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DOCUMENTE SIMILARE |
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LA GESTION DU RISQUE DE CHANGE
La problématique de la gestion du risque de change
La réduction de l’exposition de l’entreprise au risque de change
2.1. Le choix de la monnaie de la facturation
2.2. Le recours aux clauses monétaires
2.2.1. L’adaptation des prix proportionnelle aux fluctuations de change
2.2.2. L’adaptation des prix proportionnelle aux fluctuations de change avec franchise
2.2.3. La clause de risque partage
2.2.4. La clause d’option
2.3. Le termaillage
2.4. Le netting
La gestion du risque de change sur les créances et les dettes a court terme en devises de l’entreprise
3.1. La Coface et la gestion du risque de change
3.2. L’avance en devise et la gestion du risque de change
3.3. Les contrats à terme des devises (forward contract) et la gestion du risque de change
3.3.1. La couverture de l’exportateur contre le risque de baisse des cours
3.3.2. La couverture de l’importateur contre le risque de hausse des cours
3.3.3. La couverture de la banque
3.3.4. Couverture systématique et couverture sélective
3.3.4.1. Couverture sélective et report
3.3.4.2. Couverture sélective et déport
La gestion du risque de change
Les entreprises sont confrontées au risque de change, car elles effectuent des opérations d’exportation et d’importation facturées dans des devises différentes de celles utilisées pour l’établissement de leurs bilans et de leurs comptes de résultat. Dans la mesure ou les taux de change ne sont pas stables, ces fluctuations peuvent être à l’ origine de gains ou de pertes très importantes et l’entreprise doit alors se poser le problème de la gestion du risque de change.
Pour un exportateur détenant des créances en devise, il existe un risque de change lorsque le cours de la devise baisse entre la signature de la créance et son paiement.
Pour un importateur ayant des dettes libellées en devise, il existe un risque de change lorsque le cours de la devise s’élève entre la signature et le paiement de la dette.
La variation du taux de change n’est pas toujours défavorable à l’exportateur et a l’importateur. Le cours de la devise dans laquelle est libellée la créance peut s’accroitre tout comme le cours de la devise dans laquelle est libelle, le cours peut baisser. Dans ces conditions, la variation du taux de change entraine un profit.
Ce qui est vrai des dettes et des créances commerciales l’est également des prêts et des dettes de nature financière. Un préteur craint une baisse du cours de la devise dans laquelle est libelle son prêt, mais il tire profit d’une hausse de la même devise. L’emprunteur, en revanche, subit un risque de change s’il enregistre une hausse de la devise dans laquelle est libellée sa dette, mais il bénéficie d’un gain de change si le cours de la devise diminue.
L’existence au bilan d’une entreprise de créances et de dettes libellées en devises et ultérieurement traduites en monnaie locale à un cours qui est susceptible de varier est a l’origine du risque de change de transaction. Celui-ci se traduit par des gains et des pertes de trésorerie qui sont recenses dans les comptes annuels des entreprises. Comme il vient d’être mentionne, ce risque concerne pour l’essentiel des opérations commerciales (prêts et emprunts) libellées en devises étrangères.
Le risque de transaction doit être distingue du risque de consolidation. Parfois dénommé risque de conversion, celui-ci est spécifique aux sociétés qui consolident dans leurs comptes les bilans et les résultats de leurs filiales étrangères. Cette consolidation se fait aux taux de change au comptant prévalant a la date de l’établissement du bilan et du compte de résultats consolides. Ce taux évoluant d’une année sur l’autre, ses fluctuations induisent des pertes ou des gains dits de consolidation ou de conversion.
Ils n’ont pas d’impact direct sur la trésorerie, mais ils modifient la présentation des comptes annuels des groupes consolides. Leur incidence se fait sentir à moyen terme et a long terme.
Selon les époques et les entreprises concernées, l’accent est place sur le risque de transaction ou sur le risque de consolidation. L’un et l’autre sont la conséquence d’un enregistrement comptable mais ils n’épuisent pas toute la réalité du risque de change.
En théorie, il serait préférable de s’intéresser au risque de change économique qui englobe le risque de consolidation et, a fortiori, celui de transaction.
Le risque de change économique existe des que les résultats et la valeur d’une entreprise, d’une part, sa comptabilité nationale et internationale, d’autre part, sont susceptibles d’être affectes par ne variation des taux de change. Ce risque est bien réel, mais il est diffus et difficile à appréhender. Il se concrétise par des variations de la valeur de la firme (que reflète le prix des actions). Au-delà de la valeur des actifs et des passifs enregistres au bilan, les fluctuations des taux de change affectent, en effet, les revenus et les dépenses inscrits au compte de résultat et les cash-flows de l’entreprise, ses résultats financiers et sa compétitivité nationale et internationale. Les fluctuations des taux de change peuvent avoir des effets négatifs ou positifs sur la valeur de l’entreprise dans le cas, par exemple, d’une baisse du dollar par rapport a l’euro pour une entreprise européenne), mais également positifs ou négatifs (dans le cas inverse, d’une hausse du dollar par rapport a l’euro).
Les effets des fluctuations des taux de change sur la valeur de l’entreprise peuvent être directs ou indirects. Les premiers ont un impact immédiat sur les revenus et les dépenses sensibles aux modifications des cours des devises. Les effets indirects sont retardes et plus diffus. Ils se concrétisent par une modification du positionnement relatif de l’entreprise vis-à-vis de ses concurrents nationaux et internationaux, car les prix de ses outputs et des es inputs doivent tôt ou tard s’ajuster, même si c’est de manière imparfaite, afin de refléter les fluctuations des taux de change.
1. La problématique de la gestion du risque de change
Dans le contexte d’une économie internationale caractérisée par des fluctuations de grande ampleur des cours de devises, la gestion du risque de change est un nécessite. Cette gestion a pour objet de minimiser, au moindre cout, les pertes susceptibles d’affecter, du fait des variations des parités ou des cours de change, le patrimoine ou les revenus de l’entreprise libelles en monnaies étrangères. A court terme, le cout de gestion de ce risque doit être inferieur aux pertes qui se seraient produites en l’absence de protection. A long terme, les couts de gestion ne doivent représenter qu’une fraction des pertes de change potentielles.
La gestion rationnelle du risque de change est un processus qui comporte cinq étapes :
La détermination de la position de change ;
La surveillance en temps réel de la position de change ;
L’évaluation de la probabilité de variation du taux de change ;
Le calcul des coefficients de risque ;
La mise en œuvre des techniques adéquates de couverture
La position de change est une variable objectivement quantifiable, mais l’analyse et l’évaluation de ses éléments constitutifs laissent apparaitre un certain nombre de difficultés. La position de change d’une unité économique résulte de la présence dans le patrimoine de cette unité d’avoirs et d’engagements libelles en devises différentes de la monnaie de référence de l’unité économique considérée.
Le choix de cette monnaie de référence est facilite lorsque l’entreprise est cotée en bourse. Dans cette hypothèse, en effet, la devise de cotation des actions est de manière tout à fait naturelle la monnaie de référence. Si la société n’est pas cotée en bourse, la monnaie de référence est celle du pays dans lequel l’entreprise est implantée ou la société mère, lorsqu’il s’agit d’un groupe multinational.
Il peut arriver que la devise dans laquelle est établi le bilan consolide du groupe diffère de celle du pays ou est implantée la société mère. Dans ce cas, c’est la devise du bilan consolide (ou celle des actionnaires qui contrôlent la société) qui doit être retenue comme monnaie de référence.
La détermination précise des actifs et des passifs exposes au risque de change pose certaines difficultés. Les uns et les autres n’y sont pas exposes, en effet, de la même manière et leur inclusion dans la position de change doit être décidée cas par cas. C’est à ce niveau que se trouve la difficulté de tracer une ligne de démarcation précise entre la couverture et la spéculation.
La position de change s’entend parfois dans un sens étroit et n’inclut alors que les créances et dettes a court terme.
De manière générale, tout actif et tout engagement (commercial ou financier) d’une entreprise libellée en devise est susceptible d’introduire un risque de change et doit être inclus dans la position de change.
Pour surveiller en temps réel la position de change d’une entreprise, il est indispensable d’établir un tableau de la position de change. Son élaboration conduit à y enregistrer toutes les opérations en devises susceptibles d’influencer la position de change de l’entreprise. Par convention, les dettes et les créances sont respectivement affectées d’un signe – et +.
Sont ainsi prises en compte (tableau 1) :
Les facturations commerciales : clients et fournisseurs ;
Les opérations financières : prêts et emprunts en devises ;
Les autres transactions commerciales ou financières : redevances associées aux brevets et aux licences, soumissions aux appels d’offre, ventes sur catalogues, versements ou perception d’intérêts et de dividendes etc. ;
Les activités de négoce.
Tableau 1. Le tableau de la position de change
USD |
JPY |
GBP |
Autres devises |
|
Facturations commerciales Clients (+) Fournisseurs (-) Operations financières Prêts (+) Emprunts (-) Autres transactions commerciales et financières Brevets et licences (+ ou -) Soumissions a des appels d’offre (+) Ventes sur catalogues (+) Versement ou perception de dividendes et d’intérêts (+ ou -) Activités de négoce (+ ou -) | ||||
POSITION DE CHANGE DE TRANSACTION | ||||
Commandes en carnet non encore facturées Ventes (+) Achats (-) Autres éléments intervenant dans la position de change économique (+ ou -) | ||||
POSITION DE CHANGE ECONOMIQUE |
Le recensement de toutes ces opérations permet de déterminer la position de change de transaction qui fera l’objet d’une éventuelle décision de couverture. Si l’on ajoute aux rubriques précédents les commandes en carnet non encore facturées, il est possible d’avoir une idée plus précise de la position de change économique.
La position de change doit être établie devise par devise et prendre en comptes différents horizons temporels car toutes les créances et dettes n’ont pas la même échéance.
Le tableau de la position de change doit donc être établi sur une base hebdomadaire, mensuelle ou annuelle, en fonction des caractéristiques et des besoins spécifiques de chaque entreprise. Dans une vision idéale, un tableau de la position de change doit être un état des flux prévisionnels établi par devise et par échéance, mettant en évidence les positions de change nettes de l’entreprise pour différentes échéances allant jusqu'à l’horizon le plus éloigne.
Lorsqu’une entreprise possède plus de dettes que d ; actifs libelles dans une devise, on dit que sa position nette est « courte » (schéma 1). L’entreprise subit une perte en cas de hausse du cours de la devise par rapport à la monnaie de référence ; elle enregistre en revanche un gain de change en cas de baisse du cours de la devise. Inversement, lorsque les actifs sont supérieurs aux dettes, la position de change nette est « longue ». L’entreprise enregistre un gain en cas de hausse de la devise et une perte en cas de baisse.
Schéma 1. Détermination de la position de change nette
Créances en dollar |
Dettes en dollar |
Position courte en dollar |
Perte de change en cas de hausse du dollar ; Gain de change en cas de baisse du dollar
Créances en livre sterling |
Dettes en livre sterling |
Position longue en livre sterling |
Gain de change en cas de hausse de la livre sterling ; Perte de change en cas de baisse de la livre sterling
Apres avoir détermine sa position de change, l’entreprise doit évaluer les risques auxquels elle est exposée. Cette évaluation débute par l’estimation de la variation probable du cours de change des devises constituant la position de change. Cette évaluation se poursuit par l’estimation des probabilités de variation du cours de chaque devise dans un délai détermine.
L’évaluation du risque de change se termine par la détermination des coefficients de risque spécifiques à chaque devise et a chaque horizon.
Connaissant ces coefficients, les responsables de la gestion des risques mettent en œuvre, quand elles paraissent justifiées, les techniques adéquates en vue de se protéger contre le risque de change. Toute politique de couverture ayant un prix, les responsables doivent le comparer avec le risque qu’elle permet de couvrir.
La détermination de la position de change est un préalable à une gestion rigoureuse du risque de change. Cette dernière étant toujours couteuse, il est souhaitable de réduire à son minimum l’exposition de change de l’entreprise pour n’avoir à couvrir qu’un risque résiduel.
La réduction de l’exposition de l’entreprise au risque de change
Le choix de la monnaie de facturation, le recours aux clauses monétaires, le termaillage et le netting sont quatre procédures utilisées par les entreprises pour réduire leur exposition au risque de change.
2.1. Le choix de la monnaie de facturation
Pour éviter de subir au risque de change, la solution la plus simple est de procéder à une facturation en monnaie nationale.
Cette procédure élimine toute incertitude : l’exportateur (l’importateur) contractant dans sa devise connait parfaitement la somme à recevoir (verser) à l’échéance du crédit qu’il accorde (dont il profite). Encore faut-il, pour éviter tout risque, qu’il n’y ait pas de clause de correction de prix indexée sur une devise. En effet, si le client ou le fournisseur prévoit une telle clause, l’opération, bien que libellée en monnaie locale, sera liée aux fluctuations du cours de la devise de référence.
La facturation en monnaie nationale n’est pas toujours possible, car les intérêts de l’exportateur sont opposes a ceux de l’importateur :
Le second est intéressé par une facturation dans une devise faible, susceptible de se déprécier par rapport a sa propre monnaie ;
Le premier, en revanche, souhaite une facturation dans une devise forte, susceptible de s’apprécier par rapport a sa propre monnaie ;
Une facturation en monnaie nationale comporte deux inconvénients :
Les entreprises qui y recourent ne peuvent se financer en eurodevises (a des taux qui peuvent être inferieurs au taux d’intérêt national), sans a prendre un risque de change ;
Les entreprises ne peuvent bénéficier d’évolutions de change favorables sur certaines devises dont elles pourraient tirer profit en pratiquant des couvertures sélectives.
2.2. Le recours aux clauses monétaires
Les clauses monétaires permettent d’adapter le prix d’achat ou le prix de vente des biens et services à l’évolution du cours des devises, ce qui permet à l’importateur et à l’exportateur de réduire leur exposition au risque de change.
2.2.1. L’adaptation des prix proportionnelle aux fluctuations de change
En application de cette clause, l’exportateur et l’importateur peuvent accepter que les fluctuations du cours de la devise de facturation se répercutent sur les prix. Si le cours s’élève, le prix de l’exportateur ou de l’importateur est réduit. S’il baisse, le prix des produits exportes ou importes est augmente.
2.2.2. L’adaptation des prix proportionnelle aux fluctuations de change avec franchise
Avec cette clause, l’exportateur et l’importateur acceptent que la hausse et la baisse du cours de la devise de facturation se répercutent sur le prix, mais uniquement au-delà d’une franchise librement déterminée par les co-contractants. Cette franchise peut être exprimée en pourcentage ou en variation absolue des cours.
2.2.3. La clause de risque partage
En présence d’une telle clause, l’exportateur et l’importateur s’engagent à supporter chacun une partie de la variation du taux de change susceptible de se produire entre la date de facturation (mais il est possible de retenir la date de l’offre ou celle de l’acceptation du contrat commercial) et la date de paiement (il peut y en avoir plusieurs, en cas de paiements échelonnes).
Généralement, le partage se fait par moitie, mais toute autre répartition est envisageable.
2.2.4. La clause d’option
Cette clause permet à l’exportateur ou à l’importateur d’utiliser, sous certaines conditions, une devise différente de la devise de facturation. Un contrat commercial a l’exportation effectue par une entreprise peut être, par exemple, libelle en dollar (le taux de change étant de USD 1 = 0,86 EUR au moment de la facturation) avec une option pour l’exportateur de demander un paiement en franc suisse au cas où le dollar deviendrait inferieur a 0,78 euro. Cette clause (ou des versions plus élaborées de cette clause) est parfois utilisée dans le domaine des émissions obligataires internationales.
Dans le même ordre d’idées, une clause multi-devises peut être retenue qui prévoit un prix libelle en plusieurs monnaies avec possibilité pour le créancier ou le débiteur de choisir à l’échéance la devise de facturation.
Les clauses monétaires reposent en règle générale sur une devise, mais il n’est pas impossible de retenir un panier de monnaies afin d’atténuer les fluctuations erratiques et de grande ampleur de certaines devises.
2.3. Le termaillage
Le termaillage est une méthode consistant à modifier, cas par cas, en les accélérant ou en les retardant, les délais de règlement des importations et des exportations.
L’exportateur ayant des créances en devises fortes – celles dont la valeur s’accroit par rapport a la monnaie nationale – tend à allonger la durée du crédit qu’il a initialement accorde a l’importateur et lui demande de repousser le paiement de sa dette. Il espère, ce faisant, vendre les devises qu’il recevra à un taux supérieur à celui prévalant à l’échéance initiale du crédit qu’il a accorde à l’importateur.
L’exportateur ayant des créances en devises faibles – celles dont la valeur a tendance de baisser par rapport a la monnaie nationale – cherche, au contraire, à réduire la durée du crédit qu’il a initialement consenti a l’importateur et lui demande d’accélérer le paiement de sa dette. Il espère, ce faisant, vendre les devises qu’il recevra à un taux supérieur à celui prévalant à l’échéance initiale du crédit qu’il a accorde à l’importateur.
L’importateur ayant des dettes en devises fortes cherche à accélérer le paiement de ses fournisseurs et à réduire la durée du crédit qui lui avait été initialement accorde. Il espère réduire ainsi le cout de sa dette en se procurant des devises a un prix inferieur a celui qu’il aurait du acquitter a l’échéance du crédit dont il a initialement bénéficie.
L’importateur ayant des dettes en devises faibles cherche à retarder le paiement de ses fournisseurs et à allonger la durée du crédit qui lui avait été initialement accorde. Il espère réduire ainsi le cout de sa dette en se procurant des devises a un cours inferieur a celui qu’il aurait du consentir a l’échéance du crédit initial dont il a bénéficie.
L’exportateur (l’importateur) recourant au termaillage ne peut pas se contenter d’allonger ou de raccourcir la durée du crédit qu’il accorde (dont il bénéficie).
Il doit comparer le gain de change anticipe au cout de financement qu’induisent les modifications des délais de règlement. Dans la mesure où elle repose sur une anticipation relative au niveau du taux de change au comptant futur, la technique du termaillage comporte indéniablement une dimension spéculative ; cela n’empêche pas pour autant qu’elle puisse être utile, en particulier, en l’absence d’instruments de couverture sur la devise considérée.
2.4. Le netting
Le principe du netting est de procéder a une compensation des positions de change réciproques que possèdent deux entités appartenant au même groupe multinational, de manière a les annuler et a faire apparaitre la position nette de l’une sur l’autre.
Le netting est une technique très utilisée par les groupes multinationaux pour gérer le risque auquel ils sont exposes.
3. La gestion du risque de change sur les créances et les dettes a court terme en devises de l’entreprise
Les exportateurs et les importateurs, les entreprises nationales impliquées dans le commerce international, les entreprises multinationales ont des avoirs ou des dettes à un risque de change dont ils peuvent se protéger par des opérations de couverture. Les exportateurs disposant de créances en monnaies étrangères et les entreprises ayant effectue des prêts en devises craignent une baisse du taux de change. Les importateurs endettes en devises et les entreprises ayant emprunte en monnaies étrangères craignent au contraire une hausse du taux de change.
La couverture contre les risques de change comporte un élément d’asymétrie, car les operateurs cherchent à se protéger contre les risques de perte, mais ils évitent de couvrir les possibilités de gain.
L’initiateur d’une opération de couverture ne cherche par à réaliser un profit, mais à annuler les conséquences des variations du taux de change. Dans certaines circonstances, les autorités monétaires instaurent un contrôle des changes et limitent les possibilités de couverture. Ces restrictions ne sont pas toujours opportunes et peuvent renchérir artificiellement le prix des importations et des exportations.
3.1. La Coface et la gestion du risque de change
Depuis 1992, La Coface offre aux entreprises exportatrices et importatrices une garantie de change basée sur leurs prévisions de courants d’affaires libelles en devises. Elle est dénommée Assurance Change import-export (CIME).
Cette assurance couvre les risques de change à l’exportation et a l’importation. Elle permet aux entreprises exportant régulièrement des produits ou des services de facturer leurs clients en devises sous devoir supporter le risque de variation de leurs cours par rapport a l’euro. De la même façon, elle permet aux entreprises qui importent régulièrement des produits ou des services payables en devises d’éviter tout risque de change. En couvrant 100% de la perte de change, la Coface assure aux entreprises la stabilité de leurs revenus (pour les exportateurs) et de leurs dépenses (pour les importateurs), quelle que soit l’évolution du cours de la monnaie de facturation. Cette assurance présente sept caractéristiques :
Le cours garanti est égal au taux de change à terme du jour ou débute la garantie La durée de la garantie est déterminée par le client et s’étend de trois mois à dix-huit mois. Elle peut débuter des le lendemain de la formulation de la demande. La garantie de la Coface porte sur un montant fixe par le client en fonction de ses prévisions de vente ou d’achat Chaque trimestre, les prévisions sont comparées aux montant réellement factures a l’exportation et a l’importation. Si les prévisions ne sont pas atteintes, seuls les achats et les ventes réalises sont garantis. En revanche, si les factures sont supérieures aux prévisions, la Coface ne garantit que les montants qui avaient été prévus. Lors de la souscription de cette police d’assurance, il peut être prévue une participation de l’assure aux bénéfices résultant de la hausse (pour l’exportateur) ou de la baisse (pour l’importateur) du cours de la devise. Le taux d’intéressement permet de conserver jusqu'à 70% du bénéfice de change à l’exportation et 50% à l’importation. La garantie ne joue dans ces conditions que lorsque la devise atteint un seuil préalablement fixe. L’avantage de ces barrières est de réduire le montant de la prime. Le dollar américain, le dollar canadien, le yen, le franc suisse et la livre sterling sont les principales devises bénéficiaires de cette garantie de change. Le cout de l’assurance varie en fonction de la devise du montant garanti, de la durée de la garantie et du taux d’intéressement aux bénéfices de change retenu par l’entreprise. |
3.2. L’avance en devise et la gestion du risque de change
L’avance en devises est une technique de financement du commerce international, mais elle offre également aux exportateurs une couverture contre le risque de change. Cette opération se déroule en trois phases :
L’exportateur emprunte auprès d’une banque ou, directement, sur le marche financier, le montant de devise correspondant a la créance qu’il possède sur son client étranger (en réalité, pour être parfaitement couvert, l’exportateur emprunte une somme légèrement inferieure car sur le marche international, les intérêts sont précomptes). Si la position de change avait pour origine une créance de 500.000 dollars, l’exportateur en procédant à un emprunt dans la devise de la créance se constitue un passif qui supprime, a l’échéance de la créance et de l’emprunt, toute position nette en dollar. Dans ces conditions, les hausses et les baisses du taux de change n’ont aucun impact sur les résultats financiers de l’exportateur. Les devises empruntées sont immédiatement vendues sur le marche des changes au comptant, ce qui permet à l’exportateur de reconstituer sa trésorerie en euro. Le remboursement de l’avance est assure par les devises versées par l’importateur a l’échéance de la créance. |
Pour que l’exportateur soit effectivement couvert contre le risque de change, la devise dans laquelle se fait l’avance doit être identique à celle de la créance. La durée de l’emprunt doit par ailleurs correspondre à l’échéance de la créance détenue sur l’importateur.
3.3. Les contrats à terme des devises (forward contrats) et la gestion du risque de change
Le besoin de couverture contre le risque de change explique le développement des transactions sur le marche à terme. Les opérations d’exportation et d’importation comportent en effet très souvent des délais dans le montant de monnaie nationale qui sera reçu ou paye a l’échéance des crédits accordes pour une certaine quantité de devise étrangère. Toute fluctuation du taux de change entre l’opération d’exportation ou d’importation et son règlement entraine des pertes ou des bénéfices sous rapport avec le profit commercial. Tout détenteur d’une créance ou d’une dette en devise risque de subir des pertes dont il peut se protéger par une opération de couverture.
3.3.1. La couverture de l’exportateur contre le risque de baisse des cours
L’exportateur qui contracte dans sa monnaie nationale connait parfaitement le montant qu’il recevra a l’échéance du crédit qu’il a accorde. Tel n’est plus le cas si le contrat est libelle dans la monnaie de l’importateur ou dans une devise tierce.
Pour remédier a cette incertitude, l’exportateur qui redoute une baisse du cours de la devise vend a terme a une banque le montant de sa créance et détermine, de cette manière, avec précision, la somme en monnaie nationale qu’il recevra a l’échéance du crédit accorde a l’importateur.
L’exportateur a donc transmis a la banque le risque de change auquel il était confronte et dont il souhaitait se débarrasser. Un problème demeure en suspens auquel une réponse sera apportée a la question suivante : comment procède le banquier pour gérer le risque de change auquel il est désormais confronte ?
3.3.2. La couverture de l’importateur contre le risque de hausse des cours
L’importateur qui contracte dans sa monnaie locale connait la somme qu’il devra verser a l’échéance du crédit qui lui a été accorde. Tel n’est plus le cas si le contrat commercial est libelle dans la monnaie de l’exportateur ou dans une devise tierce. Pour remédier à cette incertitude, l’importateur qui redoute une hausse du cours de la devise dans laquelle sa dette est libellée, achète a terme, auprès d’une banque les devises correspondant au montant de cette dette. Il détermine avec précision, de cette manière, la somme en monnaie nationale qu’il devra ultérieurement verser. En se couvrant, l’importateur transmet a la banque le risque de change auquel il est confronte. A l’instar du banquier de l’exportateur, il est nécessaire d’expliquer comment procède le banquier de l’importateur pour gérer le risque de change qui vient de lui être transmis.
3.3.3. La couverture de la banque
Pour se protéger contre le risque de change auquel il est confronte, le banquier dispose de deux procédures.
La première est tout à fait naturelle. Elle consiste a réaliser des compensations en rapprochant les ordres de vente des exportateurs qui se protègent contre le risque de baisse des cours des devises des ordres d’achat des importateurs qui se protègent contre le risque de hausse. Il est cependant impossible que la compensation soit parfaite et ceci conduit le banquier à couvrir un risque résiduel.
La deuxième procédure consiste à réaliser une opération de couverture sur le marche au comptant. Cette modalité est d’autant plus importante qu’elle permet au banquier de calculer le taux a terme qu’il propose a l’exportateur ou a l’importateur. De ce fait même si en raison des procédures de compensation il n’intervient pas sur le marche au comptant pour couvrir son risque de change, le banquier se comporte comme s’il le faisait afin de pouvoir calculer son taux a terme. Bien évidemment, il n’est pas nécessaire de se couvrir effectivement pour calculer le taux à terme, il suffit d’observer les taux sur les marches monétaires et d’utiliser la formule de la théorie de la parité couverte des taux d’intérêt.
Pour se couvrir sur le marche au comptant contre le risque de baisse que lui a transmis son client, le banquier de l’exportateur emprunte la devise dans laquelle est libellée la créance de l’exportateur. Il s’expose ainsi à un risque de hausse qui compense le risque de baisse de la devise de la créance. Il la vend sur le marche au comptant et obtient de la monnaie nationale qu’il place sur le marche monétaire local ou celui des eurodevises. A l’échéance de la transaction a terme, le banquier rembourse l’emprunt qu’il a réalisé, grace aux devises cédées par l’exportateur (ces dernières proviennent du paiement qu’effectue l’importateur) et lui verse la somme correspondant en monnaie nationale.
Ce qui est vrai du banquier de l’exportateur l’est également de celui de l’importateur. Pour se couvrir sur le marche au comptant, le banquier de l’importateur qui a pris a sa charge le risque de hausse de la devise (et par conséquent le risque de baisse de la monnaie nationale) emprunte la monnaie nationale (il s’expose ainsi a un risque de hausse venant compenser le risque de baisse qui lui a été transmis par son client). Il la vend sur le marche au comptant pour obtenir la devise dans laquelle est libellée la dette de l’importateur et place cette devise sur le marche monétaire (ou celui des euro-devises). A l’échéance de la transaction a terme, le banquier verse à l’importateur les devises dont celui-ci a besoin pour honorer ses dettes et reçoit leur contre-valeur en monnaie nationale, ce qui lui permet de rembourser l’emprunt qu’il avait contracte.
3.3.4. Couverture systématique et couverture sélective
Si l’exportateur (l’importateur) possède une créance (dette) en dollar et s’il anticipe une hausse (baisse) du cours de cette devise, il n’est pas sur qu’il se protège contre une évolution susceptible d’induire un gain.
Les exportateurs et les importateurs ne se couvrent pas systématiquement : ils pratiquent des couvertures sélectives.
Pour certaines entreprises, dans des situations particulières, une gestion dynamique du risque de change implique de ne pas se couvrir systématiquement. A priori, les exportateurs devraient se couvrir chaque fois qu’ils anticipent une dépréciation du cours de la monnaie dans laquelle sont libellées leurs créances. Symétriquement, les importateurs devraient se protéger chaque fois qu’ils anticipent une appréciation du cours de la devise de règlement de leurs dettes. Cette position de principe est simple, mais insuffisante, car elle ne prend en compte que le taux de change au comptant.
En fait, l’exportateur et l’importateur doivent considérer simultanément le taux au comptant et le taux a terme. La décision de se couvrir ou non doit être prise sur la base d’une comparaison du taux d’appréciation ou de dépréciation anticipe de la devise et du taux de report ou de déport qui prévaut au moment de la prise de décision.
3.3.4.1. Couverture sélective et report
Si l’exportateur anticipe une appréciation du cours de la devise de règlement de sa créance supérieure au report constate sur le marche a terme il n’a pas intérêt à se couvrir. En revanche, le même exportateur doit se couvrir si le taux d’appréciation anticipe est inferieur au report enregistre sur le marche à terme (tableau 2). Si, enfin, l’exportateur anticipe une baisse du cours de la devise de règlement, il doit nécessairement se couvrir, peu importe que le taux de dépréciation soit supérieur ou inferieur au taux de report.
Tableau 2. Report et décision de couverture de l’exportateur
Hypothèse d’une appréciation du cours de la devise |
Taux d’appréciation anticipe supérieur au taux de report |
Pas de couverture |
Taux d’appréciation anticipe inferieur au taux de report |
Couverture |
|
Hypothèse d’une dépréciation du cours de la devise |
Taux d’appréciation anticipe supérieur au taux de report |
Couverture |
Taux d’appréciation anticipe inferieur au taux de report |
Couverture |
Les décisions de l’importateur différent de celles de l’exportateur (tableau 3). S’il anticipe une appréciation de la devise de règlement de sa dette supérieure au taux de report, l’importateur doit se couvrir par un achat à terme. Si, en revanche, le taux d’appréciation anticipe est inferieur au taux de report, l’importateur ne doit pas se couvrir. S’il anticipe une baisse du cours de la devise de règlement, que le taux de dépréciation soit supérieur ou inferieur au taux de report, l’importateur ne doit pas se couvrir.
Tableau 3. Report et décision de couverture de l’importateur
Hypothèse d’une appréciation du cours de la devise |
Taux d’appréciation anticipe supérieur au taux de report |
Couverture |
Taux d’appréciation anticipe inferieur au taux de report |
Pas de couverture |
|
Hypothèse d’une dépréciation du cours de la devise |
Taux d’appréciation anticipe supérieur au taux de report |
Pas de couverture |
Taux d’appréciation anticipe inferieur au taux de report |
Pas de couverture |
3.3.4.2. Couverture sélective et déport
Si l’exportateur anticipe une baisse du cours de la devise de règlement supérieure au déport, il doit se couvrir en vendant à terme le montant de la créance. Si, par contre, la dépréciation anticipée est inferieure au déport, l’exportateur peut prendre le risque de change et ne peut pas se couvrir. S’il anticipe une hausse de la devise, que cette appréciation soit supérieure ou inferieure au montant du déport, il ne doit pas se couvrir (tableau 4). Cette situation se rencontre avec les devises connaissant une hausse des taux d’intérêt.
Tableau 4. Deport et décision de couverture de l’exportateur
Hypothèse d’une appréciation du cours de la devise |
Taux d’appréciation anticipe supérieur au taux de déport |
Pas de couverture |
Taux d’appréciation anticipe inferieur au taux de déport |
Pas de couverture |
|
Hypothèse d’une dépréciation du cours de la devise |
Taux d’appréciation anticipe supérieur au taux de déport |
Couverture |
Taux d’appréciation anticipe inferieur au taux de déport |
Pas de couverture |
Dans une situation de déport, les décisions de l’importateur sont inverses à celles de l’exportateur (tableau 5). S’il anticipe une hausse du cours de la devise de règlement, il doit se couvrir. Il en est de même lorsqu’il anticipe une dépréciation inferieure au taux de déport. La seule hypothèse qui conduit l’importateur à ne pas se couvrir est celle d’une anticipation d’une baisse du cours de la devise supérieure au montant du déport.
Tableau 5. Deport et décision de couverture de l’importateur
Hypothèse d’une appréciation du cours de la devise |
Taux d’appréciation anticipe supérieur au taux de déport |
Couverture |
Taux d’appréciation anticipe inferieur au taux de déport |
Couverture |
|
Hypothèse d’une dépréciation du cours de la devise |
Taux d’appréciation anticipe supérieur au taux de déport |
Pas de couverture |
Taux d’appréciation anticipe inferieur au taux de déport |
Couverture |
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