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Louis de Funès (1914-1983)

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Louis de Funès (1914-1983)



Louis de FUNES, d'origine espagnole, est né, le 31 juillet 1914, à  Courbevoie.

Cette biographie n'a pas l'ambition de s'arrêter à un énième catalogue des films où a tourné Louis de Funès, vous trouverez d'ailleurs une telle liste sur ce site. L'ambition est de peindre le tableau de la vie de Louis de Funès.



Nous n'aurons pas la prétention de rivaliser avec Jean-Jacques Jelot-Blanc qui a écrit une biographie magnifique de Louis de Funès, mais simplement vous donner envie d'en savoir plus sur ce monstre sacré du cinéma français et mondial. Louis de Funès de Galarza, né le 31 Juillet 1914 à Courbevoie, est issu d'une petite noblesse espagnole de Séville, ('Monseigneur est le plus grand des Grands d'Espagne - C'est pas une flatterie ça, c'est vrai !' - La Folie des Grandeurs), son père est un juriste averti qui a très vite compris que, pour gagner sa vie, il fallait savoir se remettre en cause, et devient diamantaire pour pouvoir subvenir aux besoins de toute sa famille. Louis quant à lui, devenu adulte, vole de petits boulots en petits boulots. Dessinateur industriel puis travaillant dans une maison de couture, il est polyvalent. A l'aube de la seconde guerre mondiale, il est réformé du service militaire.

Ses débuts comme pianiste l'amènent à travailler des soirées entières dans des boites d'un Paris occupé. Là il rencontre Eddy Barclay qui, comme lui, joue des nuits entières dans des bars pour gagner sa vie. Un soir, en pointant une arme sur lui, un officier allemand l'oblige à jouer Lilly Marlène, qu'il ne connait pas, et réussit à exécuter l'ordre, doué d'une oreille musicale sans pareil. Louis a envie de gagner sa vie en se produisant au théatre, au cinéma et c'est à cette époque qu'il s'inscrit au cours Simon. Un échec, sauf sur le plan amical : c'est là-bas qu'il rencontre Daniel Gélin.

En 1943, il se marie à Jeanne Barthelemy de Maupassant, qui sera son soutien dans les années difficiles, comme plus tard, son meilleur agent pour choisir parmi les nombreux scénarios, comme pour choisir sa meilleure partenaire à l'écran : Claude Gensac. Le 27 Janvier 1944, Patrick de Funès voit le jour. Il est aujourd'hui médecin à Saint-Germain en Laye.

Olivier nait le 11 Août 1947. Après des participations dans Fantômas se déchaine (Michel), Oscar au théatre du Palais Royal (Christian Martin), Le Grand Restaurant (le neveu), Les Grandes Vacances (Gérard), Hibernatus (Didier), L'homme orchestre (Philippe), Sur un arbre perché (l'autostoppeur), il est maintenant pilote de ligne à Air France Europe. Louis obtient son premier rôle grace à Daniel Gélin, dans le film La tentation de Barbizon.

Les débuts au cinéma sont difficiles. Il est confronté à deux attitudes : il se heurte tantôt à l'intransigence de certains réalisateurs qui trouvent qu'il en fait trop et commence dans le même temps à sortir de l'arrière plan de la caméra, grace à des réalisateurs, qui tombent sous le charme de son professionalisme et de son sens du détail poussé à l'extrême. Dans le film Le mouton à cinq pattes, De Funès invente un tic qu'il soumet à Henri Verneuil pour son personnage de croque-mort, petit second rôle face au grand Fernandel qui campe 6 rôles différents ! Verneuil accepte. Le jour du tournage, Fernandel répond du même tic à Louis de Funès, l'effet est enlevé, Verneuil intervient, trop tard, Fernandel le lui avait piqué ! Dans une interview à Télé 7 jours, en 1971, Louis dépeint avec justesse le début de sa carière : «Je ne regrette pas la lenteur dans laquelle ma carrière s'est développée. Elle m'a permis de connaitre à fond mon métier. Quand j'étais encore inconnu, j'essayais de colorer, par des détails, des mimiques, des gestes, les petits rôles qu'on me confiait. J'ai acquis ainsi un certain bagage comique sans lequel je ne pourrais pas faire la carrière que je mène. C'est pourquoi, si c'était à refaire, je recommencerais La critique a commencé à écrire quelques lignes sur lui, à partir de son rôle remarqué dans le film de Claude Autant-Lara, La traversée de Paris, où il joue un cynique boucher/charcutier qui s'adonne au marché noir. Cette première confrontation avec Bourvil et Gabin ne se passe pas si bien que cela. Louis agace Gabin qui trouve qu'il en fait trop, Bourvil, quant à lui, ne le juge pas. Entre les autres acteurs et Louis, cela ne s'est pas toujours bien passé. Fernandel l'ignorait presque, Jean Marais refuse même d'en parler à Brigitte Kernel dans son livre (Louis de Funès - Editions Jacques Grancher - 1987). Quant à Jean Lefebvre, il ne lui parla plus depuis la sortie du Gendarme se marie.

Par contre, c'est le grand amour avec Jacqueline Maillan qu'il titille un peu dans Ah, les belles bacchantes où Robert Dhéry les a réunis. Ils seront aussi partenaires dans Pouic-Pouic qui permet à Louis de monter définitivement en haut de l'affiche, il n'en descendra plus jamais pour aucun de ses films. C'est la même année en 1963 que Jean Girault le choisit pour incarner un gendarme (Le gendarme de Saint-Tropez), personnage que Richard Balducci a inventé. L'idée lui est venu en vacances à Saint-Tropez cet assistant réalisateur a été victime d'un vol de caméra, il va porter plainte à la gendarmerie. Le gendarme de garde lui montre par la fenêtre l'auteur de son vol, et lui dit qu'ils n'ont jamais réussi à l'attraper. Cette situation fait penser à Richard Balducci, à l'arrivée dans la brigade d'un gendarme qui remet de l'ordre dans la brigade et multiplie les situations comiques. Jean Girault et Louis de Funès tourneront ensemble cinq autres gendarmes, et Faites sauter la banque en 1964, Les grandes vacances en 1967 (Bosquier), Le petit baigneur en 1968 (Fourchaume), Jo en 1971 (Brisbard), L'avare en 1979 (Arpagon) et La soupe aux choux en 1981 (le Glaude). Jean Girault décédera au cours du tournage du film Le gendarme et les gendarmettes en 1982, le film sera terminé par son assistant Tony Aboyantz, aidé par l'infatigable Louis. C'est aussi une grande amitié qui unit Michel Galabru et Louis.

Ils ne jouent pas dans la même catégorie et se complètent admirablement dans la série des Gendarmes. Si des personnages comme Christian Marin ou Jean Lefebvre sont remplaçables dans la série, Michel Galabru ne l'est sûrement pas, tout comme Grosso et Modo d'ailleurs. Il tournera aussi des films avec des réalisateurs de renom, avec qui le tournage s'avère difficile.

C'est le cas avec Edouard Molinaro, qui jusqu'à la sortie même du film Hibernatus, hésita, tergiversa sur la version d'Hibernatus qui allait être présenté au public, preuve en est, la fiche de présentation du film, relate un scénario complètement différent de la mouture finale. Avec André Hunebelle, cela se passe relativement bien, mais du quasi second rôle du premier épisode de Fantômas, Louis devient réellement la vedette, au détriment de Jean Marais, ce qui fera dire à ce dernier à la sortie du meilleur épisode des Fantômas, Fantômas contre Scotland Yard, que l'on avait plus qu'à changer le titre et l'intituler, Juve contre Scotland Yard («Un policier français, vouloir arrêter des fantômes en Ecosse, on aura tout vu !»). Une longue amitié lie Gérard Oury, Michèle Morgan, Jeanne et Louis de Funès. Gérard Oury signera avec Louis les plus grands succès de sa carrière. Louis sur les tournages de Gérard Oury se sent à l'aise et peut donner libre court à ses inventions comiques. La première rencontre Bourvil / de Funès à l'écran avec Le Corniaud, nous la devons à Gérard Oury, qui rêve de faire tourner les deux monstres sacré du cinéma comique de ce début des années 60. Les mauvaises langues vous parleront des salaires différents des deux grands, et de la différence entre le temps passé à l'écran entre les deux acteurs, il ne faut pas s'arrêter là, et comprendre qu'il n'est pas aisé de faire collaborer deux acteurs si différents.

A ce propos, Gérard Oury est très attristé par la quasi grêve d'une semaine qu'inflige Louis à son réalisateur. Les scénaristes sont appelés en renfort de Paris et il concocte à Louis une scène supplémentaire, qui est de loin, la plus marquante du film, celle de la douche dans le camping, où il n'y a aucun mot de trop, simplement des mimiques des grimaces, c'est du grand Louis de Funès, il explose à l'écran. Louis de Funès adore Bourvil et il serait injustice que de prétendre que l'un et l'autre étaient en compétition. Louis de Funès avouait que Bourvil le faisait beaucoup rire dans La Grande Vadrouille, beaucoup plus que son propre personnage. Stanislas Lefort et Augustin Bouvet, sont tous les deux géniaux dans La Grande Vadrouille, ils crèvent l'écran. Ce film fut la plus grande réussite du cinéma français, inégalé jusqu'à présent. C'est un film sans vulgarité, sans histoires d'amour arrangées, sans hémoglobine, sans rires enregistrés ni jeunes premiers péteux et arrogants. C'est un chef d'oeuvre. C'est un film difficile néanmoins qui relate les aventures de nos deux héros que tout sépare mais que la volonté de sauver de la mort annoncée deux jeunes sous-officiers de la Royal Air Force, dont l'avion a été abattu non au dessus de Calais, mais en plein Paris. C'est du grand Funès, c'est du grand Bourvil, c'est du grand Oury.

Si je vous dis, Les sombres héros, outre le jeu de mot facile, vous pensez plus à un western spaghetti qu'à un film avec Louis de Funès. C'est pourtant le titre du film que devaient tourner ensemble, Louis de Funès et Bourvil en Espagne et qu'Oury changea en Folie des Grandeurs. La mort de Bourvil en ce mois de Septembre 1970, bouleverse tous les beaux projets de Gérard Oury. Louis de Funès est très attristé par le départ anticipé de son complice de plateau. Le choix d'Yves Montand pour remplacer l'irremplaçable convient à Louis de Funès. Mais il est difficile de faire accepter à l'homme de gauche, Yves Montand, d'aller tourner sur le territoire du didacteur Franco. Il s'y résout malgré tout. La confrontation de ces deux personnages est mémorable, et la prestation d'Alice Sapritch («Tiens voilà la vieille, ça va chauffer !») donne une leçon sur l'art d'un strip-tease réussi. En 1975, le souffle de la France est coupé lorsque l'on apprend que Louis de Funès, a été hospitalisé, surmené, usé par son perfectionnisme et sa rigueur. Il doit prendre du repos pendant plusieurs mois ce qui éteind le grand projet de tournage du prochain film d'Oury Le crocodile où Louis de Funès devait tourner un dictateur d'extrême droite sud-américain cocu, balayé du pourvoir par son rival, emprisonné, et qui, pour revenir au pouvoir, se retrouve à la tête de guerilleros d'extrême gauche.

Louis de Funès a bien mérité son repos, cette alerte cardiaque ne lui permettra plus de courir derrière un carosse en plein soleil, de tomber et de retomber dans une cuve de shewing-gum vert, de courir à travers Broadway, de faire et refaire de nouveaux gags chaque soir, dans Oscar au théatre. Ragaillardi, il profite néanmoins de la quiétude du Chateau de Clermont, où il s'occupe de ses arbres fruitiers, et surtout de ses fleurs, dont l'une, sa rose, merveilleuse rose qu'il a créée.

En 1977, il revient à l'affiche avec Claude Zidi, qui lui propose alors le premier rôle dans L'aile ou la cuisse, derrière Coluche qui le taquine durant le tournage, en lui demandant où était son ambulance. Sa carrière est désormais presque complète, il ne lui reste plus qu'à se diriger lui même, ce sera chose faite en 1981, avec la sortie de L'avare, où il dirigera l'ensemble du film, des costumes, des décors et de l'adaptation au texte initial de Molières. De l'ensemble de ses 138 films, vous êtes capables d'en citer quelques uns, ou alors vous êtes capables de citer quelques répliques. De toute manière, de Funès ne laisse pas insensible : ou on aime, ou on aime pas. Certains trouvent qu'il en fait trop, ou qu'il s'est enfermé dans un seul genre, le comique, à la différence des autres grands français, Fernandel, Bourvil, Gabin. A ceux-là, il faut répondre, que c'est faux, Louis de Funès rêvait de tourner la vie de Louis XI, et l'on retrouve dans certains films une pointe d'émotion, de tragédie, de drame.

C'est le cas lors de la communion du petit David dans Les aventures de Rabbi Jacob, ou encore dans le film Jo, où certaines scènes avec Claude Gensac, sont émouvantes, pathétiques même. De Funès est pour beaucoup toujours le meilleur acteur comique français et il mérite cette reconnaissance. C'était un professionnel, quelqu'un pour qui le film suivant ne pouvait qu'être meilleur que celui qu'il venait de terminer, il n'avait pour ambition que de toujours mieux faire et de ne jamais déplaire à son public, de l'enfant de maternelle de Courbevoie, à la vieille dame de Clermont.



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