….. d’Amérique.
2. Ce peintre …… est ……. d’Allemagne.
3. Les résultats de ces fouilles archéologiques
jettent une lumiÈre étrange sur la
4. Les linguistes ont constaté la disparition du sens ….. de ce mot.
65. Quelle différence de sens y a – t – il entre les doublets ci-dessous?
loyal / légal;
déchéance / décadence;
raide / rigide;
chenal / canal.
66. Donnez le contraire d’insipide dans ce plat est insipide.
67. Quel est le contraire de fortuit dans une rencontre fortuite?
68. Complétez les phrases suivantes avec un antonyme du mot souligné.
- Si les Britanniques sont des insulaires, la plupart des Français sont des ……
- La vie citadine a des avantages que la vie …… n’a pas.
- Claudine rÊvait d’un appartement spacieux, mais elle a dÛ se contenter d’une chambre …
69. Cherchez les préfixes négatifs pouvant donner à ces adjectifs un sens contraire.
Ex. certain / incertain
utile – content – licite – normal – personnel – adroit - légal – compétent – satisfait – intéressé – exact.
70. Donnez les contraires des phénomÈnes figurant dans la liste ci-dessous.
1. la contraction; 2. la concentration; 3. l’attraction;
4. la compression; 5. la dilatation; 6. la convergence.
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